Dure semaine pour le maire Gérald Tremblay.
Lundi, le rapport dévastateur du vérificateur sur les compteurs d'eau a atterri comme une bombe dans la campagne électorale. Mardi, le maire a été obligé d'annuler le contrat et de congédier ses deux fonctionnaires les plus importants. Grosse tempête.
Et là, le sondage, truffé de mauvaises nouvelles pour Gérald Tremblay.
Un sondage éclair effectué au lendemain du dépôt du rapport du vérificateur. Un sondage qui a pris le pouls, à chaud, des Montréalais.
Résultat: beaucoup de grogne. Les Montréalais blâment sévèrement le maire pour le gâchis des compteurs d'eau.
Le sondage fait mal non seulement à Gérald Tremblay, mais aussi à sa principale rivale, Louise Harel. Le grand gagnant: Richard Bergeron, chef de Projet Montréal.
Mais commençons par Gérald Tremblay.
Première mauvaise nouvelle: les Montréalais s'intéressent davantage à la saga des compteurs d'eau qu'aux Canadiens ou la guerre en Afghanistan. Ça jase compteurs d'eau dans les chaumières. Carey Price moins populaire qu'un compteur d'eau, faut le faire!
Autre tuile: un Montréalais sur deux ne croit pas le maire quand il jure qu'il ne savait rien. Et 44% ne pensent pas que le congédiement des deux fonctionnaires va régler quoi que ce soit.
Qui est responsable du scandale? Soixante-trois pour cent des gens ont répondu le maire et Frank Zampino, ex-président du comité exécutif et amateur de croisière sur les yachts de luxe. Et les firmes d'ingénieurs? Seulement 8% croient qu'elles sont à blâmer pour le gâchis des compteurs d'eau. Les deux fonctionnaires congédiés? À peine 5% les rendent responsables.
Bref, la responsabilité est politique. Que Gérald Tremblay assume, lui disent les Montréalais, et qu'il cesse de s'en laver les mains en criant sur tous les toits: je ne le savais pas, je le jure!
Pas idiots, les Montréalais.
Et ça continue. Le degré de confiance envers le maire en a pris un coup. La moitié des répondants disent que leur confiance a diminué. Et 58% sont insatisfaits de l'administration Tremblay, une dégringolade de sept points en deux semaines. Énorme.
Cette grogne se reflète dans les intentions de vote. L'appui à Gérald Tremblay a glissé de trois points en deux semaines. Il est passé de 38% à 35%. L'effet compteurs d'eau.
Louise Harel, elle, a fait du surplace: elle est passée de 41 à ... 40%. Une controverse monstre frappe l'administration Tremblay et elle stagne dans les intentions de vote. Dur pour l'ego.
Quant à Richard Bergeron, il a fait un bond de six points. Il est passé de 14% à 20%. Une performance attribuable peut-être à son image de néophyte qui ne traîne pas un passé politique. Il a aussi réussi à attirer le juge Gomery, M. Net en personne, dans son parti. En cette ère de corruption, c'est une prise qui vaut son pesant d'or.
Louise Harel a plafonné. Elle a été en politique pendant 25 ans. Une femme qui a roulé sa bosse. Trop peut-être. Les Montréalais semblent hésitants devant les pros de la politique.
Et son incapacité à s'exprimer en anglais ne passe pas. Les trois quarts des Montréalais affirment que le prochain maire doit parler anglais. Les appuis des anglophones pour Mme Harel ont fondu de moitié en deux semaines, passant de 12% à 6%.
Dernier point: Gérald Tremblay se trompe lorsqu'il affirme que les médias s'acharnent sur lui. Un Montréalais sur deux croit que la «couverture médiatique entourant la controverse des compteurs d'eau» est juste et 25% précisent qu'elle n'est pas assez sévère à l'égard du maire.
Les scandales existent, les médias n'ont rien inventé. Le maire doit cesser de tirer sur le messager. Après tout, c'est son gâchis.
* * *
Un mot sur Robert Cassius de Linval et Claude Léger, les deux fonctionnaires congédiés dans la foulée du scandale des compteurs d'eau.
Ils sont partis avec une indemnité de départ équivalant à un an de salaire, une somme qui totalise 426 000$.
Le maire a soigneusement choisi ses mots lorsqu'il a annoncé aux journalistes que Léger et Cassius de Linval partaient. Il a refusé de prononcer le mot congédiement, il a préféré parler de consentement mutuel. La différence: 426 000$.
Si le maire les avait congédiés, il n'aurait pas été obligé de leur verser une indemnité. Mais fidèle à son manque de courage, il a préféré louvoyer. Pour les mettre à la porte, la Ville devait prouver que Cassius de Linval avait commis une «faute grave». Quant à Léger, elle devait invoquer des «motifs sérieux».
Résumons: le vérificateur dépose un rapport tellement accablant que le contrat doit être annulé et le dossier remis entre les mains de la police. Le maire qualifie l'affaire d'indéfendable. Et qui doit partir? Léger et Cassius de Linval, les responsables.
Et il n'y a pas de faute grave ni de motifs sérieux? Pourtant, cette histoire ébranle sérieusement l'hôtel de ville.
Le maire a préféré s'écraser. Les Montréalais vont donc ramasser la facture. Mais pendant qu'ils vont payer en argent, le maire, lui, va payer en votes.
Pour joindre notre chroniqueuse: Michele.ouimet@lapresse.ca
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