Controverse entourant les invités aux célébrations du 400e

La reine n'est pas la bienvenue à Québec

Québec 2008 - La Reine d'Angleterre au 400e ?

Québec -- La venue possible de la reine d'Angleterre à Québec, pour les fêtes du 400e anniversaire de fondation de la ville, provoque un tollé au sein des forces souverainistes. Furieux, le président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose, traite de «colonisés» les administrateurs de la Société du 400e de Québec, qui dressent une liste d'invités potentiels avec les gouvernements du Québec et du Canada, sur laquelle figure le nom de la reine Élisabeth II.

«C'est totalement indigeste et imbuvable que la reine d'Angleterre vienne promener sa postiche pour saluer la naissance de la nation québécoise. C'est inacceptable», a tonné M. Larose en entrevue à la Presse canadienne. Il accuse les forces fédéralistes de procéder à une opération de recyclage canadien des symboles québécois. «Le dernier élément en liste étant d'essayer de faire croire que la nation canadienne a vu le jour en 1608, avec une visite de la reine, symbole le plus colonial, le plus réactionnaire de la monarchie anglaise», a-t-il fulminé.
M. Larose s'est montré particulièrement sévère à l'endroit de la Société du 400e de Québec. «Que des Québécois se prêtent à ce jeu-là, en parfaite contradiction avec ce qu'ils veulent souligner, alors là, on est dans l'aliénation la plus totale», a-t-il lancé.
À la Société Saint-Jean Baptiste, le premier vice-président, Mario Beaulieu, a lui aussi réagi avec stupéfaction.
Il juge que la reine n'a pas sa place lors des festivités entourant la fondation de la ville par un pionnier de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain.
«Ce n'est pas du tout une bonne idée. Le Québec cherche de plus en plus à se défaire des symboles de la monarchie, de l'impérialisme et de l'Angleterre, qui a systématiquement assimilé les minorités francophones au Canada», a-t-il déclaré.
Appelé à commenter cette situation controversée, le président de la Société du 400e de Québec, Pierre Boulanger, a évité de dire s'il souhaitait personnellement la venue de la reine. Il n'a pas nié que le ministère canadien des Affaires étrangères planche sur cette possibilité. «Si le gouvernement fédéral décide de l'inviter, eh bien, on va... », a-t-il dit, hésitant, avant d'interrompre sa réflexion, poursuivant ainsi: «Les gens qui vont vouloir venir à Québec nous souhaiter bonne fête, on va être très heureux de les accueillir et on va s'organiser avec leur présence [sic], mais au-delà de ça, ce n'est pas à moi de décider qui on va inviter au party.»
M. Boulanger a affirmé qu'il est prématuré de conclure que la reine sera invitée à Québec pour les commémorations du 3 juillet 2008, précisant que la liste officielle sera rendue publique d'ici quelques semaines.
Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, ne voit quant à lui aucun problème à la venue possible d'Élisabeth II, qui serait présente, dit-il, en sa qualité de reine du Canada.
Il ne craint pas que la population québécoise réagisse négativement à la présence de la reine parmi les dignitaires, même si l'Angleterre a conquis la Nouvelle-France par les armes en remportant la bataille des plaines d'Abraham en 1759.
M. Pelletier a accusé les souverainistes qui s'insurgent contre cette visite éventuelle d'alimenter de vieilles rancoeurs.
«Je pense vraiment que ce sont des rancoeurs qui n'ont plus leur place dans le Québec de 2007. La réalité de la Conquête est indéniable, mais nous sommes une société accueillante et ouverte», a répliqué le ministre Pelletier.
L'ex-députée libérale de Jean-Talon, Margaret Delisle, avait accueilli la reine Élisabeth II lors de son dernier passage au Québec, le 21 octobre 1987, alors qu'elle était mairesse de Sillery, une ville fusionnée à Québec depuis lors. Interrogée à ce sujet, Mme Delisle a indiqué que ce passage de la reine à Québec n'avait pas suscité de manifestations, ajoutant que, personnellement, elle ne voyait aucune raison de s'opposer à une autre visite de la souveraine britannique. «C'est sûr que des indépendantistes vont dire qu'elle n'a pas d'affaire ici, mais bien d'autres personnes seraient bien contentes qu'elle vienne», a conclu Mme Delisle.


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