Il est grand temps que l’Europe se libère des États-Unis

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Un message qui se répand désormais dans les coulisses du pouvoir

Dans le « Western soft » que nous projettent les médias, il y a les bons et les méchants : d’un côté, les héros de la démocratie droit-de-l’hommiste derrière la star Obama, parmi lesquels Angela Merkel vient de prendre une place de choix ; de l’autre, les champions de la force obscure, dont Vladimir Poutine est une figure emblématique, et Viktor Orbán un émule gênant, un mouton noir dans le troupeau bêlant de l’Union européenne. Entre le prix Nobel par anticipation et l’ancien officier du KGB, le choix semble s’imposer… Un peu trop, sans doute, pour ne pas éveiller le sens critique indispensable à la liberté de penser et à la vraie démocratie.


Washington a joué les Frankenstein en créant un monstre, ou plutôt en le réveillant. Le totalitarisme rouge a été remplacé par son vainqueur à Kaboul : le fondamentalisme islamiste. Mais l’Orient compliqué ne s’adapte pas aux histoires simples. Les interventions militaires n’ont pas résolu les problèmes ou les ont aggravés. Les talibans s’activent toujours chez les Afghans. L’Irak a explosé.


Il est difficile de gagner des guerres lorsque l’ennemi n’est pas clairement désigné et qu’on a, pour amis, ses amis. Alors Obama est arrivé pour reprendre la bonne vieille cible russe, en essayant de dissoudre l’islamisme dans une version plus modérée. Sans succomber à un complotisme échevelé, la succession des printemps, les uns arabes, les autres ukrainiens, ont présenté bien des similitudes avec leurs places parsemées de fleurs : que la bonhomie américaine ait été souvent le décor d’un machiavélisme achevé n’est pas nouveau et demeure logique dans une politique d’intérêt national. Tandis que les États-Unis se refaisaient une santé à coups de dollars et de gaz de schiste, leurs actions systématiquement provocatrices à l’égard de la Russie, en Syrie ou en Ukraine, allaient-elles dans l’intérêt de l’Europe ?


Le chaos syrien est à l’origine des mouvements migratoires encouragés par les Américains et leur allié turc. Le but est d’abattre le dernier pouvoir proche de Moscou au Moyen-Orient, non de renverser un dictateur, dont toutes les expériences récentes montrent qu’il laisserait la place au chaos, comme en Libye, ou à un retour à l’ordre musclé sous un régime militaire ou islamiste.


La Russie est un pays dont l’histoire est singulière. Elle n’a jamais connu de démocratie à l’occidentale. Sa culture dominante d’une fabuleuse richesse appartient cependant à la civilisation occidentale, européenne et chrétienne. Son dirigeant actuel poursuit avec succès un double objectif. Il veut d’abord rendre à son pays sa place dans le monde, sa sphère d’influence légitime auprès des pays qui, pendant des siècles, ont appartenu à l’Empire russe. Il veut ensuite dépasser les contradictions de l’histoire nationale en affirmant une identité fière d’elle-même, de Pierre le Grand comme de Stalingrad.


Ces ambitions ne menacent en rien l’Europe dont la Russie est le voisin géographique et le partenaire économique naturel, dont l’appauvrissement ne présente que des inconvénients. Une Ukraine fédérale peut être un pont entre l’Union européenne et la Russie, à condition qu’elle n’intègre ni l’Europe ni a fortiori l’OTAN. Vladimir Poutine va proposer un plan pour la Syrie. Là encore, la stabilisation de ce pays est dans l’intérêt des Européens. Il n’est pas sûr qu’il y ait une pareille convergence avec la Turquie et avec les États-Unis. Il est temps, si l’Europe veut exister, qu’elle se libère du pays qui, il y a longtemps maintenant, l’a libérée.



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