La monarchie et l’indépendance du Québec

Certes, les dirigeants fédéraux ne voudront pas négocier, mais il y a sûrement d’autres recours internationaux

En cette année du jubilée de platine de la reine d’Angleterre (qui célèbre ses 70 ans de règne), la question de la monarchie constitutionnelle au Canada se pose plus que jamais surtout pour les indépendantistes du Québec. Fort de l’appui de 70% de la population du Québec, qui est favorable à l’avènement d’une république, ce sont surtout les indépendantistes qui revendiquent le plus ce changement de régime. Si le reste du Canada décidait de suivre et de devenir une république, ce ne serait pas la première fois qu’une ancienne colonie britannique le ferait, comme l’Afrique du Sud et l’Australie. En fait, le Canada deviendrait une république indépendante, comme le reste de l’Amérique, à l’exception de la Guyane et autres petits États toujours dépendants des anciennes métropoles que sont la France et l’Angleterre.


Pourtant, les indépendantistes auraient tout avantage à ce que la reine (ou le prochain roi) demeure à la tête du Canada comme chef d’État. En effet, imaginons un instant que le Québec choisisse de se séparer du reste du Canada après un référendum gagnant. Ce qui n’est pas à exclure puisque le soutien à l’indépendance au Québec se maintient toujours, selon les sondages, entre 35% et 40%. Suite à ce nouveau référendum, le Canada anglais (y compris les Néo-Canadiens anglicisés) deviendrait complètement hystérique et, dans un premier temps, refuserait totalement de négocier, en nous traitant de racistes et de fascistes. Il n’y aurait donc pas de reconnaissance des résultats de cette décision obtenue démocratiquement. Les Américains qui auraient tout intérêt à ce que leur partenaire commercial reste stable, parce qu’ils partagent à la fois traités commerciaux, et traités militaires ainsi que frontière. Washington tenterait probablement de convaincre le gouvernement fédéral canadien de négocier avec le Québec, soit un souhait qui y irait à l’encontre de l’opinion publique du reste du Canada et qui susciterait probablement des manifestations hostiles dans les grandes villes hors du Québec.


Que faire alors, avec ce refus catégorique de négocier et cette hystérie collective? La solution semble étonnante mais il faudrait se tourner vers le chef d’État de cette ancienne métropole qu’est le Royaume Uni, soit la reine (ou le roi) d’Angleterre, pour qu’elle ou qu’il fasse un discours, au nom du gouvernement britannique, en appelant les deux partis à négocier de bonne foi. En effet, au contraire des États-Unis qui ont connu une Révolution, une guerre d’Indépendance et une guerre de Sécession, le Canada a toujours tout régler par la négociation y compris le Soulèvement de 1837-1838, qui a débouché sur un règlement 10 ans plus tard, et a mené à l’adoption de l’Acte d’Union en 1840, puis la constitution de 1867 avec l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique. Une constitution qui allait permettre au Dominion du Canada d’avoir pleine souveraineté sur ses affaires internes. Plus tard, en 1931, le traité de Westminster allait reconnaître la souveraineté du Canada en matière de politique étrangère (tout en évoluant toujours dans une monarchie constitutionnelle). L’adoption du drapeau canadien allait suivre en 1964, puis le rapatriement de la constitution en 1982, permettant de rendre la Cour Suprême, cour de dernière instance (y compris en matière constitutionnelle), et d’adopter la Charte canadienne des Droits tout en demeurant toujours une monarchie constitutionnelle. Ainsi, une démocratie canadienne qui a toujours tout réglé par voie démocratique devrait être capable d’en reconnaître une autre, soit la République du Québec, qui serait en effet fondée sur une vieille tradition démocratique, remontant à plus de 200 ans, avec l’Acte constitutionnel de 1791.


Louise Bérard


MA Histoire


DESS Sciences de l’éducation


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Louise Bérard5 articles

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J'ai fait un baccalaurat et une maîtrise en histoire à l'Université de Montréal. J'ai publié trois livres dont deux manuels scolaires et, en 2019, un essai intitulé "L'avènement de nouvelles élites et le déclin de l'État Providence au Québec" qui a été publié en France aux éditions de L'Harmattan . J'ai également eu l'occasion de travailler comme journaliste indépendante puis adjointe à la rédaction pour une revue d'informatique. C'est à compter de cette date que je me suis ensuite consacrée à la révision de texte et à la correction d'épreuves. 





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