La journaliste Natacha Polony a inauguré le 20 mars Orwell TV, un site internet sur abonnement lancé avec d'autres journalistes du Comité Orwell, un collectif souverainiste. Dès ses premiers pas, le média est déjà en pleine controverse.
Michel Onfray et Jean-Claude Michéa en guise de cadeau de bienvenue. Pour son lancement le 20 mars, Orwell TV proposait les interviews des deux philosophes. La nouvelle web TV du Comité Orwell, collectif lancé début 2016 et présidé par Natacha Polony, proposera entre autres des analyses de politique française et internationale, et des réponses en vidéo à des questions de lecteurs.
Ce nouveau projet est dans la droite ligne du travail entamé par Natacha Polony avec la création du Comité Orwell. Ce dernier se présente comme un «un collectif de journalistes pour la défense du pluralisme des idées et de la souveraineté populaire».
«Face à une idéologie dominante libérale-libertaire, qui fait du libre-échange mondialisé un horizon indépassable et du primat de l’individu sur tout projet commun la condition de l’émancipation, l’association entend défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire», explique le comité sur son site.
Parmi ses membres figurent les journalistes économiques Jean-Michel Quatrepoint et Benjamin Masse-Stamberger, et le journaliste du Figaro Alexandre Devecchio.
Un abonnement à cinq euros par mois
«C'est un média qui n'a de compte à rendre qu'à ses abonnés», assure Natacha Polony dans la vidéo de lancement d'Orwell TV. Elle justifie ce projet par «l'absence totale de pluralisme» qui régnerait dans les médias hexagonaux. Elle parle notamment d’une «concentration des médias dans les mains de quelques personnes» et même d’«autocensure» de la presse.
«Notre objectif c'est de défendre la souveraineté du peuple», assure celle qui s’est faite connaître du grand public pour avoir officié à l’émission On n’est pas couché animée par Laurent Ruquier sur France 2.
Orwell TV est partiellement gratuite jusqu’au 26 mars. Ensuite, il faudra s'acquitter de cinq euros par mois pour l’abonnement.
Déjà attaqué
A peine lancé, ce nouveau média est déjà victime d’attaques. Le quotidien Libération, dont la ligne éditoriale ne se situe pas exactement sur la même longueur d'onde que celle de Natacha Polony, s’est fait le relais d’une affaire qui pourrait coûter son nom au Comité Orwell et à sa web TV. Cela n’aura échappé à personne, le patronyme choisi par la journaliste souverainiste et ses acolytes fait référence à l’écrivain britannique George Orwell, célèbre pour être l’auteur du roman dystopique 1984.
Libération qualifie d’«OPA souverainiste sur l’auteur d’Hommage à la Catalogne» le fait d'avoir choisi le nom d'Orwell. L'attaque du quotidien est lourde de sens. L'écrivain a combattu dans les rangs du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste contre les partisans de Francisco Franco lors de la Guerre d'Espagne. Il tiré une œuvre de son expérience : Hommage à la Catalogne.
Pour Libération, souverainisme et œuvre orwellienne ne sont pas compatibles. Les journalistes du quotidien contrôlé en partie par l'homme d'affaires israélo-français Patrick Drahi semblent oublier qu'il existe un souverainisme de gauche. George Orwell s'est opposé de par son œuvre à toute forme de totalitarisme, qu'il soit franquiste ou soviétique. Natacha Polony a par ailleurs affirmé qu’elle se reconnaissait parfaitement dans «le socialisme patriotique» de l’auteur de La ferme des animaux.
Reste qu'elle pourrait avoir quelques démêlés d’ordre juridique impliquant Bill Hamilton, exécuteur testamentaire du génial auteur pour l’agence littéraire londonienne A.M. Heath.
Le 20 mars, André Loez, professeur d’histoire, a informé sur Twitter avoir contacté Bill Hamilton afin de lui demander si Natacha Polony avait demandé l’autorisation pour utiliser le nom d’Orwell.
Contactée par Libération, la principale intéressée a parlé d’une démarche «pitoyable» soulignant qu’André Loez n’avait «sans doute jamais lu Orwell». Le mot de la fin à Natacha Polony, toujours dans Libération : «S’il faut un jour changer de nom, on s’en fiche. Nous, ce qui nous intéresse, c’est comment on fait émerger des débats qui nous semblent essentiels.»
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