Commissions scolaires: Québec opaque sur ses intentions

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Vers une centralisation du pouvoir ministériel

Le ministère de l’Éducation refuse de rendre public quelque document que ce soit relatif à son projet visant à transformer à court terme les commissions scolaires en centres de services.


La Presse canadienne a frappé un mur en tentant d’en savoir davantage sur le projet gouvernemental, à l’aide d’une demande d’accès à l’information.


Pourtant, les documents requis existent bel et bien, a confirmé la responsable de l’accès à l’information dans sa décision rendue récemment, mais le ministère refuse de les transmettre.


Cette situation inquiète au plus haut point les dirigeants des commissions scolaires, qui sont dans le noir et craignent de voir le gouvernement Legault s’apprêter à centraliser les pouvoirs à Québec, au mépris de la démocratie scolaire.


Conformément à la promesse électorale de la CAQ, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, doit déposer à court terme, possiblement dès septembre, son projet de loi visant à abolir les élections scolaires et à transformer les commissions scolaires en centres de services.


Baroud d’honneur, la Fédération des commissions scolaires (FCSQ), se faisant le défenseur de la démocratie scolaire, rendait publique vendredi une campagne publicitaire visant à alerter la population sur les dangers du projet gouvernemental.


Le gouvernement Legault a entrepris «un débat stérile de structures» dans le réseau scolaire, a déploré le président de l’organisme, Alain Fortier, en conférence de presse, vendredi.


Le ministre Roberge aime affirmer qu’il n’a rien à cacher, mais demeure toujours vague sur la nature exacte de ses intentions et de l’impact réel de sa future loi sur la gestion du réseau.


Il souffle le chaud et le froid, réclamant une transformation de structure, tout en se montrant rassurant en affirmant que plusieurs services rendus présentement par les commissions scolaires continueront à être offerts par les centres de services, comme le transport scolaire, les embauches et les projets de rénovation d’écoles, notamment.


En principe, le but poursuivi par le gouvernement consiste à donner plus de pouvoirs et d’autonomie aux directions d’écoles.


Pour l’essentiel, la demande d’accès à l’information visait précisément à connaître l’étendue et la limite des nouvelles responsabilités dévolues aux futurs centres de services et aux écoles.


On cherchait aussi à savoir si le ministère avait évalué le coût de toute cette opération.


À la FCSQ, on croit que le gouvernement, tout en affirmant vouloir donner plus de pouvoirs aux écoles, veut en fait s’arroger plus de pouvoirs, par exemple en nommant les personnes qui vont diriger les nouvelles structures.


«C’est évident pour nous : on est dans une démonstration d’un exercice de centralisation des pouvoirs» en matière d’éducation, selon M. Fortier.


Il dit craindre que, dorénavant, les dirigeants du réseau seront redevables au premier ministre, au lieu de rendre des comptes à la population.


D’où l’importance, selon lui, de maintenir les élections scolaires et les commissions scolaires telles qu’on les connaît.


Sinon, on assistera à «une perte de droits démocratiques : ça pour nous c’est fondamental», a-t-il dit.


La campagne publicitaire en cours visera précisément à expliquer à la population «ce qu’on est en train de lui enlever», soit «un pouvoir citoyen».


N’empêche, les élections scolaires sont en général boudées par les citoyens. Le taux de participation n’atteint même pas 5 %.


Le Québec compte 72 commissions scolaires.




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