« Je ne pouvais pas faire une allégation criminelle »

Thomas Mulcair s’explique au sujet d’une rencontre au cours de laquelle Gilles Vaillancourt lui aurait offert de l’argent

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Mulcair s'enferre

Ottawa — Si Thomas Mulcair n’a pas informé la police de sa réunion « inconfortable » avec l’ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt - au cours de laquelle ce dernier lui aurait tendu une enveloppe en proposant de l’« aider » -, c’est parce que le chef du NPD n’a pas vu de preuve irréfutable lui permettant de dénoncer quoi que ce soit aux autorités. Lorsque la police l’a contacté, il a collaboré, a-t-il expliqué. Mais le gouvernement l’accuse d’avoir « caché » pendant 17 ans une tentative de corruption.
« Je suis rentré dans une réunion. Il n’a pas été question de cash. Je ne pouvais pas faire une allégation criminelle », a martelé Thomas Mulcair à sa sortie des Communes, mardi, s’expliquant pour la première fois depuis qu’il a été révélé que le chef du Nouveau Parti démocratique a affirmé à l’escouade Marteau avoir été victime d’une tentative de corruption de la part de Gilles Vaillancourt alors qu’il était candidat libéral au provincial, en 1994.
Faute de preuve, il était « impossible » de déposer une accusation criminelle, a martelé M. Mulcair. Il a parlé en 2011, car la police l’a contacté.
Or, M. Mulcair n’affirme pas pour autant n’avoir parlé à personne des faits allégués. « Vous assumez que je n’ai pas fait part de mes préoccupations à d’autres personnes, et ce serait une présomption erronée. » Il a cependant refusé de préciser avec qui il a abordé la question, référant les journalistes à sa déclaration sous serment, qui ne fait mention que de l’ancien député libéral Vincent Auclair.
Dans son affidavit, le chef du NPD explique avoir discuté en 2006 avec M. Auclair : « Il m’a raconté quelque chose qui était très similaire pour lui à ce que j’avais vécu, à une importante différence près : je ne peux pas affirmer, parce que cela serait faux, que Gilles Vaillancourt m’ait jamais offert d’argent. En fait, il ne m’a jamais parlé de l’argent, il ne m’a jamais proposé ou montré de l’argent », détaille Thomas Mulcair dans le document remis aux policiers, et dont La Presse et le Globe and Mail ont obtenu copie.
Dans sa déclaration sous serment, M. Mulcair relate que, lors d’une rencontre dans une pièce isolée, M. Vaillancourt aurait offert de « l’aider » tout en lui montrant une enveloppe. M. Mulcair aurait répliqué qu’il n’avait pas besoin de son aide, mais M. Vaillancourt aurait insisté : « “ Non, mais je veux t’aider ” d’un air de dire “ t’as pas compris ”. » M. Mulcair se serait senti mal, aurait reculé et mis un terme à l’entretien. Cette rencontre aurait eu lieu en 1994. La déclaration sous serment date de 2011.

Une obligation
« S’il se sentait mal à l’aise, il avait visiblement une impression quant à ce qui se trouvait dans l’enveloppe. Il n’a pas besoin d’être la police. Seulement, il a un devoir et une obligation, lorsqu’il est au courant, lorsqu’il a des soupçons de corruption », a dénoncé le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan, dont les troupes ont tapé sans exception sur M. Mulcair lors des déclarations de députés qui ont précédé la période des questions.
Le chef libéral Justin Trudeau s’est joint au bal de critiques, affirmant que lui, personnellement, aurait rapporté ses soupçons à la police « dans les heures ou les jours qui suivent ».
Le leader bloquiste s’est lui aussi dit insatisfait des explications de M. Mulcair, rappelant que ce même M. Mulcair avait critiqué l’ex-député bloquiste lavallois - et ex-ministre péquiste - Serge Ménard, qui avait révélé en 2010 s’être fait offrir de l’argent par M. Vaillancourt. M. Mulcair, qui avait du même coup nié avoir reçu une telle offre de la part de l’ex-maire, s’était alors dit préoccupé que M. Ménard ait attendu des années avant de parler.
« Ce gars-là ne peut pas faire la leçon en 2010 […] alors qu’il a lui aussi été mis devant les mêmes faits », a accusé le chef Daniel Paillé, en réclamant au passage que M. Mulcair détaille son histoire à son tour, comme l’avait fait M. Ménard, devant le comité parlementaire sur l’éthique.


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