Oubliez les pools de hockey qui vous demanderaient d'attendre jusqu'au printemps pour savoir si vous avez vu juste. L'heure est aux pools politiques qui, par les temps qui courent, ont tout pour satisfaire les plus impatients. Il y a d'abord la date des prochaines élections fédérales dont l'imminence est de plus en plus évidente. Avec les sondages qui lui passent sous le nez ces jours-ci, Stephen Harper ne résistera pas longtemps à la tentation de provoquer sa propre chute afin de se donner le gouvernement majoritaire dont il rêve depuis des années.
Mais si vous êtes encore plus impatient, parions dès maintenant sur l'identité du lieutenant québécois de Michael Ignattief. Seule une petite poignées des vingt collègues de Denis Coderre au sein du caucus des députés libéraux du Québec (http://www.liberal.ca/fr/team/mp/province/QC), tous confinés à la région de Montréal, ne sont pas d'illustres inconnus. Retenons quatre candidats potentiels.
Stéphane Dion est à exclure d'emblée par n'importe qui au PLC ayant lu un ou deux sondages au cours des treize dernières années. L'homme a beau avoir prouvé lors du scandale des commandites à quel point il pouvait être un bon soldat. Mais si d'aventure, le poste lui était offert, il lui reste sûrement assez de fierté pour ne pas accepter d'agir en tant que sous-fifre de son rival de chef. Et s'il lui venait la folle idée de tenter de se refaire en acceptant, le caucus tout entier en ferait sûrement une jaunisse.
Ancien ministre de la Justice, Irwin Cotler est aussi ennuyant qu'une élection dans sa circonscription de Mont-Royal, ou un parfait quidam libéral est immanquablement élu avec au moins 90% des voix. Cela en fait un être totalement déconnecté du Québec français. Et de toute façon, quel chef de parti confierait une organisation électorale à quelqu'un qui n'en a jamais eu besoin?
Connu et respecté, l'ex-astronaute Marc Garneau est natif de Québec, il a donc déjà vu un "French Canadian" ailleurs qu'à la télévision, contrairement aux membres de la garde rapprochée de Michael Ignatieff. Ayant déjà subi la défaite dans sa circonscription, il connaît l'importance de ne pas prendre ses rêves pour la réalité. Il a même été parmi les premiers à appuyer la reconnaissance du Québec en tant que nation. Mais c'est là à la fois sa force et sa faiblesse. Le clan Desmarais-Chrétien-Rae laissera-t-il la voie libre à pareil impie en matière d'orthodoxie trudeauiste?
Reste Justin Trudeau. Inexpérimenté, gaffeur, imbu et détesté par plusieurs dans le Québec francophone, il est aussi viscéralement allergique que l'était son père à toute notion, même ténue et symbolique, de statut particulier pour le Québec. Cette intransigeance, son bilinguisme-biculturalisme intégral et son nom de famille suffisent à en faire la coqueluche du Canada anglais. Le petit Trudeau a même virulemment dénigré son chef actuel avant que ce dernier ne prenne la tête du PLC. Mais si Coderre a eu raison de dénoncer la main-mise de l'establishment de Toronto sur l'aile québécoise de son parti, alors le "Liberal Party of Canada" est assez "out of touch" pour se faire plaisir en jetant son dévolu sur Justin. Un peu comme le gars qui offre une scie sauteuse à sa femme pour Noël. Ce serait là une hérésie typiquement "Rest of Canada".
À moins qu'Ignatieff fasse appel à un non-élu, la nomination du prochain lieutenant québécois du PLC risque donc de finir de convaincre Harper d'aller en élection. Je mise sur le 23 novembre, date anniversaire de la victoire des Patriotes à Saint-Denis sur-Richelieu.
Christian Gagnon
Montréal
Les paris sont ouverts
Justin comme lieutenant d'Ignatieff au Québec?
"Why not?", doit se dire l'establishment torontois
Tribune libre
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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005
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1 commentaire
Jean-François-le-Québécois Répondre
6 octobre 2009J'ai toujours trouvé qu'Ignatieff était déconnecté de la réalité québécoise. Et parfois, dans certains textes qu'il a écrit, carrément méprisant à notre égard!
Je ne veux même pas m'étendre sur sa petite histoire voulant qu'il ait des racines, au Québec, parce que sa riche famille possédait un manoir ou sinon une résidence très luxueuse, en Estrie, où le tout jeune Michael Ignatieff a passé certains étés... Appellons ça, simplement, des «racines» plutôt mal ancrées...
Cependant, si le même Ignatieff, désigne le seul, l'unique, Justin (!) comme son lieutenant au Québec, alors là, ça prouvera qu'il ne comprend rien au Québec!
Justin Trudeau, pour ma part, je le considère comme une caricature de son père, en moins cultivé. Un vrai bouffon qui s'ignore!