La rage au coeur

11 septembre 2001


Depuis le 11 septembre 2001, une grande partie du monde vit la rage au coeur. La rage d'écraser, la rage de détruire, la rage de triompher, des rages meurtrières qui l'emportent sur le plus élémentaire bon sens qui voudrait que les peuples de la terre et leurs croyances puissent cohabiter avec tolérance et respect. De part et d'autre. Sans mépris et sans violence.
Nous n'avons qu'une seule petite planète. Nous sommes tous dans le même bateau. On pourrait penser que les humains mettraient toute leur intelligence à s'assurer un voyage aussi paisible que possible pour le temps qu'il va durer. Depuis que la planète existe, ses habitants s'entre-détruisent. Pour un bout de terre, une frontière, un Dieu, une couronne, un drapeau, pour de l'or ou un peu de pétrole. Toutes les excuses sont bonnes pour s'égorger les uns les autres. La haine a toujours été considérée comme un excellent moteur de développement économique.
L'horreur humaine
Il est difficile de rester sain d'esprit au milieu de tant de haine. Le 11 septembre 2001, l'horreur humaine a atteint des sommets spectaculaires à deux pas de chez nous. Spectaculaires parce que nous avons vécu l'horreur en direct peut-être pour la première fois de tous les temps. Les caméras n'étaient pas aux premières loges comme maintenant quand Hiroshima a eu lieu. Ni quand on coupait la tête des nobles à Paris, ni pendant que des juifs mouraient dans des camps de concentration, ni pendant les Croisades, ni pendant le génocide du Rwanda, ni à aucun autre horrible moment de l'histoire des hommes.
Cette fois, nous y étions. Les tours américaines sont tombées en direct. L'horreur en technicolor.
Nous avons su dès les premières minutes que le monde venait de basculer et que plus rien ne serait jamais pareil. Nous l'avons compris instantanément. C'est après que ça s'est compliqué.
Qu'est-ce qui a changé?
Cinq ans plus tard, personne n'a encore trouvé la réponse. La poussière est loin d'être complètement retombée. Nous avançons à tâtons, pataugeant encore dans les décombres. Bien sûr le trou a été nettoyé à New York. Les plans sont prêts pour la reconstruction. Des spécialistes ont tenté d'expliquer le pourquoi, le comment et l'impossible retour en arrière.
Mais les décombres, nous en avons plein la tête. Tous, autant que nous sommes. Des mots que nous connaissions à peine font maintenant partie de notre vocabulaire quotidien: terreur, sécurité, fouille, victime, kamikaze, bombe humaine. Comment faire le tri dans les messages haineux qui nous viennent de toutes parts?
Serions-nous face à une guerre entre les dieux? Dans une guerre à cette hauteur, tous les dommages collatéraux sont interdits. Les humains devraient pouvoir s'abstenir et laisser les dieux se battre entre eux. Nous ne sommes pas de taille quand on se balance les livres sacrés au visage de part et d'autre.
Choisir la paix
Quel autre choix l'être humain, doué d'intelligence, pourrait-il avoir? A-t-il tort de penser que si on mettait autant d'argent, autant d'efforts, autant de volonté à faire la paix qu'à faire la guerre, notre monde serait meilleur? Serions-nous plus en sécurité? C'est, paraît-il, LA question qu'il faut se poser en ce jour de commémoration. La réponse paraît pourtant tellement évidente qu'il est pratiquement inutile d'y répondre.
Le problème, c'est la désescalade. Il faudrait savoir baisser le ton, bâtir des ponts de compréhension, chercher des terrains d'entente, parler de nos ressemblances plutôt que de nos différences. Faire taire les canons, les fusils, les bombes. Dire le respect au lieu du mépris, des deux côtés à la fois. Et puis s'unir avec les musulmans pour la paix partout dans le monde.
À moins d'un miracle, il va falloir du temps. Et des humains de bonne volonté.


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