Je suis allé voir le film « Bergers » [1], réalisé par Sophie Deraspe. Je me suis profondément ennuyé. J’ai failli sortir de la salle à quelques reprises. Le début du film est particulièrement lourd et interminable. Les échanges manquent de naturel ; d’autres encore, comme ceux entre Mathyas et Ahmed, montrent un Québécois hautain, à l’élocution déficiente. En fait, il s’agit très souvent de monologues plutôt que d’échanges.
Et il y a des scènes ridicules, telle celle d’un agneau tué accidentellement. Que fait le berger en herbe ? Il creuse un trou et y dépose cérémonieusement la pauvre petite bête, comme s’il s’agissait d’un chien ou d’un chat dont il avait pris soin pendant 15 ans. Et il prend la peine d’envelopper le cadavre dans un tissu. Pour un peu, les deux amants faisaient un signe de croix. Ayant grandi sur une ferme laitière, cette sensiblerie m’a fait pouffer de rire.
Sur le plan affectif, quand la fonctionnaire se présente sans préavis à la bergerie, il n’y aucun rapprochement physique entre les deux tourtereaux. Pourtant, le désarroi de Mathyas aurait dû le jeter dans les bras d’Élise, mais non ! D’ailleurs, toutes les scènes de sexe (si on peut les qualifier ainsi) sont tout, sauf bandantes. Ni l’homme ni la femme n’ose prendre les commandes. C’est du wokisme pur jus. On nous cache les parties intimes, par pudeur. Mme Deraspe a-t-elle fait ses études dans un couvent ?
L’acteur principal, le Québécois Félix-Antoine Duval, est un beau jeune homme, alors que l’auteur du récit autobiographique duquel est tiré le film, Mathyas Lefebure, n'est pas exactement un clone de Brad Pitt. Deraspe aurait fait preuve de courage en prenant un acteur moins belle gueule, petit de taille et non musclé. Est-ce que la fonctionnaire française qui vient rejoindre le québécois a vraiment existé ? Si oui, je parie qu’elle n’est pas aussi jolie que l’actrice du film.
Je m’attendais à être instruit sur le métier de berger. Eh bien non ! C’est beaucoup trop parcellaire. En outre, ce film n'a pas de souffle. Le temps ne s'écoule pas. Pas une fois nous goûtons le mode de vie du berger en lien avec la nature. Et les fameux paysages de montagne, qui ont plu à certains critiques? Ils sont aussi beaux que ceux vus sur des photos iStock, tellement les raccords entre les scènes sont mauvais (qu’est allé faire Stéphane Lafleur dans cette galère?).
Que ce film ait obtenu cette année le prix de meilleur film canadien au TIFF [2] ne laisse pas de surprendre (cela indique seulement que la compétition était peu relevée). Que Mediafilm lui ait accordé la cote 3 (excellent) [3] m’a atterré. Il est vrai que les cinéastes québécois ont un net avantage sur ceux d’ailleurs, sauf pour le regretté Robert-Claude Bérubé, l’ancien de Médiafilm (avec un accent à l’époque), qui a écrit près de 10 000 fiches [4] et qui se faisait un point d’honneur de ne privilégier aucune cinématographie, surtout pas la québécoise.
Pour finir, je serais étonné que ce film obtienne du succès au Québec.
Sylvio Le Blanc
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