À moins de deux semaines du premier tour de scrutin, les candidats à la direction du Parti québécois jouent du coude. Les esprits s’échauffent.
La députée de Vachon, Martine Ouellet, a reproché dimanche à son adversaire Alexandre Cloutier d’employer des « tactiques » propres à ceux « fai[sant] de la vieille politique ». Elle n’a pas digéré de le voir dévoiler les résultats d’un sondage interne, et ce, quelques heures à peine avant la tenue de l’avant-dernier débat officiel des candidats à la chefferie du PQ, dimanche à Rimouski.
Le favori des sondages, Pierre Karl Péladeau, recueillerait l’appui de 40,7 % des membres en règle du PQ, comparativement à 33,8 % pour M. Cloutier, 7,8 % pour Mme Ouellet et 2,7 % pour Pierre Céré, selon le coup de sonde effectué par la firme Logi-K. Cependant, pas moins de 14,9 % des membres du PQ demeurent indécis à en croire le sondage réalisé à la demande de l’équipe de campagne d’Alexandre Cloutier.
« Il y a un mouvement qui est en train de se dessiner », a soutenu Alexandre Cloutier devant les 500 partisans du PQ réunis à l’Hôtel Rimouski afin d’assister au premier débat en l’absence de Bernard Drainville. « Qui est le meilleur placé pour rassembler et additionner ? » leur a-t-il demandé.
M. Cloutier veut s’imposer comme le deuxième favori à coups de « fausses rumeurs » et de « chiffres bidon », a déploré Mme Ouellet. M. Cloutier confond ses « prédictions » et ses « souhaits », a dit pour sa part l’allié de PKP, Pascal Bérubé.
« Je vais t’acheter »
De son côté, Pierre Céré aurait accusé — dans une entrevue au magazine Maclean’s — Pierre Karl Péladeau d’avoir tenté d’acheter son retrait de la campagne à la chefferie du PQ en février dernier. « Toi, mon tabarnak, je vais t’acheter. Combien tu coûtes ? » aurait lancé PKP à M. Céré à l’issue du conseil national du PQ, indique l’hebdomadaire. L’ex-porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses l’avait comparé à « Citizen Kane » durant ce rendez-vous des militants péquistes.
Dimanche, M. Céré n’a pas voulu dissiper le flou entourant les propos tenus par « Citizen Péladeau » il y a près de trois mois à l’Hôtel Sheraton de Laval. « Tout ce qui vous intéresse, c’est ce potin-là », a-t-il lancé aux journalistes. « Je ne mène pas cette bataille à l’intérieur du Parti québécois […] contre une personne en particulier », a-t-il fait valoir.
M. Péladeau n’a ni nié ni confirmé les propos que lui a attribués M. Céré dans le magazine Maclean’s. « Je n’ai rien à dire sur le pamphlétaire qui s’appelle Martin Patriquin », a-t-il affirmé, prononçant à la française, puis à l’anglaise le nom du journaliste montréalais.
La convergence, ou la stratégie PKP
Pierre Céré, Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Pierre Karl Péladeau ont pris part dimanche à l’avant-dernier débat en vue de la désignation du successeur à Pauline Marois à la tête du PQ. Celui-ci a donné lieu à de rares accrochages. En effet, les quatre candidats toujours en selle ont causé plus que débattu d’enjeux liés à la culture et au développement régional.
L’ex-p.-d.g. de Québecor Pierre Karl Péladeau a notamment proposé de doter le Québec d’une « véritable politique économique » basée sur le principe de la « convergence ». Le Québec a tous les atouts afin de transformer « ici » les ressources naturelles dont son territoire regorge en alliant toutes ses forces, comme sa « matière grise » et son « sentiment entrepreneurial », a-t-il insisté. « Moi, je pense l’avoir réalisée quand j’étais dirigeant d’entreprise. Il y en a qui l’ont critiquée, c’était la politique de la convergence », a-t-il expliqué aux 500 spectateurs.
Le gouvernement fédéral a mis la main haute, en douce, sur les politiques de développement régional après l’annonce de la fermeture des Centres locaux de développement (CLD) et des Conférences régionales des élus (CRE), a-t-il dénoncé. « Dorénavant, on a des unifoliés qui prennent en charge le développement économique. »
Plus tôt, les quatre prétendants à la succession de Pauline Marois se sont engagés à bonifier l’aide gouvernementale aux créateurs québécois. Selon Pierre Céré, « l’État ne peut pas tout, mais il peut beaucoup ». « Il peut » notamment resserrer les mailles du « filet social » destiné aux artistes.
Alexandre Cloutier a quant à lui réitéré sa promesse d’offrir aux étudiants de 3e, 4e et 5e secondaire un « passeport culturel » de 50 $ afin qu’ils puissent profiter de la diversité de l’offre culturelle québécoise.
Les pieds de nez du gouvernement fédéral, notamment le « remplacement des toiles d’Alfred Pellan par des photos de la reine Élisabeth », témoignent de l’urgence de faire l’indépendance du Québec, selon Martine Ouellet. « La culture, c’est l’âme d’un peuple, c’est nous. »
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