La déchéance politique

Élection Québec - 8 décembre 2008



Les Québécois ne font plus confiance aux politiciens. Après les scandales de l'époque de Mulroney, les commandites libérales, les déboires du premier mandat Charest et les révélations qui sont en train d'engouffrer la Caisse de dépôt et placement et l'administration Tremblay à Montréal, rien ne nous surprend.
À nos yeux, les politiciens sont des professionnels dévoués à l'obtention et au maintien du pouvoir, sans idéologie ni principe. Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi.
Même leurs adversaires admettaient l'intégrité et l'intelligence de Lévesque, Trudeau, Lesage et Douglas. Leurs successeurs modernes sont des images sans substance.
La présente campagne québécoise nous fournit un excellent exemple de cette déchéance. À part Québec solidaire qui n'a pas l'oreille de beaucoup d'électeurs, les partis s'échangent des programmes vides qui se ressemblent et auxquels personne ne croit. La rectitude politique est de rigueur. Nous sommes tous pour la compassion et l'assurance maladie. À l'unanimité, nous prêchons contre les déficits et les hausses d'impôts. Tout le monde répète que les temps sont durs, sans présenter un programme cohérent de relance.
La question essentielle n'est pas posée. Comment préserver les acquis sociaux et culturels dans une époque de crise ? Où sont les priorités ?
Le slogan de Jean Charest - «L'économie d'abord» - est particulièrement pernicieux. Bien sûr, l'économie doit être une préoccupation centrale pour un gouvernement, mais quand on dit «d'abord», il y a des choses cachées qu'on veut reléguer aux calendes grecques. Ce slogan prend pour acquis le dogme des adeptes du «Québec lucide» que la création de la richesse est distincte de la distribution et qu'il faut la créer avant de dépenser.
L'ÉCONOMIE
Or, la réalité est différente. Le développement économique, la justice sociale et la culture doivent être gérés en même temps pour atteindre une meilleure qualité de vie. Après l'expérience néolibérale, nous savons parfaitement qu'une croissance statistique peut ne rien apporter à la majorité et bénéficier seulement aux riches. «L'économie d'abord», c'est l'annonce de la continuation du système qui mesure le succès par le taux de croissance, sans se préoccuper de l'être humain.
Le Parti québécois utilise un langage aussi étriqué et aussi peu humaniste sur les questions économiques.
Puisque les gens qui votent s'identifient surtout comme membres de la classe moyenne, tous les partis se précipitent pour gagner l'appui de cette classe. Il n'est pas à la mode de parler des démunis. Pourtant, il existe énormément de pauvreté et, en temps de crise, beaucoup de soi-disant bourgeois sont en danger de tomber dans la pénurie. Personne n'en parle.
Il y a un mois, les Québécois ont eu la sagesse de sauver le Canada d'un gouvernement conservateur majoritaire. Malgré ce succès, il n'existe pas d'opposition unifiée à Ottawa qui pourrait défendre la justice sociale. Un Québec cohérent pourrait devenir cette opposition. Voilà un sujet digne de débat que les partis évitent.
Cela ne veut pas dire que les partis se valent. Très à droite sans le savoir, Mario Dumont est à la recherche désespérée d'un slogan nationaleux ou religieux qui lui permettrait de décoller. Il ne présente aucun attrait.
Même s'il est permis de croire que, pour la justice sociale et l'humanisme, le Parti québécois est la moins terrible des trois options, ce parti n'a pas mené une campagne de renouveau social. La performance de Pauline Marois, au débat, était son seul grand succès. Il est déchirant de devoir voter sans avoir un choix social démocratique qui puisse gagner et sans une véritable discussion des priorités.


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