La situation conjugale de Maka Kotto pose un problème d'éthique

Tous les dossiers provenant de Longueuil ne devaient pas lui passer entre les mains

Pour éviter de miner la crédibilité des élus

Le ministre Maka Kotto a dû prendre toute une série de mesures pour se conformer au code d'éthique des élus et éviter d'entacher l'image d'intégrité du gouvernement de Pauline Marois, indiquent des documents obtenus par La Presse Canadienne.
En le nommant ministre de la Culture, en septembre, Mme Marois a placé M. Kotto dans une situation potentielle de conflit d'intérêts, en raison de ses liens avec la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, qui est son épouse.
Dans l'exercice de ses fonctions, M. Kotto aurait le pouvoir de faire primer les intérêts de son épouse, en distribuant des fonds publics à divers projets culturels défendus par la ville de Longueuil, dont la construction d'un complexe culturel de 40 millions $, une des priorités de Mme St-Hilaire.
Or, plusieurs verrous devraient faire en sorte d'éviter au ministre de miner l'intégrité du gouvernement.
M. Kotto devra notamment se retirer de la table du conseil des ministres chaque fois qu'un dossier de Longueuil sera étudié, qu'il soit de nature culturelle ou autre.
Les secrétaires de tous les comités ministériels du Conseil exécutif et du Conseil du trésor où il siège ont été prévenus que M. Kotto devrait quitter la pièce chaque fois qu'il est question de Longueuil, la cinquième ville en importance au Québec.
La sous-ministre de la Culture, Rachel Laperrière, les membres de son cabinet, de même que tous les dirigeants des sociétés d'État du secteur culturel (notamment la Société de développement des entreprises culturelles et le Conseil des arts et lettres) ont été avisés que tous les dossiers provenant de Longueuil ne devaient pas lui passer entre les mains.
Les demandes d'aide provenant de la municipalité ou d'organismes culturels de Longueuil seront traitées au niveau administratif, par la sous-ministre Laperrière, et ne devront jamais franchir la porte du cabinet ministériel.
Dans une lettre transmise le 15 octobre au secrétaire général du gouvernement, Jean St-Gelais, M. Kotto s'est même engagé à ne jamais discuter avec ses collègues, «même en privé», de toute question relative à la ville de Longueuil.
Il a aussi promis de ne jamais «exercer ou tenter d'exercer directement ou indirectement quelque influence» sur le gouvernement à propos des projets menés par la ville dirigée par son épouse.
Pour s'assurer qu'il ne prêterait pas flanc à des accusations de conflit d'intérêts, M. Kotto a également demandé, en octobre, un avis sur sa situation au Commissaire à l'éthique et à la déontologie, Jacques St-Laurent.
Ce dernier, dans une lettre datée du 5 novembre, a confirmé que les mesures prises par M. Kotto étaient en conformité avec l'esprit et la lettre du code d'éthique imposé aux élus de l'Assemblée nationale.
En entrevue, M. Kotto a dit qu'il avait pris lui-même l'initiative, sans pression de quiconque, de faire examiner sa situation conjugale sur le plan de l'éthique.
Le ministre de la Culture dit accepter avec sérénité les contraintes politiques causées par sa situation conjugale. Il est entré en politique comme on entre en religion. «Je le vis comme on vit un sacerdoce, alors je suis très à l'aise avec ça», dit-il.
En tant qu'immigrant ayant connu une ascension rapide dans la monde politique après une carrière d'acteur, M. Kotto estime incarner un «modèle» pour bien des nouveaux Québécois venus d'ailleurs comme lui.
«Je n'ai pas le droit à l'erreur», commente celui qui dit vouloir «sortir de la politique la tête haute».
C'est la ministre de l'Éducation et responsable de la Montérégie, Marie Malavoy, qui devra remplacer M. Kotto quand sa présence sera requise à Longueuil.
«Je ne peux même pas échanger avec elle» sur ces questions, dit M. Kotto.
En campagne électorale, l'été dernier, Mme Malavoy (qui est députée de Taillon, circonscription située à Longueuil) s'était prononcée en faveur du soutien financier du ministère de la Culture au projet de complexe culturel, un dossier qui répond selon elle à tous les critères.
La ville demande à Québec d'acquitter la moitié de la facture, soit 20 millions $ de fonds publics, pour construire cet équipement.


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