L’homme à la canne souriante

Tribune libre

L’homme à la canne souriante nous a quittés pour un monde prétendument meilleur.
Bien sûr, en bon indépendantiste que je suis, je n’étais pas aussi souriant que sa canne lorsqu’il a raflé 59 sièges sur 75 au Québec ne laissant que quatre sièges pour le Bloc, le parti pour lequel j’ai investi tant d’années de militantisme.
Mais bon, cela n’a aucune importance aujourd’hui.
Demain étant un autre jour, je reprendrai le combat quand le deuil du deux mai dernier se sera apaisé.
En attendant, j’ai un autre deuil à faire...
Bien sûr, le bon Jack m’a souventes fois touché par son humanisme et ses élans de sincérité qui éclataient dans une aura de ferme douceur, une aura de positivité perceptible par chacun qui l’écoutait quelque peu.
Je m’efforçais à ne pas m’accrocher à son sourire.
Je m’efforçais à ne pas céder à ses yeux rieurs, à ses avances racoleuses et, selon sa conception fédéraliste, à ce qu’il pourrait arriver de mieux pour l’avenir du Québec.
Bien sûr, sa mort brutale (et annoncée) qui arrive au faîte de sa vie politique en fait un héros instantané.
On a qu’à voir la réaction du bon peuple, celui d’une très grande majorité qui lui rend un hommage posthume - largement mérité.
Mais, cet homme pour qui je n’ai jamais voté (malgré des affinités évidentes sur le plan de la sociodémocratie) a démontré et continue de démontrer après sa mort une grande sensibilité et un amour sincère pour l’être humain en général.
Avant de mourir à cette vie-ci, il a pris le temps de nous écrire quelques mots. Je vous en propose un extrait tiré d’un texte du chroniqueur Patrick Lagacé.
« Avant de mourir, Jack Layton a écrit une lettre aux Canadiens. Optimisme, justice sociale, amour du pays : c’est le testament politique d’un homme qui a cru toute sa vie qu’il faut se battre pour une société plus juste ».
Bon !
Assez placoté...

Je laisse la parole à Jack, Jack, Jack… pour une dernière fois : Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes.
Et nous changerons le monde.

Je n’oublierai pas l'homme à la canne souriante, car il était sourire et tout ce qu’il touchait le devenait.
Serge Longval, Longueuil.
P.-S. : Bon dodo Jack !


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3 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    24 août 2011

    Depuis le décès de Jack Layton, nombreux ont été les commentaires concernant le dernière phrase de la lettre qu’il a rédigée deux jours avant sa mort, et cela est fort à propos, compte tenu que cette conclusion véhicule le message d’espoir de M. Layton.
    Toutefois, rares ont été ceux qui ont abordé l’espoir inconditionnel de Jack Layton envers la jeunesse, lequel fait aussi partie de son message d’adieu. Permettez-moi de vous citer cet extrait fort révélateur de la confiance de Jack Layton envers les jeunes :
    « Aux jeunes Canadiens…Alors que ma carrière politique s’achève, j’aimerais vous transmettre toute ma conviction que vous avez le pouvoir de changer ce pays et le monde….Votre énergie, votre vision et votre passion pour la justice sont exactement ce dont ce pays a aujourd’hui besoin. Vous devez être au cœur de notre économie, de notre vie politique, et de nos plans pour le présent et pour l’avenir. »
    À mon sens, les jeunes doivent saisir toute la profondeur de ce cri d’espoir que leur lance Jack Layton. De la même façon, les adultes doivent y voir toute la confiance que l’auteur de ces mots place dans une jeunesse trop souvent qualifiée dans des termes péjoratifs!
    En acceptant son invitation à « être au cœur » de l’activité de la société « pour le présent et pour l’avenir », les jeunes contribueront à relever le merveilleux défi de parvenir par-delà l’héritage de Jack Layton!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 août 2011

    J'ai appris le décès de Jack Layton, avant-hier, le lundi 22 août, vers midi.
    Suite aux louanges posthumes adressées à monsieur Layton par RDI, LCN, ainsi que les médias canadiens anglais depuis un peu plus de 24 heures, j'éprouve aujourd'hui des sentiments partagés, face à l'homme et son oeuvre...
    C'est que l'on peut avoir, je pense, un certain respect ou une certaine compassion pour un adversaire... sans pour autant perdre de vue le fait que c'est, ou que c'était un adversaire! En ce cas-ci, un adversaire de la nation québécoise (qui en bonne partie, en était bêtement inconsciente).
    Smiling Jack, comme disaient certains, n'a jamais rien offert de nouveau aux Québecois, pour eux. Il se faisait le défenseur d'une certaine «sociale-démocratie» à la canadienne, soit; nous avons depuis longtemps notre propre vision de la chose, de ce que nous considérerions une société juste. La vision purement canadienne et la nôtre, ne concordent pas.
    Pour Jack, nous étions de bons canadiens parlant français, voilà tout! C'était notre particularité, le français, comme le kirpan pour les hommes Sikhs... Il suffisait d'avoir avec nous une approche légèrement différente, en période électorale. Pour le reste, «business as usual».
    Ce bon monsieur Layton était parfaitement en accord avec la vision multiculturaliste d'un PET Trudeau, d'où ses derniers souhaits de Bonne nouvelle année 2011, en toutes les langues des communautés ethniques immigrantes (ou à peu près), sur Youtube. Et en français, aussi...
    Mentionnons au passage, certaines scènes tournées en vidéo, où Smiling Jack était affublé de petits couvre-chefs exotiques, pour mieux racoller le vote ethnique... Sans vouloir manquer de respect à l'homme aujourd'hui, je dois dire que j'avais trouvé la chose un tantinet ridicule. Mais même les fédéralistes québécois, pour beaucoup, ne sont pas multiculturalistes, à la manière canadienne anglaise! Jack, malgré ses apparences de sympathie envers nous, était tout aussi déconnecté de notre réalité, qu'un Justin Trudeau peut l'être (même si ce n'est pas pour les mêmes raisons).
    Jack était très profondément canadien, et même s'il parlait relativement bien français, il était issu d'une culture qui nous est en réalité, étrangère!
    Il y en aura pour me dire que je suis un ingrat, que je devrais apprécier le fait que Jack faisait des efforts pour nous parler en français... Mais, ma foi, avec le nombre de votes que nous avons accordé à son NPD, c'est strictement la moindre des choses, non? Il y en a qui auraient avantage à se débarasser de certains réflexes de colonisés...
    Il faudrait quand même que nous accédions à une certaine maturité, dans le futur, comme peuple; qu'il nous fasse plus que simplement endosser un chandail des Canadiens de Montréal, pour mériter notre estime et notre confiance!
    Le gentil politicien en question, connaissait la nation québécoise, mieux que cette dernière ne connaissait monsieur Layton. Il a su exploiter notre relative inculture politique, notre tendance à voter pour des gens qui nous semblent accessibles, gentils, etc, même s'ils n'ont pas nécessairement à coeur nos intérêts. Il a su nous berner, quoi!
    À quoi s'attendaient certains rêvuers ayant voté NPD, au juste? Que le beau Jack, dans l'opposition, élimine l'injustice de la péréquation, empêche totalement Harper de faire quoi que ce soit allant contre nos intérêts, voire nous offre de réaliser la souveraineté à notre place?
    Je crois fermement que la façon pour la nation québécoise de prendre sa place parmi toutes les autres nations, et de régler nombre de ses problèmes du même coup, c'est l'indépendance. Jack Layton, somme toute un personnage assez superficiel, a fortement contribué à faire reculer cette option politique, en volant beaucoup de sièges au Bloc Québécois, alors je retiendrai de lui que l'hommme était peut-être une bonne personne en privé, et un homme de conviction, mais d'abord et avant tout un adversaire de la cause indépendantiste! Pas vraiment autre chose.
    À ceux qui ont eu la naïveté de voter pour Jack, au lieu de voter NPD ou pour un député local, à proprement parler, eh bien, à vous de vivre avec votre conscience! Et à apprendre de vos erreurs, souhaitons-le.
    J'avais voté BQ, de toute façon. Pour moi, le dossier est fermé, et l'affaire classée.

  • Henri Marineau Répondre

    23 août 2011

    Le décès d’une personnalité publique entraîne toujours avec lui tout un cortège de louanges! Toutefois, dans le cas de Jack Layton, je suis certain que les éloges qu’il recevra dans les prochains jours auraient pu lui être destinés même de son vivant.
    La raison est toute simple : Jack Layton était un homme du peuple, un être authentique, ce type de politicien qui rejoint le citoyen dans sa vie quotidienne. Personne ne pouvait être insensible à ce regard franc et convaincu lorsqu’il s’adressait à des foules, à tel point que chaque participant avait l’impression que Jack Layton, le communicateur, s’adressait à chacun d’eux.
    Doté d’une personnalité chaleureuse et d’un charisme exceptionnel, Jack Layton débordait les frontières de la ligne d’un chef de parti politique pour placer ses convictions personnelles au-dessus des intérêts essentiellement partisans.
    Je retiendrai de Jack Layton l’image d’un grand homme qui aura contribué, jusqu’au bout, à redorer le blason de la politique par sa droiture et son sens aigu de l’intérêt public. Reposez-vous bien, M. Layton, vous l’avez amplement mérité!