Prise dans le cercle vicieux de la violence, la Tunisie traverse une crise multidimensionnelle, idéologique, politique, économique. Un bilan bien sombre après la destitution de Ben Ali. Face à cette situation le gouvernement tunisien laxiste, produit d’une arnaque électorale, est en panne. Comme attendus le signe avant-coureur d’une recrudescence de la violence, a été annoncé depuis décembre dernier par l’assassinat de Lotfi Nakhd, militant de Nida Tounès, suivi récemment de celui de Chokri Belaïd du Parti Patriote Démocrate, et ce, au moment où les islamistes nourris et assistés par un Qatar aux desseins sournois, n’ont rien trouvé de mieux à faire que l’apologie de la violence. Pas de solution venant de l’intérieur de la torpeur dans un monde dominé par une crise économique. Dans ce contexte, l’Algérie aujourd’hui entouré de pays en crise où les puissances impérialistes occidentales jouent chacune leur partition en sous-main, a déjà annoncé sa couleur, en repoussant la menace djihadiste comme l’on démontré les forces de sécurité à In Amenas (Sud de l’Algérie).
Nous présentons au quotidien La Nouvelle République d’Alger [http://www.lnr-dz.com/pdf/journal/journal_du_2013-02-13/lnr.pdf] une analyse économico-politique de cette conjoncture troublante. Cherif Abdedaïm est journaliste et écrivain [http://cherif.dailybarid.com/].
QUESTION NR : Quel bilan pourrait-on faire deux années après le changement de régime en Tunisie ?
Robert Bibeau (RB) : Commençons par le commencement
Il n’y a pas eu de changement de régime en Tunisie, il y a eu changement de la garde prétorienne. Pour analyser, comprendre et expliquer la révolte populaire tunisienne il faut remonter à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. Voici une « révolution » qui ne parvint jamais à maturation et à trancher le nœud gordien de son passé compradore, et pour cette raison, elle piétine et tourne en rond depuis plus de deux ans maintenant (décembre 2010 à février 2013).
Rappelez-vous, dans un geste dramatique le jeune Mohamed Bouazizi, maçon de sa condition – résigné petit marchand ambulant sur la place du marché – s’immole dans son quartier paupérisé. Face à cette torche humaine, symbole agonisant de la résistance aux exactions de la flicaille locale, avalisée par leurs officiers et haut gradés à rançonner tout métayer, marchand ambulant ou tenancier – ils doivent bien manger ces policiers et quand la solde est maigre et irrégulière les ripoux prolifères.
Divers éléments sont frappants dans cette tragédie. D’un côté, l’indigence du petit peuple tunisien – on pourrait tout aussi bien écrire égyptien, libyen (maintenant qu’il a été soi-disant «libéré» !), yéménite, soudanais et malien – réduit pour partie à la mendicité, au chômage, aux petits boulots, à la débrouille sociale et aux petits larcins, trafics et criminalité en tout genre. De l’autre côté, face à cette misère humanitaire, une ploutocratie bien engraissée, enrichie par les prébendes laisser par les multinationales qui sucent le sang de la classe ouvrière tunisienne – on pourrait tout aussi bien écrire égyptienne, libyenne, yéménite, soudanaise et malienne – une oligarchie prévaricatrice, roublarde, spoliatrice, imposant son pouvoir opprimant, discrétionnaire et s’en mettant plein les poches au milieu du dénuement populaire.
Au centre de cette division tranchée, entre ces deux forces opposées, toute une coterie de petits bourgeois, d’intellectuels, de politicailleux prétentieux, de journalistes et communicateurs gouailleurs, de petits dirigeants des sévices et de petits professionnels des services, commis de l’État, agent de répression et autres chantres de la «démocratie de la participation», qui tous, parasitent le système d’exploitation, jouent les entremetteurs, s’agitent politiquement, singes les agissements des grands gourmands et spolient les petites gens et les manants – il n’y a pas de petits profits en Tunisie – et ils arnaquent ou matraquent ainsi ceux d’en bas ; les ouvriers, les paysans, les artisans et les marchands ambulants et tous les autres paumés qui passent à leur portée.
QUESTION NR : Face à cet état de fait, on constate un laxisme de la part du gouvernement tunisien. Comment peut-on expliquer ce laissé faire ?
RB : L’improbable révolution
La classe ouvrière n’étant pas organisée, ni dirigée, ni représentée sur l’échiquier politique nationale nous avions déjà annoncé en décembre 2010, que cette révolte populiste serait dévoyée et en aucun cas transformée en une révolution authentique (renversement radicale de toute la classe politique et économique capitaliste monopoliste tunisienne compradore – et nous avions fait le même constat pour l’Égypte, le Yémen, etc.) [http://www.ism-france.org/analyses/Le-printemps-de-Tunis--article-14916 et http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html].
Dès le début de la colère populaire les classes intermédiaires, coincées entre les ouvriers et le peuple d’un côté et de l’autre les oligarques, les mandarins du pouvoir, les grands larbins à la botte de Ben Ali - le dictateur mafieux, lancèrent leurs slogans réformistes : «Cette guerre de classe est une guerre pour bénéficier de la démocratie des riches», entendez ceci : «Il y a des décennies que la même clique monopolise la mainmise sur la machine d’État et empoche les prébendes, les restants de plus-value, les profits usuriers abandonnés par les monopoles étrangers. Il est temps que l’on change la garde électoralement. À nous l’assiette au beurre et l’argent du beurre». Par milliers ces cliques et ces clans mobilisèrent leurs militants pour gagner l’élection mystifiante, le nouvel opium des peuples.
L’oligarchie compradore tunisienne, prenant la mesure de l’ampleur de la jacquerie populiste dans le pays, consentit à sacrifier l’ex-parrain Ben Ali qui partit en catimini se planquer chez son ami le roi d’Arabie avec tous ses profits mal acquis.
Professionnels, petits marchands, fonctionnaires, journalistes et reporters, syndicalistes et petits seigneurs prévaricateurs restés si longtemps sur la touche, si loin du râtelier, crurent arriver l’heure de bouffer dans l’auge gouvernementale et de festoyer. Un écueil se présentait cependant – ils avaient demandé des élections et des élections ils auront – et voilà que les intégristes – islamistes remportèrent la mise électorale et thésaurise aujourd’hui les petits profits.
QUESTION NR : Pourquoi le peuple tunisien, que l’on dit musulman accommodant et modéré, a-t-il voté majoritairement pour des intégristes incommodants et immodérés ?
RB : L’arnaque électorale
Le peuple tunisien a réellement cru pouvoir jouer le jeu de la démocratie bourgeoise «émancipatrice» et il a cherché parmi les prétendants au trône étatique un parti politique qui était, par lui considéré, comme une véritable opposition à l’ancien régime, n’ayant en toute apparence jamais traficoté ou couché avec le pouvoir honni et cela sans compromis. Un parti, selon toute apparence, intègre – intégriste – sur le plan de l’administration publique et politique et surtout un parti promettant de mettre fin à la crise et assurant la reprise économique et des emplois, des emplois et encore des emplois permanents, honnêtes, payants, pour survivre, manger et pouvoir se marier décemment.
La droite salafiste-wahhabite en Tunisie a compris ces exigences et soutenue par les crédits électoraux du Qatar et d’Arabie, elle a su se présenter comme la réponse à toutes ces demandes justifiées.
Pendant ce temps la pseudo gauche militante a martelé son message «démocratique» puéril pour changer de clique au pouvoir et pouvoir s’inviter au râtelier. Le parti de la droite intégriste-intègre et apparemment désintéressée a donc remporté son pari.
La pseudo gauche, désunie, chaque clique vorace souhaitant tirer l’auge vers son parterre grégaire, ne comprenant rien au désespoir du peuple tunisien, continue encore aujourd’hui de proclamer que la guerre des classes engagée vise à accéder à la «démocratie» bourgeoise et au droit de se dévêtir sur la rue, au droit au mariage libertin – opposé à la «charia», pour le droit de blasphème (sur les traces de Charlie Hebdo l’organe intégriste «socialiste» rouge/brun des bobos parisiens).
Évidemment, le petit-peuple tunisien qui ne mange pas de ce pain et ne mange pas à sa faim, n’a rien à cirer du droit au mariage libertin, déjà que les jeunes tunisiens ne peuvent pas se marier parce que trop pauvre pour acquérir un logement et faire vivre leurs enfants décemment ou encore pour quitter le logis des parents.
Vous assistez en Tunisie (en Égypte aussi), à la quintessence du crétinisme parlementaire totalement désincarné des sévices qui accablent les ouvriers et le petit peuple délaissés alors que pendant ce temps la petite bourgeoisie déchire sa chemise non pas contre la famine et le chômage endémique qui accable le peuple et contre la paupérisation dramatique qui le détruit petit à petit mais contre la «charia», la rhétorique et les sophismes islamistes (1).
QUESTION NR : D’après-vous quelle lecture pourrait-on faire du récent assassinat du militant Chokri Belaïd ?
RB : Assassinat à droite – déroute à gauche
Quant à l’exécution de Chokri Belaid – membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, devenu chef nationaliste du Mouvement des Patriotes Démocratiques – assassinat commandités par les Torquemada de la «fitna» islamiste, chacun pourra mesurer l’abîme des divergences qui oppose sa plate-forme émergente aux revendications de la population dans cette oraison tirée de son anthologie :
« Quand dans notre pays – le pays de Yadh Fadhel Ben Achour, le pays des réformes, du progrès, de la prestigieuse mosquée Zitouna et de son université - on laisse entrer ces tenants de la fitna et de l’ignorance… venus aussi des montagnes de Tora-Bora et d’ailleurs… Quand on les laisse prêcher la violence dans les mosquées et les universités de Tunis… s’adonner à la violence… s’accaparer les prières du Vendredi… » [http://www.mondialisation.ca/syrie-tunisie-non-la-verite-nest-toujours-pas-bonne-a-dire/5322231].
L’homme a-t-il été approché pour participer au gouvernement de coalition dont il était question depuis quelques temps (?) Une faction intégriste radicale aura voulu signifier au Premier ministre tunisien Hamadi Jebali son opposition à cette solution de compromission… C’est une explication plausible. Mais quel est l’intérêt du peuple tunisien dans tout cela ?
Pas plus qu’Ennahda, le parti au pouvoir à Tunis, le Mouvement des Patriotes Démocrates et le reste de la droite et les partis de la gauche tunisienne ne peuvent sortir la Tunisie de la crise internationale dans laquelle elle s’empêtre depuis cinq ans au moins (2008). Pas davantage que ne peut le faire la droite Salafiste-wahhabite-islamiste qui n’a pas livré la marchandise promise en dehors de cette polémique oiseuse – superfétatoire – à propos de la nouvelle constitution et de la «charia» qui ne fournissent ni le pain, ni le couscous à quiconque en Tunisie affamée (sauf aux législateurs, juges, avocaillons et constitutionnalistes de l’industrie du manuscrit constitutionnel).
QUESTION NR : L’implication du Qatar dans les troubles qui secouent le monde arabe a été prouvée maintes fois ; d’après-vous cet émirat serait-il un simple pion au service des Occidentaux et à leur tête les États-Unis, ou au contraire, chercherait-il un quelconque leadership du monde arabe ?
RB : Pas de solution venant de l’intérieur de la torpeur
L’alternative que vous présentez est de fait identique à votre proposition initiale. Le Qatar qui est devenu le nouveau gendarme de l’OTAN dans le monde Arabe, ou le Qatar qui cherche à prendre le leadership du monde Arabe, dans les deux cas vous décrivez le rôle de cet Émirat rétrograde dans la division impérialiste internationale du travail et du capital. Le Qatar possède d’immenses fortunes grâce à sa rente pétrolière imposante. Les capitalistes monopolistes qataris, imbriqués au capital impérialiste mondial, se sont fait attribuer le rôle de courroie de transmission entre les pays impérialistes encore dominants (mais sur leur déclin inexorable) et les peuples et pays arabes à exploiter, à soumettre, à dominer et à spolier afin de leur arracher leur précieuse plus-value et leurs ressources naturelles colossales.
Le Qatar utilise la rhétorique et le sophisme islamiste-nationaliste pour recruter des mercenaires qu’il arme, entraîne et lance contre les gouvernements récalcitrants (Libye, Syrie) ou contre les gouvernements déficients (en Égypte, en Tunisie au temps de Ben Ali, au Yémen, et au Mali aujourd’hui).
La droite islamiste sévissant au Qatar, en Arabie, en Turquie, en Égypte ou en Tunisie n’a aucune prise sur la crise systémique de l’impérialisme mondial et ne peut évidemment garantir la fin de la crise, ni la reprise de l’économie, pas plus qu’elle ne peut créer les milliers d‘emplois promis-attendus, les logements manquant, ou stopper la hausse des prix inflationnistes, assurer la stabilisation des monnaies arabes, ou endiguer l’infestation des marchés nationaux arabes par les produits étrangers, venus de Chine notamment.
Chacun, à droite comme à gauche, voudrait nourrir les ventres affamés par les plats indigestes de la constitution et des slogans de «libération» mensongers quand la dignité de manger n’est même pas assuré au premier des troupiers. Cet assassinat démontre que la Tunisie s’enlise sur les chemins constitutionnels et l’ornière des élections démocratiques bourgeoises qui ne règleront rien si ce n’est de reporter les islamistes au pouvoir. Et si ces élections anticipées portaient une coalition de gauche ou de centre gauche au pouvoir… rien ne serait amélioré, ni même transformé.
Que ce soit d’Égypte, de Syrie, de Libye, de Turquie ou de Tunisie les slogans des frères musulmans sonnent creux. L’islam n’est pas la solution à la crise économique impérialiste systémique. Ainsi, un observateur de la scène politique arabe témoigne de ceci :
« Monsieur Khairat Al-Shater est le numéro deux des Frères musulmans (d’Égypte, ndlr), et le représentant de son aile la plus conservatrice. Quant au richissime Hassan Malek, après avoir débuté dans les affaires en partenariat avec M. Al-Shater, il dirige aujourd’hui avec son fils un réseau d’entreprises dans le textile, l’ameublement et le commerce employant plus de quatre cents personnes (il y a aussi Farid Khamis, président d’Oriental Weavers, le plus grand fabricant mondial de tapis. ndlr). Ces hommes incarnent bien le credo économique des Frères musulmans en faveur de la libre entreprise, qui se conforme davantage à la doctrine néolibérale que la forme de capitalisme développée sous la présidence de M. Hosni Moubarak (ou de Ben Ali. ndlr». [http://www.pressegauche.org/spip.php?article13012].
Les mêmes sévices entraîneront à coup sur les mêmes souffrances et les mêmes sacrifices (2). Alors que le «tiers-monde» fut obligé d’embrasser les politiques du libre-échange et la discipline du marché soi-disant libre de l’impérialisme mondial juste pour obtenir des prêts asservissants de l’Occident (du Qatar et de l’Arabie aussi), le résultat prévisible s’est produit : appauvrissement des masses populaires et exploitation accrue de la classe ouvrière pour rembourser ces prêts asservissants et la dette souveraine garantie par l’État compradore. L’adhésion de la Tunisie ou de l’Algérie au groupement du BRICS (les nouveaux impérialistes émergents) ne fera que déplacer le mal de l’épaule droite vers l’épaule gauche – La Chine ou l’Inde comme fournisseurs de marchandises et en tant que créanciers spoliateurs ou encore la France, l’Allemagne, la Suisse et les États-Unis. Qu’est-ce que cela change pour les travailleurs payeurs et les chômeurs ?
QUESTION NR : Au même titre que les autres pays arabes déstabilisés, la Tunisie est devenue un terrain de chasse des wahhabites ; comment d’après-vous les peuples arabes devraient-ils contrecarrer ce courant ?
RB : L’Algérie repousse la menace djihadiste et tiens la France à distance
Je prendrai l’exemple de l’Algérie pour répondre à votre question sur la Tunisie. L’Algérie se trouve aujourd’hui entouré de pays en crise où les puissances impérialistes occidentales jouent chacune leur partition en sous-main ; où le Qatar, ce nouveau gendarme du monde arabe, pêche en eau trouble et finance l’aile radicale des bourgeoisies nationalistes affublées des oripeaux usés de l’islamisme qui a pris la place du nationalisme chauvin. Mais l’Algérie a déjà connu, dans les années 1990, cette mystique nationaliste intégriste à propos de «L’Islam solution de tous les maux nationaux» ce qui lui a coûté des dizaines de milliers de martyrs.
Alors, quand des djihadistes se sont échappés des harnais de leurs maîtres qataris et occidentaux sur la piste des puits au Sud du grand désert (In Amenas), la réaction du pouvoir d’Alger fut sans ambiguïté, pas de tergiversation, pas de négociation, pas de rançon, pas de prisonniers et pas de témoins. La prise d’otage fut réglé en un tour de main – message clair à tout récidiviste djihadiste – qu’on se le dise parmi la mouvance intégriste à la solde, si vous entrez en Algérie ce sera pour mourir isolé ou dissimulé derrière vos otages exécutés. Je ne crois pas que la France ou le Qatar réussiront à enflammer l’Algérie pour se justifier d’attaquer l’Algérie qui a déjà donné de ce côté de la mystique intégriste.
La classe ouvrière algérienne est la plus consciente du continent africain (avec celle d’Afrique du Sud) et je crois qu’elle est imperméabilisée face à l’islamisme radical (ce sont les jeunes de la classe dite «moyenne» – petite et moyenne bourgeoise – qui adhèrent à cette mouvance assassine trompés par la propagande des recruteurs à la solde d’agences de renseignements bien connues). Le danger le plus grave qui guette la classe ouvrière algérienne ce sont tous ces partis de la soi-disant gauche nationaliste plurielle, réformiste et opportuniste.
QUESTION NR : Quel avenir immédiat pour la Tunisie sous les feux de la révolte et de la répression ?
RB : Crise économique systémique et cul de sac islamiste
Aujourd’hui, en Tunisie, le peuple en est réduit à crier « DÉGAGE » à une clique, puis à une autre, aucune n’apportant de solution véridique, d’autant que la crise économique systémique et structurelle de l’impérialisme n’a pas fini de s’approfondir et donc de tous les faire souffrir. La Tunisie ne bénéficie pas d’une imposante rente pétrolière et gazière comme l’Algérie ou la Lybie. Elle ne peut donc acheter temporairement la paix sociale avec quelques redevances abandonnées sur place par les monopoles du pétrole.
Et en ce qui a trait à la pseudo « démocratie » électoraliste par les riches et pour les riches, je vous laisse le soin de trouver un usage quelconque à cette «friandise» pour les peuples affamés et troublés du Nord de l’Afrique spoliée (3).
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