Le NPD ne défend pas les intérêts des Québécois, soutient Gilles Duceppe

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Duceppe en mode électoral




Gilles Duceppe est convaincu de revenir au bon moment à la tête du Bloc québécois. « Il y a un cycle nouveau qui s'ouvre », a-t-il déclaré, de passage au parlement canadien, où il est bien déterminé à se tailler de nouveau une place, n'en déplaise au NPD.



Accompagné d'une vingtaine de candidats bloquistes, Gilles Duceppe a assuré qu'il était « en forme » après s'être entraîné sur des milliers de kilomètres en vélo ces trois dernières années. Et il voit « un cycle nouveau » pour la souveraineté du Québec, qui « prend une importance beaucoup plus grande ».



« On l'a vu avec le discours de tous les candidats [dans la course à la direction du PQ] et Pierre Karl Péladeau qui a été élu. Il faut une convergence des souverainistes sur cette question. Il est important d'avoir ce débat et de l'illustrer concrètement dans tous les aspects de notre vie collective. »
— Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois


À quatre mois des élections fédérales, moins de 30 candidats bloquistes ont été nommés sur un total de 78. « C'est un défi », admet M. Duceppe qui n'en met pas moins la barre très haute pour le Bloc : « On va travailler très fort à obtenir le maximum », dit-il.



Et à l'approche de ce scrutin, Gilles Duceppe compte s'évertuer à faire valoir aux électeurs québécois que jamais leurs intérêts n'ont été mieux servis que lorsqu'ils les ont confiés au Bloc québécois. 



« La loi antigang, c'est le Bloc qui a obtenu ça, affirme-t-il. Tous les autres partis étaient contre cette loi. [...] J'ai été menacé par les Hells Angels, ma femme ne pouvait plus conduire son auto. Ça a duré un mois. [...] On a réussi à faire changer ça et c'était drôlement important. On a vu tout ce qui s'est passé dans la collusion par la suite. On pourrait en sortir des affaires de même qu'on a faites, tant sous les libéraux que sous les conservateurs. »



Gilles Duceppe avec, en arrière-plan, Mario Beaulieu, en conférence de presse à Ottawa
Gilles Duceppe avec, en arrière-plan, Mario Beaulieu, en conférence de presse à Ottawa
 Photo :  PC/FRED CHARTRAND


Lorsque les journalistes lui rappellent la débâcle de sa formation politique aux élections de mai 2011 et sa propre défaite dans son fief de Laurier-Sainte-Marie, Gilles Duceppe reconnaît qu'il aurait fallu que ses troupes soient mieux préparées pour faire face à la vague de sympathie qui avait alors déferlé pour Jack Layton.



« On a fait de notre mieux, mais la population a jugé qu'elle voulait essayer autre chose », a-t-il admis.



Mais le NPD n'est pas la solution pour les Québécois, insiste le chef du Bloc. Il cite en exemple le contrat de 33 milliards qu'Ottawa avait octroyé en 2011 à Halifax et à Vancouver pour renouveler sa flotte de navire. La Davie de Lévis, s'insurge M. Duceppe, n'avait rien eu.



Or les néo-démocrates élus au Québec auraient dû protester, selon le chef du Bloc. Mais « les nouveaux députés élus, très majoritairement dans la ville et la région de Québec, n'avaient rien à dire », dénonce-t-il.



Selon lui, le fait de dire quelque chose pour ces députés aurait nui au NPD en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.



Gilles Duceppe affirme avoir entendu maintes fois qu'on parle peu du Québec à Ottawa depuis « qu'ils [les néo-démocrates] sont là ». Il importe donc pour le Bloc québécois de dire à la population québécoise que « de compter sur les autres, c'est bien moins bon que de compter sur soi-même ».



« Les choses peuvent changer très rapidement » - Gilles Duceppe



Gilles Duceppe suggère que son retour est perçu de façon inéquitable comparativement à d'autres politiciens qui, comme lui, sont revenus dans l'arène politique après une absence. 



Après avoir cité les noms de Robert Bourassa, Jean Charest, Pierre Elliott Trudeau et Ed Broadbent, entre autres, il a laissé entendre qu'il n'avait pas eu droit au même traitement. D'eux, on a dit qu'ils persistaient, qu'ils étaient persévérants et croyaient en ce qu'ils faisaient, a souligné M. Duceppe, avant d'ajouter : « Ben si c'est vrai pour eux, je vous soumets que ça peut être aussi vrai pour moi ».



« S'il eut fallu que le NPD se dise : "En 40 ans d'existence on a fait élire deux députés [au Québec], on ne se présente pas en 2011", ç'aurait été brillant. Si eux le font, pourquoi nous on ne pourrait pas le faire? Pourquoi tout le temps deux jugements? Pourquoi, pour les fédéralistes, il y aurait une façon pour eux de réagir et, nous autres, on ne peut pas penser comme ça?  »
— Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois


Le NPD, insiste Gilles Duceppe, loge à la même enseigne que les libéraux et les conservateurs quand vient le temps de défendre leur pays, le Canada. « Quand on dit que la langue de travail doit être le français dans les institutions fédérales et que le NDP, lui, dit, "vous avez le droit de parler français", c'est pas la même chose », affirme le chef du Bloc québécois.



Et à ceux qui, comme les conservateurs, soutiennent que les électeurs doivent envoyer à Ottawa des Québécois qui pourront se tailler une place au cabinet, Gilles Duceppe répond que certains n'ont pas tenu leurs promesses.



« Ils avaient un ministre qui était dans le comté où était la Davie quand les contrats ont été accordés à Halifax et à Vancouver. Il y en avait un ministre »,  a-t-il dit en parlant - sans le nommer - de Steven Blaney.




« Le Canada est un pays formidable, mais je veux mon propre pays »



Gilles Duceppe affirme être revenu au Bloc parce qu'on le lui a demandé - ce qui l'a surpris - mais aussi parce qu'il a « le sens des responsabilités ».



Des responsabilités, il en avait néanmoins dans sa vie avant de décider de refaire le saut en politique.



Il s'est notamment beaucoup consacré au conseil d'administration de la Compagnie Jean-Duceppe. Des sept enfants du défunt comédien, il dit qu'il était le seul, jusqu'ici, à ne pas avoir donné de temps à cette institution familiale. Il explique avoir trouvé « très dur » de devoir donner sa démission du conseil d'administration. « Tout le monde braillait », a-t-il résumé la mine contrite.



Mais pour lui, la cause souverainiste a pesé plus lourd dans la balance. Et il cite Jacques Parizeau, qui disait que le Bloc québécois était le fer de lance de la souveraineté. « Je suis porté à le croire », dit Gilles Duceppe.



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