À la suite de l'article de [Christian Rioux dans Le Devoir du 23 octobre->2491], où il laisse entendre qu'il y aurait une «alliance informelle entre l'ultra-gauche et l'islamisme», je tiens à faire état de l'extrait suivant de mon discours d'investiture comme candidate de Québec solidaire dans la circonscription de Gouin, dimanche dernier.
Idées dangereuses
Dans beaucoup de régions du monde, les idées xénophobes et racistes, de même que la montée d'une droite morale, religieuse et politique, font peur. Des politiciens, des religieux, des intellectuels, s'appuyant sur la précarité des conditions de vie de millions d'êtres humains et sur un désenchantement généralisé, font la promotion d'idées dangereuses et porteuses de violence. Des exemples?
- Résurgence des néonazis en Allemagne et en Autriche.
- Progression de l'extrême droite en Suède.
- Montée d'un parti islamophobe au Royaume-Uni.
- Assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, qui dénonçait les massacres en Tchétchénie commandités par l'autocrate Vladimir Poutine.
- Montée de courants islamistes fanatiques, de fondamentalistes chrétiens ou hindouistes, de multiples sectes aux agissements totalement antidémocratiques et réactionnaires.
Les signaux de danger se multiplient. La pauvreté, l'humiliation et le désespoir conduisent à de graves dérives. Nous pouvons affirmer que ceux qui concentrent entre leurs mains la plus large part des richesses collectives et des pouvoirs politiques sont largement responsables de la montée en force du populisme de droite, de l'autoritarisme et de l'intolérance.
Pourquoi devons-nous nous en inquiéter? - Parce que ces idées sont porteuse d'une violence aveugle qui emporte avec elle des milliers, voire des millions d'êtres humains.
- Parce que les femmes sont toujours les premières victimes des fanatismes politiques ou religieux. Parce qu'on les enferme, les enchaîne, les bâillonne et les mutile au nom de supposés commandements prescrits par des hommes en mal de pouvoir sur elles.
- Parce que, dans cette déferlante souvent xénophobe, les personnes minoritaires deviennent encore plus vulnérables et sujettes à des discriminations intolérables.
- Parce que la réponse des dirigeants politiques les plus puissants de la planète est surtout de nature militaire et que cela ne résout rien.
Mais nous devons nous inquiéter aussi parce que nous ne sommes pas à l'abri des idées de droite et des atteintes à la démocratie. Des signes avant-coureurs devraient nous inciter à la vigilance: la militarisation accrue du Canada; les compressions dans les programmes gouvernementaux qui soutiennent l'expression démocratique des femmes, des environnementalistes et des pauvres; les lois répressives en matière de criminalité et de sécurité; le harcèlement de certaines minorités; les incidents racistes; la montée du vote conservateur au Québec lors des dernières élections fédérales; l'expression d'idées populistes et extrêmement individualistes dans l'espace public; les poursuites abusives d'entreprises contre des environnementalistes.
Notre rôle comme parti féministe, démocrate, écologiste et de gauche doit être de dénoncer toute atteinte aux droits fondamentaux, aux libertés, à la dignité humaine, à l'expression citoyenne. Que cela se passe au Québec ou ailleurs. Que cela soit le fait de pays occidentaux ou d'autres pays. Il n'y a pas de dictature juste. Il n'y a pas de fondamentalisme porteur de liberté et d'égalité. C'est une évidence, et pourtant, il faut le répéter.
Ici, sur le territoire québécois, la Commission des droits de la personne nous convie à une réflexion sur les accommodements raisonnables. Comment arrimer notre idéal du «vivre ensemble», sur un même territoire, avec une langue commune, une culture riche des apports de tous, et cela, dans le respect des différences? Comment nous assurer que toutes les femmes québécoises, quelle que soit leur communauté d'appartenance, bénéficient des mêmes droits au quotidien? Comment, dans un Québec aux institutions de plus en plus laïques, se sentir bien avec l'expression de la diversité religieuse dans l'espace public?
Ce sont des questions difficiles, et Québec solidaire y répondra, fort de la diversité, de l'audace et de la rigueur de ses membres.
Françoise David : Porte-parole de Québec solidaire
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