L’accord de libre-échange nord-américain en passe d’être ratifié aux États-Unis

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L'ACEUM est désavantageuse pour l'industrie laitière et l'aluminium québécois


La Chambre des représentants américaine, à majorité démocrate, a donné son aval jeudi au nouvel accord de libre-échange liant États-Unis, Mexique et Canada (AEUMC), offrant une victoire au président républicain Donald Trump au lendemain du vote historique sur sa destitution.


L’accord, qui a reçu un large soutien des deux bords politiques (385 voix favorables, 41 voix contre), doit encore être approuvé par le Sénat, dominé par les républicains, pour entrer en vigueur.


Aucune date n’a pour l’instant été arrêtée pour le vote final. 


Le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell avait simplement prévenu la semaine dernière que ce vote devrait « très probablement » attendre la fin du procès en destitution de Donald Trump, qui doit s’ouvrir début janvier et dont la durée est pour l’heure indéterminée. 


Le feu vert de la Chambre « avec un tel soutien des deux partis est une étape importante et montre à quel point le président Trump modifie avec succès la politique commerciale américaine », a estimé le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, qui a négocié les termes de l’accord.


« Presque tous les aspects de notre vie (la nourriture sur notre table, les vêtements sur le dos, le carburant dans nos voitures) dépendent du libre-échange avec le Mexique et le Canada », avait souligné plus tôt lors du débat public le républicain centriste Will Hurd, qui représente une circonscription tentaculaire à la frontière entre le Texas et le Mexique.


Délocalisations


Le président de la Chambre de commerce américaine Thomas Donohue et le président de l’American Automotive Policy Council, Matt Blunt, ont exhorté à passer au vote au Sénat sans délai.


Cet accord commercial va « renforcer l’industrie automobile américaine et la chaîne d’approvisionnement du secteur », a également réagi M. Blunt, dont le secteur avait été fragilisé par l’accord précédent.


L’AEUMC est une version modernisée du traité de libre-échange nord-américain (ALÉNA), longtemps décrié par l’hôte de la Maison-Blanche.


Signé par l’ex-président américain Bill Clinton et entré en vigueur en 1994, l’ALÉNA a largement contribué à la croissance économique et à la hausse du niveau de vie de la population des trois pays membres.


Mais il a aussi entraîné de nombreuses délocalisations, notamment dans le secteur automobile, au bénéfice du Mexique, où la main d’oeuvre est moins chère.


Donald Trump, qui avait qualifié l’ALÉNA de « pire accord commercial de l’histoire » des États-Unis en raison des destructions d’emplois qu’il a entraînées, avait imposé sa renégociation en août 2017.


À l’issue d’un marathon de tractations, l’AEUMC avait été signé, dans sa version initiale, par les trois pays fin novembre 2018. 


Mais c’était sans compter sur la remise en cause du texte par les démocrates américains qui ont exigé la renégociation de certains chapitres, notamment celui portant sur la réforme du travail au Mexique.


Le texte amendé a finalement été signé le 10 décembre à Mexico et ratifié par le Sénat mexicain en fin de semaine dernière.


Un bon accord pour les trois pays


Le Canada a lui promis de ratifier l’accord une fois que ce dernier aura été adopté par les États-Unis.


Le commerce avec le Canada et le Mexique soutient 12 millions d’emplois américains et 49 États américains comptent le Mexique ou le Canada parmi leurs trois principaux marchés d’exportation de marchandises, selon les données de la Chambre de commerce américaine. 


Le Canada et le Mexique représentent 40% de la croissance de l’ensemble des exportations de marchandises américaines. Et le commerce avec les deux pays a atteint près de 1400 milliards de dollars en 2018.


À l’annonce de la signature la semaine dernière, les démocrates avaient estimé que l’AEUMC allait « dynamiser l’économie des États-Unis, soutenir les travailleurs américains, protéger l’environnement et améliorer l’accès à des médicaments à prix abordables ».


À l’unisson avec les républicains, ils assurent aussi que ce traité va servir de modèle aux futurs accords commerciaux.


Un organisme américain indépendant avait lui estimé en avril que l’impact serait « positif », mais « modeste ». Dans son rapport, la Commission américaine du commerce international (USITC) faisait ainsi état d’un gain pour le PIB de 68,2 milliards de dollars, soit 0,35%, et une hausse d’emplois de 176.000 (+0,12%).


« L’AEUMC devrait créer entre 176 000 et 589 000 nouveaux emplois américains et accroître considérablement la croissance économique », a estimé jeudi Robert Lighthizer.


Au Mexique, le président Andres Manuel Lopez Obrador a salué « la très bonne nouvelle » sur Twitter, estimant que l’accord allait être profitable aux populations des trois pays.


Le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard s’est réjoui de son côté de la fin d’une période d’incertitude. « Nous allons de l’avant. Bonne nouvelle », a-t-il tweeté.





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