Le Canadien

La classe politique dénonce la nomination d'un entraîneur unilingue

"Unilingue anglophone": un canadian vivant au Québec... - Les peuples sont prompts à saccager ce qu'ils ont adoré hier.




La Presse canadienne Québec — La capacité de s'exprimer en français sera prise en compte dans le choix du prochain entraîneur-chef «permanent» du Canadien de Montréal, a assuré hier le propriétaire, président et chef de la direction du club de hockey, Geoff Molson.
La famille Molson est sous le feu de la critique depuis la nomination, en fin de semaine, de l'unilingue anglophone Randy Cunneyworth en remplacement de Jacques Martin, sacrifié à cause des insuccès de l'équipe.
Dans un communiqué, M. Molson a justifié le choix de la direction de se tourner vers Randy Cunneyworth, «un entraîneur qualifié et aguerri qui est très respecté des joueurs et de tous les membres de l'organisation».
Sentant la soupe chaude, le propriétaire a cependant tenu à préciser que la décision définitive sur le choix du nouvel entraîneur ne sera prise qu'à la fin de la présente saison. «Bien que notre priorité soit de gagner et d'être continuellement à la recherche de l'excellence, il est évident que la capacité de l'entraîneur-chef à s'exprimer en français de même qu'en anglais sera un facteur très important dans le choix d'un candidat sur une base permanente», a-t-il souligné.
La controverse entourant la promotion de Randy Cunneyworth s'est amplifiée hier lorsque la classe politique a condamné à son tour la nomination d'un unilingue anglophone à la barre de l'équipe.
Par «respect pour les partisans», la direction du Canadien doit s'assurer que son entraîneur-chef soit capable de s'exprimer en français, a fait valoir la ministre de la Culture, Christine St-Pierre. «Le Canadien dit que c'est temporaire, mais c'est malheureux. Il est important que l'entraîneur-chef soit capable de communiquer avec les partisans», a-t-elle déclaré.
Bien plus qu'une simple équipe de hockey détenue par des intérêts privés, le Canadien de Montréal est une «institution» et, à ce titre, il a une responsabilité à l'égard du français, a affirmé la ministre responsable de la Charte de la langue française. «Il y a un élément de fierté pour les Québécois. Le Canadien est dans nos gènes, c'est une institution et le Canadien doit avoir cette sensibilité [à l'égard des francophones]. Je trouve ça malheureux», a-t-elle insisté.
Sa collègue responsable du Sport, Line Beauchamp, a évoqué à peu de choses près les mêmes arguments. «J'ai compris que c'était un intérim, mais on insiste pour dire que le Canadien est une institution, ça fait partie de notre patrimoine, on a ça dans notre ADN, cela commande des impératifs, ça commande que l'entraîneur doit pouvoir s'exprimer en français», a dit Mme Beauchamp.
L'opposition péquiste a aussi blâmé sans détour la direction du Tricolore, l'accusant d'afficher un mépris pour la majorité francophone, son principal marché. «Lors de l'annonce, les gens du Canadien n'ont même pas eu le réflexe de préparer un petit mot en français pour Cunneyworth. On ne vaut même pas la peine d'un effort de relations publiques», a dit le porte-parole du Parti québécois en matière de langue, Yves-François Blanchet.
De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a reproché à la haute direction du club d'avoir pris «une mauvaise décision» en confiant la barre de l'équipe à un individu incapable d'échanger avec la majorité des partisans. «On devrait s'attendre, par respect pour la population qui est à majorité francophone au Québec, que l'entraîneur de cette institution soit capable de s'exprimer en français. Ç'a été une mauvaise décision», a-t-il lancé. Si le Canadien continue d'accumuler les défaites, la famille Molson aura l'occasion de réparer plus tôt que tard son erreur, a-t-il poursuivi.


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