Plus une société se démocratise, moins elle comprend la violence politique.
Car qu’est-ce que la démocratie? C’est un système qui permet à plusieurs points de vue de cohabiter sans se charcuter.
L’un est de droite, l’autre est de gauche?
L’un est nationaliste, l’autre est multiculturaliste?
L’un est souverainiste, l’autre est fédéraliste?
Pas grave. Chacun discute et construit la société à sa manière.
Débat
Au final, elle ne ressemblera au monde idéal d’aucun des camps en présence, mais chacun pourra y vivre parce qu’il en aimera un morceau.
Il aimera surtout la possibilité qu’on lui donne de la contester.
De temps en temps, la discussion s’échauffe. À d’autres moments, elle redevient plus calme.
L’être humain n’est pas un robot, il a des passions. Il sait aussi les contrôler. C’est ce qu’on appelle la civilité démocratique.
La démocratie n’a pas pour vocation d’abolir les conflits, mais de les civiliser. On se chicane, mais on ne s’étripe pas et on ne s’égorge pas.
Voilà pourquoi il faut cultiver le sens du débat et accepter que tous ne pensent pas comme nous.
Celui qui pense autrement n’est pas un diable: il voit le monde différemment.
La violence politique vient abolir tout cela.
Celui qui en fait usage est tellement persuadé d’avoir la vérité qu’il peut désormais l’imposer à coup de bâton.
Et dans certains cas, il peut aller jusqu’à l’extrême violence. Il tuera son ennemi pour le rayer de la surface de la planète. Il s’agit d’anéantir le monde en se donnant le droit de semer la mort. Il y a là quelque chose de diabolique.
Il nous en reste encore beaucoup à apprendre sur Alexandre Bissonnette. Mais on sait une chose: c’est un jeune solitaire, antisocial, à la psychologie trouble qui s’est laissé happer par le fanatisme.
Et il a décrété que les musulmans, parce qu’ils étaient musulmans, devaient disparaître de la planète.
Il a désigné une catégorie d’humains, puis s’est chargé de les éradiquer.
Il n’y aura jamais, pour cela, même l’ombre d’une circonstance atténuante. Ceux qui, d’une manière ou d’une autre, en cherchaient, se sont discrédités.
Il a trouvé dans la haine antimusulmane une manière d’exprimer ce qui est probablement un nihilisme et un désir de destruction.
Violence
Cet attentat arrive par ailleurs dans un monde où les passions sont surchauffées.
L’attentat de Québec a révélé à quel point les médias sociaux pourrissent le débat public. La haine s’y exprime librement, et aucun camp n’en a le monopole.
On y monte vite aux extrêmes. C’est le lieu des engueulades sauvages où les accusations les plus gratuites sont lancées.
Nous vivons une époque tragique. Les passions sont rendues extrêmes.
La violence est de retour en politique. On diabolise, on insulte. Et de nouveau, on tue.
La discussion semble à peu près impossible.
On ne sait jamais ce qui arrivera. Dimanche, c’était un attentat d’extrême droite dans une mosquée. Demain, que se passera-t-il?
La paix n’est plus qu’une illusion perdue.
Il faut, dans les circonstances, conserver notre capacité de discernement.
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