Le 11 septembre 2001, à New York, deux avions percutent les tours jumelles du World Trade Center. Des terroristes membres du réseau islamiste Al-Qaïda ont fait 2 979 morts. Humiliée, l’hyperpuissance étatsunienne, présidée alors par George W. Bush, part en chasse contre le présumé commanditaire, Oussama Ben Laden… qui court toujours! Le 31 août 2010, le président Barack Obama met officiellement un terme à l’inutile mission de combat des États-Unis en Irak. *
http://www.ledevoir.com/international/proche-orient/295411/irak-la-guerre-inutile
Le 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, le général Augusto Pinochet renverse par un coup d’État militaire le président démocratiquement élu Salvador Allende et il installe une sanglante dictature, avec le soutien des États-Unis. Le rêve d’un socialisme démocratique et d’une gouvernance humaniste non autoritaire de Salvador Allende prend fin avec son suicide (au service de ses idéaux), dans le palais présidentiel de la Moneda.
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/09/MOULIAN/10515
Le 11 septembre 1906, à Johannesburg en Afrique du Sud, le jeune indien Mohandas K. Gandhi amorce sa résistance pacifique contre les lois ségrégationnistes britanniques. Pour lutter contre les discriminations, il préconise la désobéissance passive et collective sous la forme de manifestations, boycottages et grèves d’occupation. Au prix de plusieurs séjours en prison, il remporte des victoires spectaculaires. Après cette longue marche de la non-violence consacrée à l’indépendance de l’Inde, Gandhi a vu son pays déchiré par des guerres religieuses sanglantes. Le Mahatma entame alors plusieurs grèves de la faim pour convaincre ses compatriotes d'interrompre les violences. C’est un échec. Au terme d’une vie au service de la non-violence, Gandhi est assassiné par un extrémiste.
http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=42
Ces trois drames ont des points communs. Ils se rejoignent par des détours inattendus dont l’Histoire détient le secret. Il y a d’abord la conscience et le respect des droits humains bien sûr. Mais également, ces événements nous amènent, encore aujourd’hui, à arrêter des choix personnels et collectifs fondamentaux, entre : la guerre ou la non-violence, les intérêts particuliers de quelques-uns ou le bien commun, le laisser-faire anarchique ou la justice sociale et la solidarité.
Quels sont les grands enjeux démocratiques actuels qui pourraient être autant de 11–septembre de demain?
- L'explosion des inégalités : de moins en moins de riches affichent de plus en plus de richesse, et de plus en plus de pauvres sont de plus en plus pauvres.
- Une expansion économique prédatrice essouffle les écosystèmes de la planète.
- Les nombreuses nouveautés technologiques grand public isolent paradoxalement les individus et banalisent les savoirs.
- Les actions de la droite conservatrice et du terrorisme religieux s’imposent, tandis que les valeurs sociales-démocrates de la gauche se dispersent dans les analyses et les chapelles.
- Les pays émergents – Chine, Inde, Brésil – deviennent le centre de gravité des multinationales et ils basculent les actuelles puissances politiques – États-Unis, Europe, Russie.
La principale «affaire» qui compte à notre époque, c'est la mondialisation de l'économie, désormais hors contrôle. On constate que la personne, le social, la culture, le bien public et l’État… ne pèsent plus beaucoup. D'un côté, nous avons quelques mouvements sociaux défensifs et agressifs; de l'autre, un individualisme de consommation et de divertissement abrutissant. Au milieu, des dirigeants politiques avides de pouvoir, à la langue de bois; des faiseurs de riches et des porteurs de vide. Notre démocratie est malade de ses dirigeants politiques.
On tient trop la démocratie pour acquise. Elle est fragile, changeante, soumise à l’emprise du marketing et des idéologies. Elle est victime des assauts répétés des intérêts privés et des puissances de l’argent. Elle souffre toujours de notre indifférence. Où sont les Gandhi et les Allende d’aujourd’hui?
Devant l’insupportable, résister. Défendre les valeurs démocratiques doit être le combat incessant de tous les citoyens. Il s’agit de réaliser la démocratisation radicale de toutes les sphères de la société. De revenir aux conditions exigeantes des droits et libertés. Oui, mais comment? Avant qu’il ne reste plus que la rue et la violence! Débattre en public. S’engager dans son milieu. Et… allez voter, parbleu!
Quoique la résistance soit perçue chez la plupart des humains comme un acte libérateur, il ne faut pas sous-estimer les ferments de la révolte chez quelques-uns, bien que seul un minimum de solidarité redonne le goût du vivre ensemble.
Gilles Châtillon
* En mettant récemment «fin aux opérations de combat» en Irak, le président Obama ne crie pas victoire. Les États-Unis sortent piteux d'une prétendue «guerre juste» qui a tué 4 427 GI et blessé 34 268 autres... et coûté mille milliards de dollars (3 000 milliards selon le prix Nobel de l’économie Joseph Stiglitz), sans oublier les 150 000 à 400 000 Irakiens morts innocemment et des millions d’autres exilés. En Afghanistan, la guérilla islamiste marque actuellement des points contre Washington, tandis qu’au Pakistan, les chefs talibans les plus radicaux entrainent toujours des terroristes.
Note : Pour qui veut une société juste, il faut lire le très documenté dossier Le pouvoir de la désobéissance civile dans la revue Relations de septembre 2010.