L'autre rejet

Québec 2007 - Résultats et conséquences


La déception qu'ont vécue, hier soir, les partisans des deux " petites" formations, Québec solidaire et le Parti vert du Québec, s'inscrit parfaitement dans le rejet des cadres anciens et convenus qu'a exprimé, hier, l'électorat.
À eux deux, ces partis ont récolté 7,5% des voix exprimées. C'est cinq fois plus qu'en 2003, alors que les candidats verts et ceux de l'Union des forces progressistes, ancêtre de QS, avaient ensemble plafonné à 1,5% des suffrages. Mais ces partis, restructurés, mieux organisés et bien couverts par les grands médias, alignaient cette fois deux fois plus de candidats, doublant ainsi au départ et de façon automatique les résultats espérés.
Dans leur circonscription respective, Gouin et Mercier, les deux chefs de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir, ont obtenu des résultats honnêtes, terminant deuxièmes et récoltant chacun plus ou moins 30% des suffrages. Dans Bourget, le chef des verts, Scott McKay, a cependant été battu à plate couture, arrivant derrière les représentants des trois grands partis.
Pour les uns et les autres, ce n'est pas un résultat satisfaisant. Ni suffisant pour occuper de façon significative le paysage politique. En somme, si les élections d'hier ont bel et bien sonné la fin du bipartisme, les solidaires et les verts n'auront été que quantités négligeables dans ce grand dérangement.
Le cas du Parti vert est particulier en ce qu'il est l'expression d'une seule cause. Laquelle, contrairement à ce que laisse croire le formidable tapage médiatique qui en fait l'inlassable promotion, n'a pas encore gagné de profondeur au sein de l'électorat.
L'échec relatif de Québec solidaire, qui arrive derrière le Parti vert avec 3,6% des voix, est plus lourd de signification. Surtout dans l'ahurissant contexte dans lequel, hier, il s'est produit. Parti souverainiste et assez considérablement excentré vers la gauche (dans le sens traditionnel de : élitiste, dogmatique, étatiste et mécaniquement égalitariste), QS aura été considéré comme un vieux parti enlisé dans de vieilles idées. Un parti qui proposait plus et mieux, certes, mais religieusement dans la même direction qui a été globalement empruntée par le Québec depuis le début de la Révolution tranquille, il y a presque un demi-siècle.
À bien des points de vue, c'est dommage.
Mais il faut voir l'avenir. Il est maintenant patent, irréfutable, incontournable, que la gauche québécoise, l'une des seules au monde à ne pas avoir renouvelé son discours, devra s'atteler de toute urgence à cette tâche.
mroy@lapresse.ca


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