Au point de départ, être provincial,
c'est avoir une conception tronquée de l'État.
Monsieur Pierre Daviau tient à nous proposer dans ce deuxième article une éthique politique fondée sur les intérêts nationaux du Québec dans une perspective indépendantiste. Il refait un bilan de l'action gouvernementale tant au niveau provincial que municipal en notant les points faibles qui finissent par être énormément coûteux pour tous les contribuables québécois. Il souligne par des exemples concrets le besoin de sortir de notre « provincialisme ». Il ne suffit pas de déclarer que « LA priorité, c'est l'entretien des routes... au lieu de projeter de nouvelles constructions routières » ou que la santé est LA priorité du Québec, car dans les faits ce sont des affirmations aussi stupides les unes que les autres. Cette surestimation d'un facteur par rapport à l'interaction (des facteurs) de ceux qui affectent l'ensemble du fonctionnement de la société civile nuit au bon développement général de toute la société québécoise. En ce sens, être provincial, c'est justement avoir une conception tronquée de l'État, tout en se complaisant dans son sort. Après tout, on n'est pas si mal au CANADA ! Ensuite, on se donne des airs ! Il serait certainement temps de changer d'air ! Qu'en dites-vous ?
Depuis l'après Deuxième Guerre mondiale, le Québec est confronté à une obligation majeure de se donner une vision globale de l'aménagement de son territoire en vue de l'optimisation de ses développements politique, économique et culturel. Telle est la nature de la dynamique intégrale (interne) d'une société (cf. Les Normes, chapitre deuxième au complet). Sans cette vision politique, le Québec ira toujours cahin-caha dans un sens ou dans un autre à surestimer ou à sous-estimer un aspect plutôt qu'un autre, tout en ne percevant pas à quel point son comportement est PROVINCIAL politiquement, économiquement et culturellement.
Choisir la bonne solution ou rechercher l'adhésion, la mobilisation ?
Même si le point de vue de Pierre Daviau peut prêter le flanc à certaines critiques, il n'en demeure pas moins que la « mobilisation » ou l'« adhésion » ne peuvent tout régler serait mieux et encore moins offrir nécessairement « la bonne solution ». Le cas de la construction de deux méga hôpitaux à Montréal est déjà un boulet sous les trois aspects politique, économique et culturel. Cela dit, « Doit-on se taire ? » D'ores et déjà, une chose est certaine, cette décision ne procède pas d'une « pensée visionnaire », mais plutôt d'un amalgame politique d'intérêts opportunistes tant au plan économique que culturel qui mettra encore plus en péril les finances publiques du Québec qui sont d'ailleurs déjà fort mal en point. Dans ce cas particulier, le Politique a manqué de vision (cf. le COMMENTAIRE à la fin de cet article).
« Une pensée visionnaire », c'est-à-dire à une pensée « capable d'anticiper » ou qui pourrait avoir « une intuition juste de l'avenir » nous manque beaucoup. Limités à la gestion d'une province, nos hommes et nos femmes politiques tentent de nous séduire en manipulant le mieux possible l'opinion publique. Ils se laissent balloter par les sondages ; ils réagissent naïvement à la « demande » et non en vue de l'objectif à atteindre. D'où cette recommandation de Pierre Daviau au Prince de l'État provincial du Québec : « Cultiver une pensée visionnaire pour mieux servir les intérêts supérieurs du Québec. » Mais en contrepartie, les citoyennes et les citoyens doivent apprendre à « ne pas se laisser séduire par tous les beaux parleurs, ces manipulateurs de l'opinion publique ».
Bruno Deshaies
* * *
DEUXIÈME ARTICLE (suite et fin)« Mais si l'étude historique débouche sur l'irréparable (irréparable = non réparé dans le passé jusqu'à nos jours), aboutit à une impasse, arrive à des conclusions que l'on qualifierait de pessimistes, de sombres, doit-on se taire ?
Il ne faut pas craindre d'affirmer que l'élite d'une collectivité se doit de savoir l'entière vérité, l'exacte situation, sans ménagement, sans emphase, sans sous-entendu trompeur. » (Maurice Séguin, Les Normes.(**))
Le Conseil national du Parti québécois qui s'est tenu les 27 et 28 octobre 2006 portait sur l'environnement. Sujet à la mode et question très importante pour tous les citoyens, les débats ont créé des divisions plutôt qu'atteint un large consensus. Ce deuxième article traite de la question de l'entretien des routes et des structures routières en opposition à la construction de routes nouvelles.
PRÉAMBULE
Le premier article traitait de la décision péremptoire d'André Boisclair de ne pas nationaliser le secteur de l'énergie éolienne. Ce faisant, il ne comprenait pas les membres qui avaient voté une proposition contraire puisqu'il s'opposait à eux. Le chef du Parti québécois récidive cette fois dans les décisions idéologiques et dogmatiques. [Sortira-t-il un jour d'un provincialisme qui paralyse l'agir (par soi) collectif (2) des Québécois ?->2665]
RÉPARER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE, PLUS LE PÉAGE
Il se produit souvent que les décisions du Parti québécois et de son chef surprennent les citoyens. Le Conseil national a maintenu tradition. En effet, un journaliste rapporte :
« [...] André Boisclair a précisé qu'il s'opposait au prolongement de l'autoroute 25, à l'instar des militants péquistes, et qu'il préconisait plutôt le transport en commun. De plus, tous les nouveaux projets d'autoroutes seront jetés aux oubliettes, mis à part la construction déjà entreprise de l'autoroute 30. « La priorité, c'est l'entretien des routes », a-t-il dit [...]. En outre, la Charte de la ville de Montréal sera modifiée pour lui permettre, comme l'a fait Londres, d'imposer un péage pour entrer au centre-ville. » (1)
Ouf ! Le Parti québécois et son chef font donc flèche de tout bois. Il n'y a rien qui résiste à leurs pensées magiques. Quoi de plus facile que d'ordonner la vie en société ! Holà ! messieurs, la réalité de la vie en société est beaucoup plus complexe que vous semblez l'imaginer.
L'entretien des routes et des structures routières
Dans le premier article qui traitait de la nationalisation du secteur éolien, j'utilisais une citation de Maurice Séguin et faisait ressortir le danger d'une décision qui est celle de ne privilégier qu'une seule vision étroite en ce qui concerne la nationalisation ou non du secteur de l'énergie éolienne. La partie de la citation qui nous intéresse ici est la suivante : [« Ne pas réduire à un seul aspect »->2773]. (2) Cette façon simple de raisonner du chef du Parti québécois ne peut que produire des erreurs absurdes car elle ignore, entre autres, l'interaction des facteurs de développement.
Les problèmes qui émanent des décisions du Parti québécois et de son chef viennent du fait qu'ils commettent une première erreur quand ils mettent en opposition, l'entretien des structures routières et des routes, et la construction de nouvelles autoroutes.
Le chef du Parti québécois, qui s'enorgueillit d'avoir obtenu un diplôme de l'Université Harvard, aurait dû apprendre qu'une société moderne c'est aussi des infrastructures de transport modernes.
De plus, il devrait posséder le courage et l'humilité de reconnaître qu'il erre au superlatif quand il met en oppositions deux composantes essentielles des infrastructures de transport moderne. Il devrait aussi admettre qu'il est essentiel pour un chef de parti de modifier sa décision afin de ne pas mettre en péril le développement futur du Québec qui, durant de nombreuses années, a été fragilisé par des décisions absurdes de même nature.
Depuis l'effondrement du viaduc de la Concorde à Laval, les médias nous informent que la remise à neuf du réseau routier, soit les routes, les ponts et les viaducs (structures routières) nécessiterait des budgets de dizaines de milliards de dollars, en étalant les travaux sur une période de vingt ou trente ans. Malgré les assurances du ministère des Transports qui soutient que les structures sont sécuritaires, les citoyens sont inquiets. Il relève de l'évidence que les structures routières et les routes doivent être entretenues. L'état lamentable de notre réseau routier résulte de l'incurie des gouvernements successifs.
La construction de nouvelles autoroutes
Selon le chef du Parti québécois, de nouvelles autoroutes ne seraient plus nécessaires pour accompagner le développement économique du Québec. Le PQ favorise plutôt le transport en commun.
Les routes et les autoroutes sont aussi nécessaires pour assurer la sécurité et la qualité de vie des citoyens, autant dans les grandes et petites villes que dans les villages.
Le parti québécois et son chef commettent une deuxième erreur lorsqu'ils préconisent plutôt le transport en commun au détriment des autoroutes. C'est au sujet de cette orientation politique que la citation « Ne pas réduire à un seul aspect » que nous trouvons tous les ingrédients nécessaires pour mettre en péril le développement économique du Québec.
S'il maintenait sa décision dogmatique à courte vue de jeter aux oubliettes tous les nouveaux projets d'autoroutes, André Boisclair n'est-il pas conscient qu'il bloquera ainsi le développement de certaines régions, donc du Québec tout entier, pour de nombreuses années à venir, soit les vingt ou trente ans que durera l'entretien des routes et des structures routières ? Sa décision signifie-t-elle aussi que, si une autoroute est nécessaire pour assurer le développement d'une région, il se mutera en sourd, muet et aveugle afin de se disculper au nom d'une décision erronée du passé ?
Le transport en commun est un service essentiel. Il ne vient à l'esprit d'aucun citoyen éclairé de nier ce fait. Cependant, ce moyen de transport peut se développer selon le mérite sans qu'il soit mis en opposition avec ses concurrents. Chacun sert, à sa façon, les différents besoins des citoyens et de l'économie.
Le péage pour accéder au centre-ville de Montréal
La troisième erreur du Parti québécois, qui a ressuscité une vieille rengaine, est réapparue au Conseil national, soit l'imposition d'un péage pour accéder au centre-ville de Montréal. La démonstration du PQ est toute limpide ; copier la ville de Londres au Royaume-Uni. Méthode dangereuse que celle qui consiste à copier quand on ne possède pas l'expertise nécessaire pour étudier une question.
Afin de bien vérifier si l'imitation de la politique de Londres, appliquée à Montréal, semble logique, comparons les populations :
Londres : 7 517 700 hab. (mi-2005) (3)
Montréal ; 1 812 723 hab. (2001) (4)
Le Québec : 7 237 479 hab. (2001) (5)
À première vue, imposer un péage quand les populations ne sont pas comparables, en plus des nombreux autres facteurs en jeu, ne semble pas justifié. Remarquons que les Londoniens sont plus nombreux que la population totale du Québec. Dans cette situation abracadabrante, la logique du raisonnement des partisans du péage les conduirait-elle à le généraliser sur tout le territoire ? Je ne crois pas, car j'espère qu'il reste encore à ces partisans une toute petite quantité de neurones de jugement sain.
Par ailleurs, des voix s'élèvent qui expriment leur inquiétude. Elles craignent que les emplois suivent l'exemple des anciens résidents qui ont voté avec leurs pieds, c'est-à-dire qu'ils quittent Montréal pour s'établir en banlieue. Ils y ont trouvé des prix de terrains et de maisons moins élevés en même temps qu'une certaine quiétude pour éduquer leurs enfants.
Monsieur Boisclair, imposer le péage pour accéder au centre-ville de Montréal est une réaction partisane disproportionnée par rapport aux problèmes que vous souhaitez solutionner. Cette politique s'additionne à toutes les mesures absurdes du passé dont la description de certains exemples choisis apparaît dans ce texte.
DEUX EXPÉRIENCES MALHEUREUSES BASÉES SUR LES MÊMES PRÉMISSES ERRONNÉES
La ville de Québec a subi un retard dans son développement provoqué par deux décisions politiques du gouvernement du Québec, soit l'arrêt de la construction d'autoroutes pour, paraît-il, mieux développer le transport en commun.
Construction d'un viaduc sur l'Autoroute Laurentienne
Monsieur Denis de Belleval, ministre des Transports du gouvernement du Parti québécois à cette époque, avait refusé de construire un viaduc sur l'Autoroute Laurentienne afin de permettre à un promoteur d'accueillir sa clientèle potentielle via les boulevards Lebourgneuf et de l'Atrium, malgré des engagements à ce sujet.
Ce promoteur a poursuivi le ministère des Transport et a remporté la victoire devant le tribunal qui a forcé le ministère à construire un viaduc temporaire. Caissons de bois remplis de pierre, montée d'une bretelle abrupte, ce viaduc d'un autre âge a dû être remplacé par un nouveau répondant aux normes modernes.
Cette décision malheureuse du ministre de Belleval a coûté aux contribuables des sommes importantes ; coût du procès, construction urgente d'un viaduc temporaire. Tout ce spectacle moyenâgeux pour enfin construire le viaduc moderne qui aurait satisfait autant le promoteur que les citoyens ! Voilà un exemple qui montre où conduisent les décisions idéologiques et dogmatiques, soit le gaspillage des fonds publics.
Prolongement de l'Autoroute du Vallon
Le même Denis de Belleval, pour les mêmes raisons invoquées, refusa le prolongement de cette autoroute. Plus tard, Marc-Yvan Côté, ministre libéral des Transports refusa lui aussi. Ces deux ministres, n'ont jamais compris ou ne voulaient pas comprendre que le prolongement de l'autoroute, située au centre géographique de la ville de Québec, aurait attiré les développements immobiliers qui se sont plutôt éparpillés dans les villes de la périphérie. La ville de Québec a ainsi perdu, durant de nombreuses années, des millions de dollars en impôts fonciers, qui autrement lui auraient facilité la tâche. Elle a subi les effets négatif des décisions politiciennes qui s'engageaient à aider la Capitale mais, qui derrière les portes closes, favorisaient leur petits amis partisans.
Ces décisions idéologiques et dogmatiques ou partisanes sont souvent un frein au développement. Heureusement, le Premier ministre actuel a promis le prolongement de l'Autoroute Du Vallon et a respecté sa parole. Ce prolongement enfin terminé et maintenant nommé (partie autoroute, partie boulevard) Robert-Bourassa, la ville de Québec complétera plus rapidement son développement immobilier dans son centre géographique. Ce développement lui rapportera les revenus additionnels dont elle a un urgent besoin.
Il existe, sans aucun doute, des exemples nombreux de décisions malsaines des différents gouvernements ailleurs au Québec.
AUTRES EXEMPLES DE DÉCISIONS POLITIQUES ABSURDES
La liste de ce genre de décisions s'allonge indéfiniment. Qu'il suffise d'examiner seulement deux projets de la ville de Québec qui ont consisté à construire et, par la suite, à démolir. Les citoyens du Québec connaissent sûrement un grand nombre d'exemples semblables dans leur région.
Nous ajouterons l'exemple de la nationalisation de l'amiante.
La rivière Saint-Charles emmurée
Il y a plusieurs années, à l'époque où les Pierre Elliot-Trudeau, Jean Mardand et Gérard Pelletier, les trois colombes, régnaient en maître à Ottawa, le ministre de la Couronne britannique, Jean Marchand, désira transposer dans la Capitale nationale du Québec le modèle du Canal Rideau d'Ottawa. Les subventions aidant, la ville profita du pactole pour se débarrasser des rats en emmurant la rivière.
Les modes changent et un nouveau maire, monsieur Jean-Paul L'Allier décida de « re-naturaliser » la rivière devenue prisonnière de murs de granit. Ce projet de « re-naturalisation », exécuté tout en détruisant les murs existants, est en cours d'exécution et sera bientôt terminé. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage... mais le problème, ce sont les coûts répétitifs qui sont toujours imputés aux mêmes contribuables. Ces derniers se font soutirer une deuxième fois de leurs goussets des dépenses qui, n'eût été d'une décision absurde, ne se serait pas produite.
Le mail Saint-Roch
Autre temps, autres mœurs. Afin de rapatrier les consommateurs qui effectuaient leur emplettes dans les centres commerciaux de Sainte-Foy, de garantir le succès économique des commerçants et de récupérer les revenus de la taxe de vente, la ville de Québec opta pour la construction d'un mail fermé. Malheureusement, le succès n'a jamais été au rendez-vous !
Les priorités du maire L'Allier évoluant, ce mail devint un sujet d'opprobre esthétique et touristique. En un tournemain, la ville décida de le détruire pour revenir au décor de naguère.
Ces deux exemples de construction et de démolition permettent de comprendre le gaspillage faramineux des fonds publics qu'impliquent les décisions absurdes ; coûts de construction et de démolition, pénurie de fonds pour des projets plus utiles. Durant cette aventure, aucun progrès réel n'a été accompli dans ces deux domaines. De plus, nous ne devons surtout pas oublier que ces situations désolantes constituent un frein majeur au développement économique. Quelle bêtise ! La valse de dizaines de millions de dollars pour faire strictement du surplace représente un recul économique majeur.
La nationalisation de l'amiante
À l'image du dicton qui énonce que le « hasard fait si bien les choses », voici maintenant un rappel historique d'une décision politique qui nous ramène vingt-cinq ans dans le passé.
Un journaliste rapporte :
« [...] le gouvernement Lévesque passait à la dernière étape d'une étatisation promise lors de la campagne électorale de 1976. Le gouvernement a finalement englouti un demi-milliard $ dans cette aventure désastreuse qui s'est achevée en 1992 avec la vente des derniers actifs étatiques au privé.
Pourtant, le portrait dressé le 7 octobre 1981 par Yves Duhaime devant le Conseil des ministres avait tout d'un repoussoir. » Etc. Etc. (7)
La Gaspésia, l'amiante, Renault, l'aciérie, que de projets absurdes ! Pourquoi les femmes et les hommes politiques sont-ils si prompts à endosser des entreprises qui constituent un gaspillage éhonté des fonds publics ? Quel gâchis imposent-ils aux citoyens ! La réponse se trouve dans la citation de Christian Morel qui suit un peu plus loin.
À LA RECHERCHE VITALE DES BONNES SOLUTIONS POUR LE QUÉBEC
« [André Boisclair] s'enlise constamment dans le cul-de-sac
de la recherche de la mobilisation collective et de l'adhésion,
ce qui équivaut à aller ensemble vers l'absurde
plutôt que rester seul. »
Le sujet est tellement sérieux que je ne puis éviter de recourir une nouvelle fois au raisonnement juste de Christian Morel. À titre d'exemple, voici l'une des questions qu'il s'est posée : « Comment peut-on à ce point se tromper et persévérer ? ». La citation suivante explique merveilleusement bien les attitudes et les comportements de la classe politique :
« On préfère se tromper de façon durable et radicale en groupe plutôt que s'isoler dans la vérité : aller ensemble vers l'absurde plutôt que rester seul.
Les décisions politiques recherchent la mobilisation collective. [...] Ce qui est recherché n'est pas la bonne solution, mais l'adhésion. Leur fragilité vient de cet objectif de mobilisation. » (6)
Le chef d'un parti politique qui a choisi l'avenue de L'OPTIQUE INDÉPENDANTISE (8) doit s'élever au-dessus de la politique tristement partisane pour atteindre un très haut niveau de responsabilité, de crédibilité et de compréhension des intérêts supérieurs du Québec. Pour atteindre ce haut niveau, Monsieur André Boisclair doit :
► Faire sienne l'affirmation de la première citation en exergue au sujet de l'étude historique et de l'élite d'une collectivité ;
► Sortir des sentiers battus pour éviter de se tromper et de ne pas rechercher la bonne solution tel qu'il est écrit dans la citation de Christian Morel qui précède. Autrement dit, il doit refuser de se précipiter avec ses partisans vers l'absurde plutôt que de rester seul. Il doit aussi toujours rechercher les bonnes solutions au lieu de se contenter de l'adhésion à son discours ;
► S'appuyer sur les faits et la vérité et prendre ses distances vis-à-vis les idées à la mode qui sont souvent éphémères et contre-productives pour l'État et les citoyens ;
► Prendre des décisions seulement après avoir relevé et compris l'ensemble des avantages et des inconvénients qui affectent le bien commun et en rejetant les bénéfices à court-terme et ceux qui ne bénéficient qu'à quelques individus;
► S'ouvrir aux idées nouvelles, sans complaisance et sans esprit partisan ;
► Cultiver une pensée visionnaire pour mieux servir les intérêts supérieurs du Québec ;
► Acquérir une éthique du sens de l'État et de la nation québécoise.
Tout observateur perspicace avouera sans hésitation que les transformations exigées d'André Boisclair constituent un programme très ardu pour lui. En effet, ses actions et ses décisions jusqu'à ce jour n'augurent rien de bon. Il s'enlise constamment dans le cul-de-sac de la recherche de la mobilisation collective et de l'adhésion, ce qui équivaut à aller ensemble vers l'absurde plutôt que de rester seul. L'auteur d'un tel enlisement se disqualifie lui-même vis-à-vis les partisans de l'indépendance nationale du Québec.
Monsieur Boisclair, vous n'avez pas le choix. Vous devez changer si vous êtes vraiment honnête intellectuellement quand vous affirmez vouloir faire accéder le Québec à l'indépendance nationale. Si tel n'est pas le cas, vous devez démissionner sur le champ. Les Québécois vous observent et ne vous pardonneront pas si votre objectif est contraire à celui qui consiste à vous mettre au service des intérêts supérieurs du Québec.
COMMENT PRÉVENIR LES DÉCISIONS POLITIQUES ABSURDES ?
En démocratie, les citoyens peuvent influencer les décisions politiques. Cependant, la meilleure façon de s'assurer que ces décisions ne sont pas absurdes et servent les intérêts supérieurs de la population consiste à élire des gouvernements responsables. Comment faire ? En étant soi-même un citoyen responsable qui regarde, observe, écoute et surtout développe un esprit critique pour tout et particulièrement pour le parti politique qu'il appuie. Concurremment, existe le devoir de modifier ses manières de penser pour devenir un partisan inébranlable des décisions politiques éclairées. Il s'avère aussi primordial de ne pas se laisser séduire par tous les beaux parleurs, ces manipulateurs de l'opinion publique.
Pierre Daviau
Québec
COMMENTAIRE
Nous aimerions rappeler ici une des normes de Maurice Séguin au sujet du Politique. Elle clarifie le rôle d'une des plus grandes forces de la société civile. Un État indépendant doit jouir complètement des prérogatives qui en découlent. C'est justement cette plénitude des pouvoirs étatiques qui a manqué et qui manquent encore aujourd'hui à tous les gouvernements provinciaux. S'il y a une grande fatigue au Québec, elle est bel et bien là en particulier.
La prise de conscience que l'État a un rôle puissant d'intervention, d'organisation du pouvoir politique, ne doit jamais être oublié. En ce sens, l'État n'a pas qu'un rôle de règlementation, de police... En fait, la force politique, c'est la tête. Maurice Séguin décrit clairement cet aspect dans Les Normes, dont voici un extrait.
Aspect politique
• La force politique, c'est la tête
La force politique, pour une société ou collectivité, c'est la tête capable de penser, de vouloir, de commander, de déclencher l'action.
a) Ce n'est pas seulement un pouvoir neutre qui fixe des règles...
b) Sans doute, y a-t-il un rôle de police : édicter des lois pour la sécurité des citoyens, maintenir l'ordre, rendre justice
c) Mais la politique possède un rôle beaucoup plus important :
∙celui de penser : choisir un objectif, orienter, planifier ;
∙celui d'agir, de donner l'impulsion, de commander ou d'exiger :
1o organiser des cadres, des administrations, des régies ;
2o taxer l'ensemble en vue d'intervention ou d'œuvres jugées nécessaires à la collectivité ;
3o soutenir (par esprit d'entreprise), subventionner à l'intérieur ;
4o protéger contre l'extérieur (par interdiction, douane, limitation) ;
5 o couvrir, défendre par la force armée.
Ce rôle est d'une utilité précieuse pour toute la société ou collectivité.
• Difficulté pour décrire isolément cette « force » car elle porte sur le tout de la collectivité
Il est difficile de décrire isolément cette force, car elle porte sur le tout de la collectivité, elle est liée à l'ensemble et se comprend mieux à mesure qu'on décrit les autres aspects.
(Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre deuxième, subdivision (A), section 2, paragr. 5.)
* * *
NOTES :
(*) Visionnaire : Capable d'anticiper, qui a une intuition juste de l'avenir. LE GRAND ROBERT DE LA LANGUE FRANÇAISE, 2001, Tome VI, p. 1875.
(**) Maurice Séguin, Les Normes, Guérin 1999, p. 117.
RÉFÉRENCES :
(1) Robert Dutrisac, Le Devoir, Lundi 30 octobre 2006, p.12.
(2) Maurice Séguin, Les Normes, Guérin, 1999, p. 159
(3) WIKIPÉDIA
(4) Ville de Montréal
(5) Statistique Canada.
(6) Christian Morel, Les décisions absurdes - Sociologie des erreurs radicales et persistantes, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, 2002, p. 221, 291.
(7) Martin Pelchat, NATIONALISATION DE L'AMIANTE IL Y A 25 ANS - Le gouvernement Lévesque a plongé en connaissant les risques élevés, Le Soleil, mardi le 7 novembre 2006, p. 8.
(8) Maurice Séguin, Les Normes, Guérin 1999, p. 177.
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