La campagne électorale est longue de 39 jours. On n’a pas fini de tomber sous le coup de la stupéfaction !
C’est ainsi qu’on a appris de la bouche même de la coporte-parole de Québec solidaire que l’anglais était une des deux langues officielles du Québec. Or on croyait jusque-là, à tort selon Madame Massé, que la Loi 22 de Robert Bourassa avait consacré en 1974 le français comme seule langue officielle du Québec. Une consécration renforcée quatre ans plus tard avec l’adoption, le 27 août 1977, de la Charte de la langue française.
Cré Manon, va !
Pour un lapsus, en voilà un pour le moins spectaculaire. Et dire que Freud voyait dans le lapsus l’expression d’un désir inconscient…
Par ailleurs, il se confirme de plus en plus que François Legault ne pourra pas, sans que la chose ne finisse par éclater au grand jour, jouer à l’illusionniste durant tout le parcours électoral. Le Québec tout entier devra se rendre à l’évidence : la CAQ ne brasse que du vent.
Dès les premiers jours, Jean-François Lisée a dépecé en petits morceaux les « propositions » de la CAQ en matière de santé et d’éducation. Pétées, les ballounes !
Ouvrir les maternelles aux enfants de quatre ans, cela rendrait 50 000 places disponibles dans les garderies, clame le chef ! Des garderies privées, bien sûr, comme le soutient la porte-parole de la CAQ, Geneviève Guilbault, une apparatchik tout juste sortie du sérail libéral. Legault a beau poser au magicien, la manœuvre a rapidement été éventée. On va les prendre où, ces quelque 2700 éducatrices et enseignants qui devront s’ajouter à des réseaux déjà démunis en terme de personnel ? Déjà qu’à quelques jours de la rentrée, la CSDM était à court d’une cinquantaine d’enseignants !
Tablant ensuite sur la mauvaise réputation des CHSLD, dont les histoires de bain hebdomadaire et de patates en poudre ont choqué le peuple, la CAQ a annoncé la création de Maisons des aînés. Des Maisons opérées en formule PPP, bien sûr. Me semble qu’on devrait avoir compris qu’avec les PPP, ce sont les contribuables qui sont Pognés Pour Payer, nonobstant ce qu’avait soutenu dans le temps la dame à la sacoche, Jérôme-Forget, ce que les faits sont venus démentir.
Lisée a bien saisi le jeu de Legault : « Ses sondeurs lui ont dit : Offre ça, ça va marcher. Dis que tu aimes le Canada, tu vas être premier ministre. Alors il dit des choses qui ne se peuvent pas et il fait le pari que les gens vont le croire. »
Legault déguisé en Messmer ne pourra pas endormir la population encore longtemps…
Car celui qui était dans le temps le plus pressé des caribous indépendantistes clame aujourd’hui : « On est ni à gauche ni à droite, ni souverainiste ni fédéraliste: on est pragmatique. » Le même caribou à la retraite semble ne ressentir aucune honte quand il clame : « Il faut en finir avec la question de l'indépendance: avec nous, le Québec ne parlera plus jamais d'indépendance. »
On rejoue donc dans un vieux film dont on croyait la pellicule tellement usée qu’elle ne pourrait plus être utilisée. La candidate de la CAQ dans Marie-Victorin, Martyne – le Y pour l’exotisme, sans doute – Prévost, soutenait récemment sans broncher qu'elle voulait « un Québec fort, très, très fort, à l'intérieur du Canada », ajoutant qu'il était temps de cesser de se battre contre des moulins à vent. Cette dame ne manque pas de culot, affirmant réussir là où de grosses pointures comme Bourassa, Ryan, Charest et Couillard se sont rivés le nez depuis 50 ans. La phrase de Deschamps date de cette époque, mais elle a la vie dure : « Pis c'qu'on veut, c'est un Québec indépendant dans un Canada fort ». Elle a du Elvis Gratton dans le nez, cette candidate... Et de plus, elle semble s’y connaître en matière de moulins à vent…
La troisième voie ? Se souvenir qu’il s’agit là d’une voie de garage, et qu’une voie de garage ne débouche nulle part, sauf sur des désillusions !
Les bancs de capelans
Nos amis de la Gaspésie et de la Côte Nord connaissent bien le capelan, ce petit poisson de la famille des osmeridae, mieux connu sous son nom scientifique mallotus villosus…
Le capelan sert de nourriture aux prédateurs plus gros que lui. Et, pour se défendre, il se tient en bancs serrés. Or, il arrive qu’à l’époque des grandes marées, les bancs de capelans sont emportés par les grandes vagues et vont s’échouer sur la grève. Les vieux commentent l’affaire en disant : « Le capelan a roulé c’te nuitte ! » Rouler n’est pas peu dire. On en trouve en effet de deux à trois pieds d’épais, qui vont finir dans les champs des environs, les cultivateurs s’en servant pour engraisser leurs terres.
Quand ils roulent avec la vague, les capelans se font rouler… C’est à espérer que les Québécois ne se prendront pas pour des capelans…
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* CAQUE : Le Petit Robert : Barrique où on conserve les harengs salés. Au figuré : Serrés comme des harengs en caque. Locution proverbiale : La caque sent toujours le hareng ; on porte toujours la marque de son origine…