Le combat de Guy Nantel

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« Bientôt, il faudra se réunir dans des caves au beau milieu de la nuit pour défier les curés de la pensée... »

Peut-on rire des religions ?


Peut-on se moquer des militants radicaux qui partent sur une chire et traitent tout le monde de racistes et de sexistes ?


Peut-on dénoncer la rectitude politique qui est en train de faire des ravages dans les universités et les médias sociaux ?


Si je regarde le sort qui est réservé à Guy Nantel depuis quelques jours, il semblerait que non.


UN SPECTACLE COURAGEUX


Avant-hier, je suis allé à la première du nouveau spectacle de Nantel au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.


Après les menaces de mort dont l’humoriste a été la cible, menaces qu’il ne fallait surtout pas prendre à la légère (et qui n’étaient absolument pas arrangées avec le gars des vues, contrairement à ce qu’ont laissé sous-entendre certains commentateurs), des policiers étaient présents dans et devant la salle.


Hier, mon confrère Raphaël Gendron-Martin a écrit que la présence de ces policiers lui a complètement enlevé le goût de rire.


Personnellement, rien ne m’aurait empêché de rigoler.


Pourquoi ? Parce que le spectacle de Guy Nantel est à pisser dans ses culottes. Un des spectacles les plus drôles — et les plus courageux — que j’ai vus depuis fort longtemps.


Quoi ? Guy Nantel rit des musulmans ? Oui. Comme il rit des catholiques et des juifs.


Il rit de certaines militantes féministes qui voient des agressions partout ? Oui.


Pourquoi ? On n’a pas le droit de porter un regard critique sur la supposée culture du viol ?


Nantel s’en prend à TOUS les extrémistes — extrémistes religieux, extrémistes idéologiques, extrémistes politiques.


Et extrémistes des chartes, qui demandent toujours plus de droits pour moi, moi, moi.


Et alors ?


Ce n’est pas seulement son droit. À une époque où la rectitude politique et l’hypersensibilité des guerriers de la justice sociale menacent de bâillonner tous ceux qui ne pensent pas « dans le bon sens », c’est aussi son devoir.


Ce genre d’humour vous indigne ?


Allez applaudir les comiques consensuels qui font des gags inoffensifs sur la famille, la banlieue et la quarantaine.


SEUL AU FRONT


Que l’on condamne l’humour négationniste et haineux de Dieudonné, soit. Que l’on pourfende les humoristes comme Guillaume Wagner qui prennent plaisir à bitcher, humilier et insulter des personnalités connues, parfait.


Mais ce n’est absolument pas ce que fait Guy Nantel.


Nantel met le doigt là où ça fait mal, il secoue nos certitudes, nous pousse à réfléchir PAR NOUS-MÊMES à des questions sensibles.


« L’humour est la forme la plus saine de la lucidité », disait Jacques Brel. « C’est une tentative pour décaper les grands sentiments de leur connerie », écrivait quant à lui Raymond Queneau.


Guy Nantel mène aujourd’hui un combat important, essentiel. Un combat qui nous regarde tous... sauf les humoristes, semble-t-il.


En effet, mis à part Mike Ward, aucun clown professionnel ne défend publiquement Nantel.


Trop pleutres. Trop peureux.


Ne veulent pas se mettre les extrémistes de la gauche à dos.


UNDERGROUND


Moi, je sais quoi donner comme cadeau, à Noël : des billets pour le spectacle de Guy Nantel.


Profitons-en pendant qu’on peut encore présenter ce genre de shows.


Bientôt, il faudra se réunir dans des caves au beau milieu de la nuit pour défier les curés de la pensée...