Pauvre, pauvre SAAQ

Québec - prochaines élections 2007


Le conseil d'administration de la SAAQ vient de s'enlever du chemin pour permettre au premier ministre Jean Charest de déclencher des élections à l'automne si le coeur lui en dit.
Comment interpréter autrement le recul de la SAAQ, qui crie au loup depuis le printemps dernier en réclamant une augmentation de ses tarifs d'assurance, de toute urgence, affirmant ne plus pouvoir remplir son mandat tellement elle manque d'argent, et qui remet ses hausses à l'an prochain comme si de rien n'était.
Que peut-on en conclure sinon que la SAAQ a baissé pavillon devant les interventions politiques ? Que son conseil d'administration, composé surtout de libéraux notoires, dont sept ou huit fraîchement nommés, a préféré se mettre à plat ventre plutôt que de se tenir debout ?
Est-ce ce qu'on peut appeler ça de la bonne administration ? Bien sûr, la tentation est grande pour les honnêtes citoyens de se réjouir de ne pas avoir à payer tout de suite les augmentations qui avaient été annoncées. On peut avoir envie de se dire qu'on préfère garder cet argent dans nos poches plutôt que de l'envoyer à la SAAQ.
Surtout quand on sait que la SAAQ a manqué à tous ses devoirs en ne veillant pas comme un chien de garde sur l'argent que nous lui avions déjà confié depuis qu'elle existe, et qu'elle a laissé gruger son fonds de réserve par le gouvernement lui-même, qui s'est servi à deux mains dans notre argent sans que la SAAQ nous en avertisse avant que les dommages soient faits.
Le prix à payer
Sauf qu'il faut savoir qu'il y aura un prix à payer pour ce temps gagné par les citoyens avant qu'ils aient à débourser davantage pour leur assurance automobile. La SAAQ a déjà annoncé comment elle entendait s'y prendre pour «survivre» jusqu'à ce que ses machines aient été ajustées à la nouvelle façon de faire (c'est l'excuse qu'elle a donnée pour reporter ses augmentations d'un an) ou que la prochaine élection au Québec soit derrière nous parce que le gouvernement, visiblement, ne veut pas d'augmentation avant l'élection.
Elle fera des économies pour survivre. Des économies de toutes sortes. Parmi ces économies annoncées (personne ne l'a vu passer), il y a une coupure de 130 millions de dollars dans les indemnités versées aux accidentés. Cent trente millions, ce n'est pas rien.
Si certains accidentés reprochaient déjà à la SAAQ de ne pas être aussi généreuse qu'au début, d'avoir perdu de vue son slogan du départ, «La personne avant toute chose», d'être devenue tatillonne, bureaucratique et sans-coeur, vous n'avez pas fini d'entendre les plaintes qui ne manqueront pas de surgir à partir de maintenant. Si les ordres venus d'en haut, soit des patrons de la SAAQ, sont de couper 130 millions dans les indemnités, comment va-t-on y arriver sans faire mal à ceux et à celles qui feront face à l'horrible machine que peut devenir un organisme d'État quand la justice n'est plus son objectif premier?
Comment vont se comporter ces fonctionnaires qui devront faire appliquer des normes strictes dont le seul objectif sera d'économiser l'argent au maximum ? Cent trente millions de moins pour les accidentés, quel gâchis ça peut devenir!
Des excuses
La SAAQ, en faisant ce choix, vient de choisir de se mettre au service du gouvernement plutôt qu'au service de la population. Par le fait même, elle trahit sa raison d'exister.
On pourrait penser qu'il viendrait à l'esprit de quelqu'un, quelque part, au nom du gouvernement, de présenter ses excuses aux citoyens pour un détournement de fonds dont on n'a pas fini de corriger les effets néfastes. Tout le monde s'en lave les mains.
Et vous, le citoyen, taisez-vous! Et payez! Ici, c'est L'ARGENT AVANT TOUTE CHOSE.


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