Le poids des mots

Le "bruit" de GESCA


Ce n'était qu'une phrase dans un long discours portant sur l'amitié entre le Canada et l'Australie. Mais le fait que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a choisi d'évoquer la «nation québécoise» devant les élus australiens réunis au parlement de Canberra n'a rien de banal.


«L'Australie est née en anglais; le Canada en français - à Québec, il y a 400 ans l'année prochaine - ce qui est reflété jusqu'à ce jour par la présence des francophones et de la «nation québécoise» au sein de notre pays uni», a déclaré M. Harper dans la capitale australienne. Il l'a dit en français, pour être entendu des Québécois francophones. Il l'a répété en anglais, de sorte qu'on ne puisse l'accuser de faire de cachettes aux Canadiens-anglais.
Les Québécois n'y accorderont sans doute pas beaucoup d'importance, de même qu'ils ont accueilli par un haussement d'épaules l'adoption par la Chambre des communes d'une résolution reconnaissant qu'ils forment une nation. Il s'agit pourtant d'avancées importantes. Symboliques certes, mais en politique, les symboles et les mots ont un poids considérable.
Depuis l'entente sur la santé de 2004, trois concepts-clés, du point de vue du Québec, ont été introduits dans les relations fédérales-provinciales: le fédéralisme asymétrique, le «rôle particulier du Québec au niveau international» et l'existence de la nation québécoise. Ces idées ont été endossées par le fédéral et les provinces dans divers textes, accords et discours, de sorte qu'elles font désormais partie de la jurisprudence politique canadienne.
Une fois adoptée la résolution sur la nation québécoise l'an dernier, on se serait attendu à ce que le premier ministre conservateur en reste là, de crainte d'offusquer l'électorat du reste du pays. Voici qu'à la surprise générale, il fait un pas de plus. La déclaration de Canberra vise évidemment un objectif électoral. Mais c'est beaucoup plus que cela: le premier ministre du Canada vient d'affirmer à la face du monde la nature particulière du Québec. Or, le pays n'a pas éclaté!
C'est ainsi que ces idées, qui auraient provoqué des crises d'apoplexie dans les autres provinces à l'époque de Meech, font leur petit bonhomme de chemin. Non pas qu'elles soient adoptées avec enthousiasme au Canada anglais, loin de là. Cependant, avec le temps, on viendra peut-être à réaliser qu'un Canada fondé sur le fédéralisme asymétrique et reconnaissant la nation québécoise est plus fort que la fédération uniforme et centralisée dont rêvent encore certains intellectuels et politiciens outre-Outaouais.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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