Sondage Léger Marketing-Le Devoir

Le budget coule Charest

Le taux d'insatisfaction fracasse un nouveau record. Marois accroît son avance comme «meilleur premier ministre».

Corruption libérale - le PLQ en perte de légitimité - cynisme politique croissant

Plusieurs milliers de manifestants armés de balais et de produits de nettoyage ont déambulé hier devant le Parlement, à Québec, pour dénoncer le budget du gouvernement Charest, qui n’a pas fait selon eux le «ménage» dans les finances publiques. Organisée par un citoyen, Martin D’Anjou, au nom des «cols rouges» (colsrouges.ca), la «majorité silencieuse» de la «classe moyenne», la manifestation, promue par la station de radio de radio 93,3, se voulait sans affiliation politique. Des péquistes, Bernard Drainville et Agnès Maltais, ainsi que le chef de l’ADQ, Gérard Deltell, se sont toutefois joints aux marcheurs. Photo : Yan Doublet - Le Devoir

***
Alec Castonguay - Déjà très impopulaire, le gouvernement Charest a carrément coulé à pic depuis la parution du budget provincial, il y a deux semaines. Selon un nouveau sondage Léger Marketing-Le Devoir, le taux d'insatisfaction atteint maintenant 77 %, du jamais vu. Sans surprise, les intentions de vote du Parti libéral du Québec et la popularité personnelle de Jean Charest ont elles aussi poursuivi leur descente depuis un mois.
Le vice-président de Léger Marketing, Christian Bourque, affirme qu'il n'y a aucune comparaison possible. «On n'a jamais rien vu de tel. Il y a maintenant moins de gens qui se disent satisfaits du gouvernement que de gens prêts à voter pour lui. C'est très rare. Ça veut dire que même les libéraux purs et durs ne sont pas contents», dit-il.
«Ailleurs»
Depuis que le gouvernement Charest a pris le pouvoir, en 2003, les pires crises qu'ait traversées le gouvernement sont survenues en 2004 et 2005, lors des controverses sur le Suroît, le mont Orford, la réingénierie de l'État et la grève des étudiants. Le taux d'insatisfaction a oscillé entre 60 et 65 %, avant de redescendre.
«On est ailleurs présentement. La tendance est lourde et les événements s'enchaînent sur une courte période», dit M. Bourque. En mars, la relance du débat sur les accommodements raisonnables, l'enseignement religieux dans les garderies, la crise dans les hôpitaux et les nouvelles révélations dans le domaine de la construction avaient fait bondir le taux d'insatisfaction à 70 %. Une nouvelle hausse le porte maintenant à 77 %. C'est donc dire qu'en deux mois, le taux d'insatisfaction a grimpé de 15 points, passant de 62 à 77 %. Les gens qui se disent «très satisfaits» ou «satisfaits» du gouvernement ne sont plus que 21 % (voir tableau).
«Cri du coeur»
Cette fois, c'est le budget provincial, qui impose une hausse des taxes et des tarifs, notamment en santé, qui plombe le gouvernement. «C'est un cri du coeur, un cri émotif. Les gens n'ont vraiment pas aimé le budget et cet événement s'ajoute aux autres du mois passé. Ça fait beaucoup de raisons de ne pas aimer le gouvernement en très peu de temps», dit Christian Bourque.
La relativement bonne réception du projet de loi 94, qui vise à encadrer les accommodements raisonnables, n'aura pas suffi à ralentir la chute du gouvernement. Le budget a fait oublier ce qui semblait un bon coup.
Christian Bourque affirme que pour redresser la situation, le gouvernement Charest devra montrer qu'il respecte sa promesse de limiter les dépenses de l'État pour juguler le déficit. «Il devra montrer que c'est un contrat équitable entre les citoyens et l'État. Pour l'instant, les gens ont l'impression, avec raison, qu'on leur en demande beaucoup sans aucune garantie que le gouvernement va tenir sa promesse et faire sa part», dit-il, ajoutant toutefois que cette démonstration ne peut se faire que sur une longue période. «Charest a toujours réussi à se relever après des crises, mais celle-là va prendre du temps. À court terme, ça va rester difficile pour le gouvernement», prédit-il.
Intentions de vote
Le Parti libéral du Québec récolte maintenant 30 % des intentions de vote dans la province, une baisse de 2 points depuis mars et de 7 points depuis février. En revanche, le Parti québécois fait du surplace depuis des mois, à 40 %. Le PQ domine toujours largement chez les francophones, avec 46 %, contre 23 % pour le PLQ.
«Pour l'instant, les intentions de vote s'éparpillent dans les tiers partis. Aucun n'a le vent dans les voiles, y compris le PQ», dit Christian Bourque. L'ADQ récolte 10 %, tandis que Québec solidaire recueille 9 % et le Parti vert, 8 %. «Personne ne réussit vraiment à combler le vide laissé par la chute des libéraux. C'est mou. Les gens cherchent un parti qui offrirait un projet mobilisateur, mais ils n'en trouvent pas», dit le sondeur.
Meilleur premier ministre
Par contre, sur le plan personnel, Pauline Marois améliore son image de «meilleur premier ministre». Elle gagne trois points, à 27 %. Jean Charest est le deuxième choix des électeurs, à 17 %. Dans son cas, c'est une chute de 11 points depuis février.
Amir Khadir (8 %), Gérard Deltell (7 %) et Guy Rainville (1 %) suivent dans l'ordre à la question «Quelle personnalité politique ferait le meilleur premier ministre du Québec?».
Pas moins de 39 % des sondés n'ont pas souhaité répondre à cette question, ce qui montre le peu d'enthousiasme pour les personnalités en cause, affirme M. Bourque. «Il y a un vide de leadership. Il y a de la place pour quelqu'un qui veut se lever et offrir un projet mobilisateur.»
Ce sondage a été réalisé en ligne auprès de 1000 répondants du 5 au 8 avril. Le coup de sonde Internet a été réalisé selon une méthodologie fiable et éprouvée. Les données ont été pondérées selon l'âge, le sexe, la langue maternelle, le degré de scolarité et la composition du foyer. Un échantillon probabiliste de la même taille présente une marge d'erreur de 3,1 % 19 fois sur 20.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->