Apprentissage politique pour le mouvement syndical

Insurrection citoyenne et mouvement ouvrier

Le temps ou jamais d'une affirmation vigoureuse

Tribune libre

Si vous fréquentez le site du parti communiste du Québec (PCQ), vous me connaissez comme porte-parole. Je cumule cette responsabilité avec celle d’organisateur politique dans la région de Québec Chaudière-Appalaches. J’aimerais cette fois-ci vous expliquer comment évolue mon apprentissage en mettant au premier plan ceux qui, pour les communistes, représentent la force capable de venir à bout du capitalisme et de se positionner consciemment en faveur d’un régime socialiste alternatif : la classe ouvrière.
Imaginez, à la suite de Marx et de beaucoup d’autres, les ouvriers unis avec la même ampleur que le mouvement populaire actuel se déploie maintenant au Québec. Une grève générale paralyserait la machine et obligerait Charest à rapidement penser à céder ou à démissionner. On ne peut plus songer à une société post-capitaliste, que nous appelons toujours socialiste, sans une conscience ouvrière en sa faveur. On ne peut imaginer que le pouvoir change de main radicalement sans l’intervention consciente des ouvriers unis.
L’acharnement de l’extrême droite contre les communistes annonce la panique des classes dominantes devant un mouvement ouvrier conscient revendiquant une autre forme de pouvoir, un art de gouverner qui bouleverserait les rapports avec ce pouvoir.
J’en suis rendu dans mon travail de réflexion autour de la question ouvrière à répondre à des militants de premier ordre qui m’affirment que les ouvriers des temps modernes sont réactionnaires parce que, à ce prélude à un renouvellement de la façon d’exercer le pouvoir au Québec, les ouvriers ne sont peu ou pas impliqués comme mouvement autonome. À quand la grève générale ? À quand un blocage stratégique de la machine capitaliste ? Qui orientera le mouvement en faveur d’une insurrection citoyenne de masse, pacifiquement si possible, incluant les ouvriers comme les principaux acteurs politiques de la prise en charge de son destin par un Québec ouvrier assoiffé d’émancipation ?
Je vous fais part des mes réflexions à la veille du congrès qui nous permettra de proposer et de mettre en débat la partie de notre programme concernant l’évolution d’une forme de droit dépassant les limites du droit actuel au service de la bourgeoisie. En fait, nous nous sommes donnés ce défi d’élaborer les principaux codes dont les ouvriers et nous, communistes, aurions besoin pour gagner une large adhésion dans la population à un régime socialiste québécois bien à nous. Finalement, il nous faudrait une bien plus large contribution de juristes, d’avocats, de juges, … pour remplacer les lois au services de la réaction politique, mais nous sommes pour l’instant condamnés à tracer les principales lignes du projet parce que quelqu’un doit bien commencer quelque part.
Un des obstacles à surmonter, et non le moindre, ce sont tous ces préjugés entretenus par une société marchande ou capitaliste sur la condition ouvrière. Une grande partie de la population, même chez les intellectuels, rejettent sur les ouvriers combatifs, parce qu’ils réclament du travail avec des conditions qui correspondent aux capacités de moderniser toute l’économie, la responsabilité qui revient à la société capitaliste des crises, des turbulences, des guerres, de la mise sous tutelle des États par la haute finance, et de multiple autres problèmes qui exigeraient pour leurs solutions une régime que seuls les ouvriers conscients peuvent exiger et atteindre.
Voilà donc, exposé pour vous, un de ces obstacles à surmonter pour convaincre que, si la société capitaliste perdure, elle le réussit grâce aux « violations quotidiennes et institutionnalisés des droits des ouvriers et des autres salariés ». Comme le droit au travail ou à l’éducation gratuite. Et le mépris est cet instrument par où commence une domination insidieuse qui se perpétue grâce aux outils publicitaires de la bourgeoisie. Elle connaît cependant, par communistes interposés, une réplique aussi durable qu’il sera nécessaire pour insuffler une conscience ouvrière capable, non seulement de reverser le pouvoir traditionnel, mais aussi d’assurer au régime socialiste alternatif une adhésion durable des autres classes non-bourgeoises. Parce que les communistes sont au mouvement ouvrier ce que les féministes sont au mouvement des femmes. Ces relations dialectiques entre le spontané et l’apprentissage patient des deux pôles politiques ont déjà bien servi la société autant chez les ouvriers que chez les femmes.
Le mépris de l’ouvrier et son rôle pour endiguer le rôle de cet acteur politique révolutionnaire
Il est difficile d’avoir une discussion rationnelle sur le sort des Chantiers Davies, par exemple. Surtout autour de ses ouvriers. Tout de suite surgissent les préjugés entretenus par une certaine opinion comme quoi ces ouvriers sont des paresseux, des voleurs, des gens qui abusent de leurs droits, … Il faudrait, selon ces préjugés, qu’ils renoncent à leur syndicat, leur convention collective, leur histoire même, appartenant au patrimoine immatériel de tout le Québec, pour faire concurrence, au bénéfice de la Cie, aux salaires de misère dans le Tiers-Monde.
Alors que la plupart des maires du Québec se préoccupent du maintien ou du développement d’emplois bien rémunérés dans leur ville, la Mairesse de Lévis reste pour le moins discrète sur cet épineux problème de l’accès à un travail bien payé, sécuritaire, pour lequel les changements technologiques demandent une formation permanente, …
Le mépris de l’ouvrier impose une forme de censure dans les discours qui prend pour acquis que le point de vue de celui-ci soit trompeur, opportuniste, calculateur et empreint de mauvaise foi. Il entraîne cette opinion malveillante du Maire Labeaume, de l’autre côté du fleuve, que les producteurs de Rio Tinto, ces authentiques créateurs de richesse, pourraient «faire honte à sa ville» s’ils se font acteurs politiques pour défendre leur droit à un travail rémunérateur.
Le mépris de l’ouvrier, c’est celui de tout salarié qui veut tirer le meilleur parti de sa condition de travailleur manuel afin de nourrir adéquatement sa famille selon les recommandations des normes diététiques, de donner accès à ses enfants à la meilleure éducation possible, et enfin, de contribuer à une société en progrès constant dans tous ses aspects : la culture, la vie politique et démocratique, les loisirs, … la prospérité et tous les fruits que le travail apporte dans ce sens.
Le mépris de l’ouvrier, somme toute, c’est la réaction politique ignoble qui entrave toutes les initiatives réelles et de grande ampleur dont une société moderne doit se pourvoir pour sortir des crises et des malaises qu’engendre le peu de respect pour le Travail … contre le Capital.


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