J'ai ma claque!

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Comme l'écrivait de Gourmont: «Le peuple, c'est tous ceux qui ne comprennent pas»...


Dans les banlieues où du tramway on ne verra que la facture, les citoyens taxables écoutent les uns et les autres faire abstraction des sommes, considérables et toujours imprécises, qu’on ne manquera pas de dépenser dans cette mirobolante aventure.  


Ah, bien sûr, tous autant qu’ils sont, nos traditionnels champions appuient ce projet dont le prix restera approximatif jusqu’au dernier rail posé. En privé, ils applaudissent Catherine Dorion, peu importe qu’elle soit d’une vulgarité gênante, même pour Patrice Roy...     


Ils salivent comme des banquiers devant les intérêts à venir sur les emprunts. Ils jouissent précocement, comme Bombardier, les champions du boni et de la controverse. Ils prient le Seigneur et le Conseil du trésor, et Allah, s'il le faut.     


Ils songent aux beaux jours comme les chambreurs de commerce, les consultants localement compétents et l’inénarrable faune du génie-conseil québécois, connu à travers le monde pour ses pots-de-vin, ses trains et ses retards...     



J'ai ma claque!

Photo d’archives, Stevens Leblanc




Tout ce beau monde ne nourrit aucune inquiétude devant la détestable culture des extras et des dépassements imprévisibles; les fonds publics, on le sait, ça ne finit jamais par manquer...      


On dit donc 3,3 milliards, pour animer la conversation au Petit coin breton. C'est 3 000 millions auxquels il faudra ajouter 300 millions, et on dit ça sans y croire vraiment.      


Pour ceux qui ont les deux mains dedans, le fric est sans importance. Il leur appartient puisqu'il appartient à tout le monde et à personne. Pour un poste de police, un haut fonctionnaire ou un abribus, la même comédie dramatique, en reprise dans un conseil de ville près de chez vous...     


Dans toute cette histoire, les véritables inquiets sont le citoyen lambda et le petit commerçant fiscalisé jusqu'à la faillite, c'est-à-dire la grande masse de ceux qui paient, année après année, des taxes inutilement élevées.     


Ceux-là, on ne veut pas leur demander ce qu'ils pensent... Parce qu'ils ne se disent pas J’ai ma place. Ils ont plutôt envie de crier : J’ai ma claque...  


Mais dans un monde où les congés de maladie sont accordés à gogo avec la bénédiction d’élus édulcorés, il ne faut s’étonner de rien, ni du prochain scandale.      


Lino Zambito le dit et le redit : rien n’a changé. Corruption et collusion refleurissent comme les fleurs en haute-ville. Pendant que l’Unité Pathétique des Anciens Constables achève de nous dégoûter.     


Et puis ce tramway, rappelez-vous, personne n’en voulait: trop cher, disait-on.      


D’ailleurs, on ne parle plus des coûts de fonctionnement, de la facture annuelle, voire éternelle... On essaie plutôt, et de plus en plus ardemment, de faire croire à un appui populaire. C'est populiste comme manoeuvre mais leurrer le peuple n'entraîne guère de reproches...       


Comme l'écrivait de Gourmont: «Le peuple, c'est tous ceux qui ne comprennent pas»...  


Quant aux problèmes d’embouteillage chronique à l’entrée et à la sortie des ponts, un tramway règlerait ça? Foutaise. Une foutaise, et tout le monde, ingénieurs, fonctionnaires et politiciens, toute la clique habituelle des dérapeurs professionnels, ils savent tous très bien qu’un tramway ne changera rien. Ou presque rien. Ceux qui prennent déjà le bus prendront un véhicule plus confortable. Les autres, rien n'est moins sûr...     


Imaginez une réédition de l'hiver 2018-2019 avec au milieu de ce bordel, un Phare de 65 étages, droit vers le ciel comme un doigt d’honneur des rois du dézonage...      


Ce foutu tramway ne serait qu’un avantage de plus pour la vieille ville, là où tout commence et où tout finit. Ça aussi, c’est connu.     



J'ai ma claque!

Photo d’archives, Jean-François Desgagnés




Mais quand on a déjà un aéroport moins achalandé que le Grand Canyon et un amphithéâtre qui attend les extraterrestres, il ne reste plus qu’à provoquer une nouvelle pluie d’honoraires pour satisfaire les égo, refaire des profits et regarnir les REÉR...     


Idéalement, et en toute logique, ce devrait être ni tramway, ni pont. Rien.      


Rien sinon une véritable exigence de compétence, voire l'imposition de pénalités salariales pour contre-performance, du haut en bas de la hiérarchie décisionnelle.     


Rien sinon une reprise des travaux faits jadis par la fabuleuse industrie des contrats publics : entrepreneurs, ingénieurs, fonctionnaires, syndicats et tutti quanti, tous requis pour la correction de leurs propres œuvres...     


Que l’on refasse intelligemment, les accès aux ponts, et on verra bien si la circulation n’est pas plus fluide. Ça en boucherait un coin aux éditorialistes de la Grosse Poire.     


Le principal handicap de cette solution, on le devine, c’est qu’elle coûterait moins cher...     


Voilà pourquoi, chez les professionnels patentés et les petits politiciens aux grands airs conditionnés, personne n’en parle.