Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné samedi dans un entretien qui n’a été diffusé que dimanche sur les ondes de la radio allemande Deutschlandfunk, ses craintes sur l’avenir de l’Union européenne, notamment depuis le Brexit. Ce doute est sans aucun doute très fort, puisqu’il a annoncé par la même occasion qu’il ne briguerait pas un deuxième mandat à la tête de la Commission en 2019.
Evoquant son arrivée à la tête de la Commission européenne en 2014, Jean-Claude Juncker affirme en effet que « ce fut une belle campagne électorale », mais il n’y en aura « pas de seconde, car je ne me porterai pas candidat une seconde fois ».
Autrement dit, après avoir longtemps présidé l’Eurogroupe, et avoir remporté la campagne pour la présidence de la Commission, l’ancien premier ministre luxembourgeois entend jeter l’éponge, alors même que son actuel mandat de cinq ans est renouvelable une fois.
Les doutes de Jean-Claude Juncker
La raison en est sans doute le sombre portrait qu’il dresse de l’avenir de l’Union européenne. S’interrogeant sur son unité, sa cohésion et sa cohérence, il exprime, alors même qu’il affirme en voir l’urgence, « quelques doutes justifiés que cela arrive vraiment ».
En effet, « Les Hongrois et les Polonais veulent-ils exactement la même chose que les Allemands ou les Français ? J’ai de grands doutes ».
Mais son inquiétude va plus loin. Jean-Claude Juncker estime en effet que la Grande-Bretagne n’aura guère de difficultés pour diviser l’Union européenne : « Les 27 autres pays de l’Union européenne ne le savent pas encore, mais les Britanniques savent parfaitement comme ils doivent s’y prendre, affirme Jean-Claude Juncker. Il peuvent promettre une chose à un pays A, une autre chose à un pays B et encore une autre à un pays C dans le but qu’il n’y ait pas de front uni européen. »
Mais le président de la Commission européenne admet également un échec personnel puisqu’il avait pour ambition, au début de son mandat, de faire remonter la confiance des opinions publiques dans le projet européen. « Et à présent, conclut-il sur ce point, me voilà occupé, plusieurs heures par jour, à planifier la sortie d’un Etat membre. Ce n’est pas un travail d’avenir… »
Le sombre avenir de l’Union européenne
Dans le même temps, il continue d’essayer de freiner des quatre fers, en affirmant : « Nous ne devrions pas autoriser les Britanniques à faire comme s’ils pouvaient déjà conclure seuls des traités commerciaux avec d’autres parties car ils n’en ont pas le droit », et cela, « tant que la Grande-Bretagne est membre de l’Union européenne », la politique commerciale étant « du ressort de l’Union européenne ».
On le voit très nettement. Alors que la crise de la conscience européenne vient à l’évidence d’une confiscation de la politique par Bruxelles, alors que les peuples des Etats-membres réclament chaque jour davantage de subsidiarité, les caciques européens, tels les singes de la sagesse, continuent de se voiler la face, poursuivant le chemin désastreux sur lequel ils se sont engagés. Et nous avec eux…
En définitive, si Jean-Claude Juncker ne veut pas se représenter à sa propre succession, c’est sans doute parce qu’il sait que sa Commission, qui devait être celle de la dernière chance, a raté son but !
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