Partielle dans St-Laurent

Une défaite morale

Le PLQ et le Gouvernement Charest s’enfoncent encore plus dans l’illégitimité

Chronique de Richard Le Hir

Le PQ nous avait habitué aux victoires morales, voici que le PLQ innove en nous offrant le spectacle d’une défaire morale. Certes, il a remporté la victoire avec une forte majorité, mais la véritable victoire revient aux abstentionnistes, avec 80 % des suffrages non exprimés.
Le PLQ aura beau tenter de nous convaincre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, personne ne sera dupe. En temps normal, une partielle parvient à mobiliser 50 % de l’électorat. Cette fois-ci, tout juste 20 % des électeurs se sont sentis suffisamment motivés pour exercer leur droit de vote dans un comté pourtant à forte tradition libérale. Avec 62 % des votes exprimés, Fournier ne se retrouve élu qu’avec le soutien d’à peine un peu plus de 12 % des électeurs du comté qu’il représente désormais.
Trois facteurs expliquent cette débandade : la désaffection généralisée de l’électorat à l’endroit du gouvernement Charest, le rôle scélérat (aux yeux des adversaires des fusions municipales) joué par le candidat Jean-Marc Fournier au moment des défusions alors qu’il était le ministre responsable, et le fait qu’il était un parachuté, sans aucune racine dans le comté.
Cela dit, force est de constater que le PLQ et le gouvernement Charest s’enfoncent chaque jour un peu plus dans l’illégitimité. Le moment approche rapidement où ils s’écrouleront tous les deux sous l’effet de leur propre masse, sans que l’Opposition ne puisse revendiquer quelque mérite dans sa défaite, sinon de lui avoir jappé aux jarrets. On est à des années lumières de St-Georges terrassant le dragon.
Plus grave encore, un signe de la dégradation avancée de la démocratie et de l’insuffisance des barrières contre un dérapage quelconque. Il y a quelque chose de profondément anormal et malsain dans une démocratie à ce qu’un candidat puisse être déclaré élu en ayant recueilli une proportion aussi faible de suffrages. Lorsqu’un député est élu, on ne doit pas se retrouver dans la situation où il est non seulement possible, mais même absolument nécessaire, de s’interroger sur la légitimité de son mandat, à moins d'être un débile profond.
Et c’est sans parler de la possibilité que cette élection offre à un gouvernement aussi déconsidéré que celui de Jean Charest de prétendre qu’il a le soutien de la population, même si le résultat dit exactement le contraire. Jamais ne sommes nous tombés aussi bas, et ce qui s’est passé hier nous annonce que nous n’avons pas encore touché le fond. Tant il est vrai qu’il faut boire le calice jusqu’à la lie.


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