Il faut revoir le cours Éthique et culture religieuse

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Le cours ECR : une machine à endoctriner la jeunesse québécoise au multiculturalisme canadien

Lettre au ministre de l’Éducation Jean-François Roberge


À la suite de votre intervention du 12 décembre à l’émission Les francs-tireurs, où vous avez déclaré vouloir maintenir le cours Éthique et culture religieuse (ECR) dans le programme scolaire, nous réitérons l’importance de revoir ce cours, particulièrement son volet « culture religieuse ».


Nous saluons l’engagement pris par la CAQ de déposer un projet de loi sur la laïcité dès la rentrée parlementaire. Quel soulagement qu’un gouvernement soit enfin à l’écoute des Québécois dans leur aspiration, plus que légitime, de parachever le modèle de laïcité hérité de la Révolution tranquille ! Nous saluons tout particulièrement la volonté d’appliquer la loi sur la laïcité à l’école. En effet, quoi de plus prioritaire qu’une école laïque qui garantisse la liberté de conscience de nos enfants ? Or, dans ce contexte, il est impensable de ne pas revoir le cours ECR, qui, tel qu’il est enseigné présentement, constitue une atteinte à la liberté de conscience des enfants et de leurs parents.


En effet, son volet « culture religieuse » stigmatise les enfants en fonction d’une pratique religieuse, discrimine les enfants non pratiquants, propage des stéréotypes et véhicule des dogmes religieux. Il va à l’encontre des droits des femmes à l’égalité, comme le montre clairement l’avis du Conseil du statut de la femme (CSF) « L’égalité entre les sexes en milieu scolaire », déposé à l’Assemblée nationale en novembre 2016. La recherche menée démontre que ce cours véhicule le sexisme des religions, les femmes étant présentées dans des rôles et statuts traditionnels. Comment, à l’heure du #MeToo, ignorer cet avis dévastateur du CSF ?


Et comment ignorer, au-delà des objectifs vertueux du programme, le constat alarmant qui ressort de l’analyse des manuels scolaires et du matériel pédagogique pour ce cours ? Des chrétiens en soutanes et grosses croix, des musulmanes portant le voile, des Autochtones avec des plumes sur la tête, voilà le genre d’images stéréotypées qui circulent pour ce cours. « Quelle est ta religion ? Demande la religion de tes amis. » Par ces questions inquisitoires, à la limite inconstitutionnelles, les enfants sont appelés à dévoiler leur religion et la façon dont ils la pratiquent (régime alimentaire, prières, circoncision), ce qui constitue une intrusion dans l’intimité des familles. Comment ignorer, en particulier, l’inquiétude formulée par des parents musulmans, à travers de nombreux témoignages, selon qui ce cours exerce une pression sur leurs enfants en leur présentant une version fondamentaliste de l’islam, et le voilement des femmes musulmanes comme une norme ?


Vous ne pouvez ignorer le mécontentement de nombreuses familles québécoises qui constatent que ce cours porte atteinte à leur liberté de conscience et qui réclament l’abolition du volet « culture religieuse », notamment pour les jeunes (primaire et début de secondaire) n’ayant pas encore développé leur sens critique. Nous vous rappelons qu’une pétition à cet effet, ayant récolté plus de 5000 signatures, a été déposée à l’Assemblée nationale en novembre 2016.


Une décision de la Cour suprême rendue en mars 2015 a permis à l’école secondaire Loyola, dirigée par les pères jésuites à Montréal, de ne pas donner le cours ECR tel qu’il a été conçu par le ministère de l’Éducation. Pourquoi les citoyens du Québec, qui n’envoient pas leurs enfants dans cette école catholique, n’auraient-ils pas ce droit ?


Nous félicitons l’ouverture que vous avez exprimée à revoir le cours afin d’y apporter des modifications. Dans ce contexte, il est important de considérer le travail effectué depuis 2008 par de nombreux groupes, dont le Mouvement laïque québécois (MLQ), l’Association des humanistes du Québec (AHQ), le groupe Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) et l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL), qui ont produit mémoires, livres, rapports et conférences pouvant vous guider dans votre réflexion.


> La suite sur Le Devoir.



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