Les dirigeants de la coalition contre l’État islamique se réunissaient mercredi à Washington alors que presque en même temps un terroriste islamiste attaquait Londres.

Le problème de la coalition contre l’État islamique est qu’elle compte parmi ses membres plusieurs gouvernements qui sont eux-mêmes islamistes. Nous sommes alliés à des islamistes pour vaincre l’islamisme. Comment gagner cette guerre avec de tels alliés? Dans ces conditions, une victoire réelle est impossible. Avoir de pareilles alliances est épouvantable. Mais silence, il ne faut pas le dire.

Qu’est-ce que l’islamisme ?

L’islamisme est une idéologie politique et religieuse qui cherche à conquérir le monde pour y imposer une foi musulmane radicale. Certains, comme les wahhabites de l’Arabie saoudite, pensent que cette conquête peut se faire par des moyens plutôt pacifiques, à force de propagande. D’autres, comme les dirigeants de l’État islamique, estiment que cette conquête ne peut survenir que par la guerre. Les islamistes ne tolèrent aucune forme de critique contre leurs croyances religieuses. Ils ne tolèrent pas non plus que la science et les arts remettent en cause leurs dogmes. Aussi, les premiers gestes qu’ils posent lorsqu’ils arrivent au pouvoir sont souvent de brûler les bibliothèques, de détruire les musées, de persécuter les artistes et de tuer les libres-penseurs. À cet égard, il n’y a pas de différence entre les dirigeants religieux talibans, iraniens, saoudiens ou les fous furieux de l’État islamique.

Pourquoi les islamistes s’attaquent-ils aux démocraties ?

Les islamistes combattent tous les régimes politiques qui ne sont pas dirigés par des leaders religieux. La démocratie a ceci de particulier que les citoyens des démocraties ne sont soumis qu’aux dirigeants qu’ils élisent. Cette liberté est insoutenable pour les islamistes. Ils croient que les humains doivent se soumettre à Allah. Ils estiment que les leaders religieux islamistes sont les interprètes des volontés divines. Les autres doivent donc se taire et obéir.

Les démocraties sont-elles responsables de ce qui arrive au Proche et au Moyen-Orient ?

Les guerres des États-Unis en Irak et en Libye étaient des erreurs graves. Le soutien de Donald Trump aux colons fondamentalistes religieux israéliens est aussi une erreur. La nécessité de contrôler les sources de gaz et de pétrole a conduit bien des pays occidentaux à des alliances immondes. Mais les pays proches et moyens orientaux portent aussi une large part de responsabilité en raison des luttes religieuses, tribales et politiques qui s’y déroulent.

Pourquoi s’allier à des pays islamistes ?

Il n’existe plus aucune bonne raison de le faire. Mais les États-Unis, la France, l’Angleterre, la Chine, la Russie et bien d’autres pays, reçoivent de plantureux contrats de l’Arabie saoudite, de l’Iran, du Qatar, etc. Et ils ont besoin du gaz et du pétrole de ces pays. Alors, plutôt que combattre ces pays, ils préfèrent gagner du temps, s’allier avec eux contre des ennemis communs, comme l’État islamique.

Comment régler le problème ?

D’abord, il faut utiliser le bon vocabulaire. L’Arabie saoudite est un pays ennemi, comme l’Iran. Il faut aussi ouvrir les yeux sur la nature réelle des idées islamistes, qui sont camouflées en religion. Ensuite, les États-Unis devraient inclure dans la coalition la Chine et la Russie et en exclure des pays comme l’Arabie saoudite et la Turquie. Faute de détruire les sources du fléau, le cancer de l’islamisme continuera à se répandre. Une simple victoire contre l’État islamique ne mettra pas fin à l’islamisme. Ses métastases se multiplieront ailleurs.