Le Québec vu d'ailleurs

«Il fait bon être juif à Montréal aujourd'hui»

Indépendance et minorités

Le débat actuel semble l'oublier, mais les membres des minorités culturelles présentes au Québec sont heureux d'y vivre. La communauté juive à Montréal est historique et n'entend pas disparaître même si sur «la main» sa présence s'estompe.
«La rue principale de Montréal, le boulevard Saint-Laurent, a toujours eu à mes yeux un petit quelque chose de juif», note avec entrain Julie Masis pour The Miami Herald. «Je me suis demandée pendant des années par quel hasard un marchand de glaces pouvait être voisin de pierres tombales, empilées dans la cour de l'entreprise qui les fabrique, portant des inscriptions en hébreu. Et pourquoi y a-t-il autant de livres dans la section Judaica dans la librairie Welch, qui a pignon sur rue un peu plus bas?», écrit-elle à propos des commerces qui bordent Saint-Laurent.
La journaliste a vite fait de revenir de sa surprise. Car indéniablement «le boulevard Saint-Laurent ne serait pas le même sans les smoke meat de chez Schwartz's, l'inscription "Hebrew Delicatessen" qui horne sa façade et la queue de gens devant ce restaurant.»
La communauté juive a laissé plusieurs traces encore visibles de son implantation sur les bords de «La Main» à Montréal, souligne la journaliste. Aujourd'hui cependant «bien que Montréal figure toujours parmi les 20 villes comptant la plus grande communauté juive au monde, celle-ci quitte de plus en plus le centre ville pour emménager en banlieue à Westmount, Côte-Saint-Luc et Outremont. Les commerces disparaissent eux aussi.»
Julie Masis regrette notamment la fermeture du Warsaw Supermarket et de l'épicerie Marché de fruit Simchas surnommée «Chez les vieux». La mémoire et les signes de la présence juive sur Saint-Laurent sont cependant soigneusement préservés, selon elle.
Cet attachement explique peut-être pourquoi les «Juifs de Montréal ne s'en vont nulle part», comme l'écrit Yoni Goldstein dans les pages du quotidien israélien Ha'Artez. La communauté juive de Montréal s'y trouve bien et n'a pas de raison de vouloir quitter la ville pour Israël, dit-il. Il s'en prend ainsi à une récente décision de Nativ, un bureau de liaison datant de la guerre froide pour encourager les juifs vivants dans le bloc de l’est à immigrer en Israël.
Aujourd'hui, Nativ lance une nouvelle campagne en Amérique du Nord, explique Yoni Goldstein, avec pour première cible les descendants des juifs russes vivant à Montréal. Mais plutôt que de prendre part à la polémique qui a cours actuellement en Israël sur le rôle joué par cette organisation, il se porte à la défense de Montréal. Les juifs qui ont voulu faire leur Aliya sont déjà partis, les autres ont choisi de rester à Montréal parce qu'ils n'ont aujourd'hui aucune raison de vouloir quitter leur ville. «Bien sûr, comme n'importe où hors d'Israël, la vie des Juifs n'est pas dépourvue de défis à Montréal. Un antisémitisme sans grande portée a déjà existé dans le passé ici et les Québécois se montrent doucement hostiles à quiconque ne parlant pas français et ne voulant pas l'apprendre. Mais la plus grande menace pour les Juifs de Montréal, le mouvement séparatiste des années 70 à 90, a perdu les faveurs des Québécois. Il fait bon être juif à Montréal aujourd'hui», affirme Yoni Goldstein.
«Israël n'est, après tout, pas le seul endroit où puisse vivre les juifs. Montréal est l'un de ceux-là», répète-t-il contre le projet de Nativ.
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