Le Québec veut développer la coopération scientifique avec la France

Michel Dolbec - La Presse canadienne

C9263a7c99d5a05a0baa2b7663f57d3a

La science se définit aussi en français

Maintenant qu'il s'est donné une nouvelle Politique nationale de recherche et d'innovation (PNRI), le Québec veut développer davantage sa coopération scientifique avec la France.
Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, l'a assuré aux grands acteurs du système de recherche français la semaine dernière, à la faveur de sa première visite à Paris.
Selon M. Quirion, la France doit être un «partenaire privilégié» du Québec dans les trois axes prioritaires définis par la PNRI, c'est-à-dire les changements démographiques (notamment les recherches sur l'immigration et le vieillissement), le développement durable (dont l'électrification des transports) et l'identité québécoise (la langue, la culture, la créativité).
«Dans ces trois grands projets, pour lesquels un volet international est prévu, j'aimerais que la France soit un partenaire privilégié. Nous souhaitons soutenir des projets de recherche plus costauds entre les équipes de chercheurs en France et au Québec», a-t-il déclaré en fin de semaine, au terme de sa mission.
Rémi Quirion, qui a été nommé en 2011 scientifique en chef, dirige les trois fonds de recherche du Québec. Un poste semblable existe dans quelques rares pays (l'Australie, l'Angleterre et la République tchèque, notamment) mais pas en France, un pays que ce chercheur en neuroscience de réputation internationale connaît bien.
«L'idée d'avoir quelqu'un pour fédérer la recherche et stimuler les collaborations suscite de l'intérêt. Les collègues français sont un peu surpris. Ils ne savent pas trop ce que c'est, mais ça ouvre les portes au plus haut niveau», raconte-t-il.
Dans un contexte où tout le monde cherche des financements, les investissements de 3,7 milliards de dollars sur cinq ans prévus dans la PNRI et la hausse de 25 % du budget des trois fonds de recherche (après dix ans de stagnation) lui en ont sûrement ouvert encore davantage.
«C'est vrai que les gens étaient très enthousiastes. Être ici quelques jours après cette annonce, c'était fabuleux. On a des moyens. Si on dit qu'on veut collaborer et qu'on n'a pas d'argent, c'est moins intéressant», a souligné M. Quirion avec un sourire entendu.
Pendant son séjour, le scientifique en chef du Québec a notamment rencontré des représentants de l'Agence nationale de la recherche, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
La coopération scientifique avec la France, deuxième collaborateur du Québec après les États-Unis, indique-t-on, est une vieille histoire. Mais pour Rémi Quirion, l'heure est venue de créer de nouvelles collaborations et partenariats à travers des échanges, des bourses, des invitations, ou la création de nouvelles «unités mixtes» de recherche, comme celles qui existent déjà à l'Université Laval et à Sherbrooke.
Mais plus largement, la France, c'est aussi la Francophonie et la science en langue française.
«Les chercheurs publient beaucoup en anglais. On n'arrêtera pas ça, mais on peut donner les outils à nos jeunes pour qu'ils puissent avoir accès, dans les universités francophones, à des cours de haut niveau», note le chercheur, qui souhaite convaincre plus d'étudiants, généralement tentés par les États-Unis, de venir faire leurs doctorats ou leurs postdoctorats en France.
La mission en France de Rémi Quirion était sa deuxième à l'étranger, après un premier voyage au Japon, il y a trois semaines. Sa prochaine devrait le conduire aux États-Unis.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé