QUÉBEC

La loi de Murphy

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L'anxiété à l'approche de la prochaine tuile






C’est au cours de tests effectués par l’aviation américaine à la fin des années 1940 pour évaluer la tolérance humaine à la décélération que l’ingénieur en aéronautique Edward A. Murphy a énoncé la célèbre loi qui porte son nom, que les Français ont rebaptisée plus crûment Loi de l’emmerdement maximum (LEM). La politique est sans doute le domaine où sa justesse est le plus clairement démontrée.


 

Depuis une dizaine de jours, dix jours, le gouvernement Couillard a donné une preuve particulièrement convaincante que « tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal ». Chaque fois qu’il croit avoir trouvé un moyen de reprendre le contrôle de la situation, de nouvelles révélations le replongent dans l’embarras.


 

Après une semaine où le gouvernement a tenté de limiter les dégâts causés par les déclarations fracassantes du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, le déclenchement d’une enquête par le ministère de la Sécurité publique semblait avoir permis de mettre au moins temporairement le couvercle sur la marmite.


 

Peine perdue. De nouveaux courriels obtenus par les enquêteurs de Québecor, dont le filon semble décidément intarissable, sont venus tout foutre en l’air. Le moins qu’on puisse dire est que le témoignage de l’ex-directrice du financement du PLQ, Violette Trépanier, devant la commission Charbonneau était très incomplet, pour ne pas dire franchement trompeur. Jean-François Lisée a aussitôt conclu à la nécessité d’une (autre) enquête sur ce « parjure » qui viendrait s’ajouter à la liste de ceux qui ont été commis durant les audiences de la commission.


 

 


Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a voulu y voir de la « vieille nouvelle ». Désolé, mais le témoignage de Mme Trépanier était loin de faire justice à l’ampleur du trafic de CV qui, par son entremise, ouvrait aux contributeurs à la caisse libérale l’accès à diverses nominations dans l’appareil gouvernemental.


 

On savait depuis la commission Bastarache qu’au bureau du premier ministre Charest, « Mme Post-it » s’employait à vérifier l’allégeance des divers postulants, mais on avait mal évalué l’importance de Mme Trépanier dans ce système. « Je croule sous les piassesssss », écrivait-elle dans un courriel. Ça en devient presque écoeurant.


 

S’il est vrai que l’attaque est souvent la meilleure tactique défensive, les porte-parole gouvernementaux ont fait preuve d’un culot certain en accusant tour à tour M. Francoeur, les partis d’opposition et les médias de saper la confiance de la population envers les institutions. Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, qui a visiblement été chargé d’orchestrer la riposte, a accusé Québecor d’« acharnement thérapeutique » contre le PLQ pour des raisons purement politiques. Que Pierre Karl Péladeau veuille en découdre avec les libéraux, c’est l’évidence, mais on s’acharne généralement sur un patient qui est déjà gravement malade.


 

Le comportement de la directrice des poursuites criminelles et pénales, Annick Murphy, laisse également perplexe. Si elle voulait contribuer à illustrer la loi de son célèbre homonyme, il faut reconnaître que c’était très réussi. Déjà, les allégations de M. Francoeur — selon lesquelles on a empêché une enquête sur deux élus libéraux soupçonnés de trafic d’influence de déboucher sur des accusations — étaient embarrassantes pour la DPCP. Mme Murphy n’a pas aidé sa cause quand elle a dû admettre que toutes les vérifications pour en déterminer le bien-fondé n’avaient pas été faites.


 

 


Quand un gouvernement tombe de Charybde en Scylla, comme c’est présentement le cas, il est important de serrer les coudes. Comme le répètent inlassablement les joueurs de hockey, on gagne ou on perd en équipe. Encore faut-il que tous aient l’impression d’en faire partie. Le moment était particulièrement mal choisi pour semer le doute à ce sujet.


 
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