« Les artisans de l'information ont le droit de se prononcer sur l'avenir de leur média. » C'est ce que défend la présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec pour l'Outaouais, Mylène Crête, en réaction à la décision du quotidien Le Droit de mettre fin à la collaboration de l'éditorialiste Pierre Allard.
M. Allard collaborait depuis 45 ans au journal, dont 12 comme éditorialiste pigiste. Il estime faire les frais d'un texte publié sur son blogue personnel et dans lequel il déplorait la disparition probable des quotidiens régionaux du groupe de presse Gesca.
« Pierre Allard savait qu'il s'exposait à des sanctions en critiquant publiquement son employeur, écrit la FPJQ-Outaouais dans un communiqué lundi. Il s'agirait d'une décision hasardeuse pour tout journaliste, d'autant plus pour un éditorialiste dont les textes doivent refléter la position du journal. Toutefois, la punition nous semble sévère. »« Nous reconnaissons que les artisans de l'information doivent exercer un devoir de réserve, mais nous soulignons à nouveau qu'ils ont également le droit de se prononcer sur l'avenir de leur métier. »
— FPJQ-Outaouais
La FPJQ-Outaouais demande maintenant à la direction du Droit de clarifier sa politique concernant les blogues personnels de ses employés.
L'ex-éditorialiste en remet
La direction du Droit a affirmé vendredi que sa décision n'avait aucun lien avec le blogue publié par M. Allard, mais qu'elle survient plutôt dans le cadre d'une refonte de ses pages d'opinion suite à une « réflexion entreprise il y a plusieurs mois ».
Pierre Allard n'y croit pas. Il en a remis hier en signant un nouveau billet titré Rétablir les faits sur son blogue. « Le rédacteur en chef, celui qui m'a annoncé la décision de mettre fin à ma collaboration de 12 ans à la page éditoriale, a invoqué comme seul motif de mon ''renvoi'' - et ce, on ne peut plus clairement - la publication de mon texte de blogue du 19 mai, intitulé Le silence assourdissant des salles de rédaction », écrit-il.
« On m'a essentiellement reproché d'avoir publié ce texte sans l'avoir soumis au préalable à la direction du journal, et d'y avoir enfreint, par mes propos, le ''devoir de réserve'' de l'éditorialiste. Pour ma part, j'ai plaidé que ce ''devoir de réserve'' ne s'étendait pas aux grands débats sur l'avenir de l'information, sur le passage au numérique et sur le sort éventuel du journal Le Droit au sein de l'empire Gesca. Que ces grands enjeux concernaient tous les artisans du journal ... ainsi que le public lecteur. Et que sur ces questions, on devrait respecter - voire accueillir - la libre expression de chacun, chacune ».
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