La CAQ en avance dans un sondage sur les intentions de vote

Avec 34% des intentions de vote, le parti de François Legault pourrait même jouir d’une majorité

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Legault en avance : 37% d'intention de vote pour la CAQ chez les francophones

Coup de tonnerre dans le ciel politique québécois. La Coalition avenir Québec (CAQ) passe en tête d’un sondage sur les intentions de vote des Québécois avec 34 % des faveurs exprimées. Le jeu de la répartition des voix entre les francophones et les régions permet même à la jeune formation d’espérer une majorité à l’Assemblée nationale.



Il s’agit d’un bond de six points depuis août pour la CAQ ; de treize points depuis février 2016. Les élections auront lieu dans moins d’un an.



Le Parti libéral (PLQ) attire maintenant 29 % des choix, trois points de moins depuis août. La formation au pouvoir concède donc cinq points d’avance à la CAQ.



Le Parti québécois (PQ) perd deux parts pour passer à 20 %. Québec solidaire (QS) reste sur ses 12 % de voix possibles.




Intention de votes






Ces données se retrouvent dans un sondage Internet réalisé pour Le Devoir par la firme Léger entre le 23 et le 25 octobre, auprès de 1008 Québécois ayant le droit de vote. Le coup de sonde a donc été donné en bonne partie avant l’arrestation par la police du député libéral Guy Ouellette mercredi.



« C’est un sondage déterminant, dit Jean-Marc Léger, président de la firme qui porte son nom. Ça fait longtemps qu’on voit que la CAQ monte, mais là, c’est le premier sondage qui démontre qu’elle est en avance, et de façon importante. La Coalition attire 37 % des voix chez les francophones, le PLQ, 21 % et le PQ, 24 %. Avec ce résultat, en combinant la dynamique régionale, si les élections avaient lieu aujourd’hui, un an avant la date réelle prévue, la CAQ serait majoritaire. C’est toute une nouvelle. »



L’effet Louis-Hébert



Jean-Marc Léger lie cette mesure de la mutation par les intentions de vote aux résultats réels de la récente élection partielle, fin septembre, dans la circonscription de Louis-Hébert. La jeune candidate caquiste Geneviève Guilbault y a écrasé la rivale libérale par plus de 7500 voix.



« Louis-Hébert a été la première défaite électorale du premier ministre Philippe Couillard, dit le sondeur en chef. Il n’était pas là quand Jean Charest a perdu les élections en 2012. Sous sa gouverne, il y a eu quinze partielles, et les libéraux ont conservé leurs sièges six fois sur sept, sauf celui de Louis-Hébert, qui a été le déclencheur de quelque chose, d’un changement important que notre sondage mesure pour la première fois à l’échelle du Québec. »



Toutes les plaques tectoniques politiques accélèrent leur mouvement. À 20 %, le PQ atteint un creux historique. Ce seuil d’une voix sur cinq ramène la formation à ses résultats électoraux d’origine, il y a cinquante ans.






 


Depuis décembre 2016 (30 %), la formation souverainiste ne cesse de chuter, à 29 (janvier 2017), puis 25 (mars), puis 22 (juin), et maintenant 20 %. La CAQ a cheminé rapidement en sens inverse : 22 (mars), puis 28 (juin), et maintenant 34 %.



Jean-Marc Léger établit un parallèle avec la promesse du chef Jean-François Lisée de ne pas tenir de référendum pendant un éventuel premier mandat péquiste.



« Je crois qu’un des facteurs d’explication [des résultats] c’est la mise au rencart de la souveraineté, dit-il. Un fédéraliste n’est pas obligé de voter libéral, puisque la souveraineté ne représente pas l’adversaire. Un souverainiste n’est pas obligé de voter PQ. Les Québécois peuvent aller vers d’autres partis. L’insatisfaction se combine à l’hypothèque référendaire et aux écarts dans la gestion de l’État, notamment en santé. Et c’est la CAQ qui en profite. »



Il ajoute que l’erreur de Jean-François Lisée consiste peut-être moins à avoir tourné le dos à l’option fondamentale de son parti qu’à ne l’avoir pas remplacée. « Les gens n’en veulent pas, du référendum. Mais il n’y a pas d’autres raisons véritables de voter pour le PQ. Les souverainistes deviennent orphelins. »



Le beau fixe



Les libéraux atteignent aussi un creux historique avec 29 % des voix possibles. Baisseront-ils encore ? Le sondeur souligne qu’« on ne sait plus où est le plancher de chacun », la preuve venant encore de Louis-Hébert, où 80 % des électeurs ont boudé le PLQ.



Le gouvernement de Philippe Couillard n’obtient que 27 % de taux de satisfaction. Chez les francophones, le résultat s’affiche au pire avec seulement 22 % d’opinions positives. En plus, à peine 17 % des électeurs sondés jugent que le premier ministre Couillard ferait « le meilleur premier ministre du Québec ».



Par contraste, tous les signes électoraux virent au beau fixe pour la formation caquiste et son chef :



Record. Avec les marges d’erreur du sondage (plus ou moins 3,1 %), la Coalition remonte au seuil (35 %) record atteint au moment de sa formation, en 2011.



Premier ministre. François Legault est choisi comme « meilleur premier ministre » potentiel par 27 % des gens. Il écrase Jean-François Lisée, choisi par un électeur sur dix (12 %) seulement.



Régions. La CAQ domine en région (35 %), mais aussi à Québec (46 %). Il n’y a qu’à Montréal (29 %) qu’elle se laisse devancer par le PLQ (34 %), tout en battant le PQ (18 %).



Diversité. Même les non-francophones, traditionnellement acquis à plus de quatre contre un aux libéraux lors des scrutins, commencent à les bouder. Le PLQ attire maintenant 60 % des intentions de vote dans ce groupe, et la CAQ, 17 %.



Changement. La Coalition est désignée comme la formation qui « représente le plus le changement » par 31 % des sondés. QS arrive en seconde position avec 22 % des choix. Le PQ (10 %) et le PLQ traînent loin derrière.



« Cette notion du changement sera à mon avis une variable clé de la prochaine élection,dit M. Léger. […] Les gens recherchent une solution de remplacement et ils voient en la CAQ une option probable. […] Les astres se sont alignés pour la CAQ. Les chiffres sont puissants, parce qu’on est dans une lutte à quatre. En divisant le vote en quatre, la CAQ peut ramasser une majorité des sièges. On le ressent depuis un temps, mais là, c’est la première fois qu’on peut l’affirmer. »



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