La peau des étudiants

Tribune libre

Voilà que Lucien Bouchard en remet. Après sa description de l’état des lieux du Québec quant à la question de la souveraineté, le voici qui entre en scène avec quelques autres apologistes de la présumée lucidité. Les banques doivent se frotter les mains en ce moment.
J’ai du mal à croire que tout ceci a été orchestré ponctuellement, que Bouchard, Facal et Jérome-Forget se soient téléphonés tout bonnement pour un appel au ’’bon sens’’ alors que le ministre des finances, Raymond Bachand, parlait déjà cette semaine d’une révolution culturelle où le principe d’utilisateur-payeur serait le modèle privilégié dans un avenir rapproché. Remarquez qu’il s’est bien gardé de donner des informations sur le prochain budget qu’il déposera. Tout cela ressemble curieusement à un écran de fumée que le PLQ met à l’avant-scène pour se mettre à l’abri des critiques et lui permettre de poursuivre avec son agenda comme s’il s’agissait d’une nécessité logique de l’histoire du Québec.
Ce qui sidère encore plus, c’est que la population entonne les chants néolibéraux et acceptent, non seulement sans broncher, mais en APPLAUDISSANT ces mesures rétrogrades. On dirait qu’au Québec, le discours de la rectitude politique a été élevé jusqu’à être intronisé à hauteur de vertus telles que le courage. Les Pratte, Dubuc, Montmarquette et autres Grands Vizirs de la tarification et de la privatisation mâche et remâche, jours après jours dans leurs colonnes respectives, leurs thèses infectes tirées tout droit de l’IEDM. On dirait qu’au Québec, lorsque la plèbe perd du terrain, tout le monde applaudit, y compris les principaux intéressés.
Bourdieu, un célèbre sociologue français, a développé le concept de l’habitus, qui explique la nature du comportement humain en fonction de l’expérience de socialisation qui est intrinsèquement reliée à l’endroit ou il évolue. Il faut la distinguer d’une simple habitude, qui n’est que l’adoption d’un comportement donné de manière tout à fait ponctuelle. L’habitus nous en dit beaucoup plus sur l’origine, la culture, les règles et les normes sociales en vigueur dans l’endroit ou l’individu se développe. Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que, depuis les années 1970, la mentalité peut-être un peu plus tributaire des idées Marxistes se soit étiolée. Ces tendances ont été le fruit d’années d’acharnement de la part de think tanks tels que l’IEDM, qui martèle sans relâche son discours remplis de raccourcis pour satisfaire la bourgeoisie et la classe possédante. Ces idées néolibérales sont devenus le leitmotiv de la classe moyennes et se sont élevés au rang d’habitus. Voilà comment et pourquoi elles se sont greffées de manière si durable dans l’esprit des Nord-Américains. Voilà pourquoi, lorsque la bourgeoisie se lève pour faire un appel au ’’Gros Bon Sens’’, les Québécois applaudissent. Comment pourraient-ils faire autrement qu’approuver alors qu’ils ne font qu’être appelés à sanctionner ce qu’ils sont, c’est-à-dire des êtres qui ont intégré ces idées jusqu’à les incarner ?
Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que tout porte à croire que les économistes-mercenaires et leurs sbires auront la peau des étudiants... !


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 février 2010

    Je suis vraiment désolé pour les jeunes Québécois. Les vieux, comme Lucien Bouchard, vous ont abandonnés royalement. Ils vous pissent dessus avec le reste des collabos sans fierté que sont les fédéralistes du Québec.
    En Suède, il en coûte pas un sous pour étudier, de la maternelle au doctorat. Par contre, la plupart des écoles sont privées, mais sous les conditions et les critères de l'État.
    Concernant l'aide financière aux études, nous n'avons pas besoin de faire affaire avec la banque. Un étudiant à l'université reçoit en aide financière environ 1200$ par mois, le tiers en bourse. L'Étudiant peut aussi choisir de seulement prendre la bourse et peut gagner un salaire à côté d'environ 11000$ par année. Donc, un étudiant en Suède, sans s'endetter, sans devoir payer un sous pour les études, peut avec la bourse et son revenu d'étudiant vivre avec environ 15000$ par année. Pas mal, non?
    Pour ma part, lorsque j'étudiais à l'université au Québec, la seule année ou j'aurais pu avoir droit à une bourse de l'AFE, c'est l'année ou Charest a coupé de moitié la portion bourse et doublé la portion prêt. Donc j'Ai eu une tite bourse et je me suis doublement endetté. Je l'ai encore sur le coeur aujourd'hui.
    Lorsque Charest a été réélu par la suite, c'est la que je savais que, par respect pou mon intelligence, je n'avais aucun avenir au Québec. Et ça empire jour après jour. J'ai un grand respect pour les Québécois, je ne sais pas comment vous faites pour endurer la déconstruction de l'État, ce statu quo insoutenable, surtout les jeunes, qu'attendez-vous pour allez manifester? La dernière grande manifestation a eu lieue lorsque Charest voulait changer l'aide financière. C'était ma génération, et nos parents ont réélu Charest deux fois par la suite.
    Je ne sais pas comment vous faites pour endurer les débats vide entre la gogauche et la droidroite.
    Le modèle suédois, celui de 2010, est là, vous n'avez qu'à l'étudier et l'appliquer au Québec.
    Il n'y a pas de mal à être à droite pour l'économie, être d'accord avec le libre-marché et le capitalisme. LA Suède est réellement capitaliste, plus que les États-unis qui est socialiste pour les banques et l'industrie automobile seulement. La Suède n'a pas bailouté les banques, et ni Volvo ni Saab, par exemple. Au Canada, Ottawa a offert des milliards de dollars pour GM, VOTRE ARGENT cibole.
    Et puis, même dans un pays capitaliste, pragmtique, réaliste, il est possible que l'éducation ne coûte pas un sous, en occurence la Suède. Il est possible d'avoir un ticket modérateur pour les soins de santé. Pourquoi le PLQ, plutôt que d'augmenter les frais de scolarité, qui touche les jeunes, ne favorise pas plutôt un ticket modérateur pour les soins de santé? En Suède, on doit payer 15$ par visite chez le médecin, et personne pleurniche.
    Oui, le PLQ ne veut pas mettre de ticket modérateur, car il sait que ça va toucher les plus vieux, son électorat, le même qu'il a séduit lors de l'élection de 2003. Partout dans les médias depuis quelques jours on parle d'un problème, d'un chaos inégalé, dans les urgences du Québec. Pourtant, le PLQ s'est fait élire en promettant de régler ce problème, mais c'est maintenant deux fois pire.
    N'êtes-vous pas tannés de mourir bande de caves?