Aujourd'hui, les économies locales du monde sont profondément interconnectées comme elles ne l'ont jamais été auparavant. Des problèmes locaux peuvent rapidement se transformer en problèmes mondiaux.
Maintenant que les marchés financiers sont vraiment homogènes partout dans le monde, maintenant que l'économie mondiale est sur le point d'être composée non pas d'un ou de deux géants économiques mais de cinq, six ou plus, il faut changer notre façon de voir le risque et il faut modifier nos institutions pour en tenir compte.
Pour les sceptiques, permettez-moi de poser la question suivante. Si les marchés financiers du monde sont si homogènes que personne n'échappe aux conséquences de l'effondrement du marché de l'habitation aux États-Unis, que va-t-il se passer lorsqu'un problème similaire se produira dans une économie émergente importante?
En d'autres mots, que se passera-t-il quand un effondrement hypothécaire se produira en Inde? Quand une grande banque d'investissement chinoise fera faillite? Ou quand un fonds de couverture brésilien ou un fonds souverain du Moyen-Orient spéculera imprudemment, et que leurs interconnexions dépasseront leurs économies nationales respectives et s'étendront aux nôtres?
Si cela se produit, et l'histoire nous apprend qu'il en sera ainsi, les investisseurs chinois, indiens ou brésiliens seront-ils les seuls à en souffrir? Permettez-moi d'en douter.
La question devient donc celle-ci: jusqu'à quelle distance de leur source, les prochains tsunamis financiers frapperont-ils? Et encore plus, qui dirigera l'effort de coopération qui sera nécessaire pour affronter leurs conséquences internationales?
Il ne faut pas avoir obtenu un Prix Nobel en économie pour répondre à ces questions et comprendre qu'un dialogue mondial et une coopération internationale qui n'existent pas aujourd'hui sont nécessaires.
La vérité, c'est que l'architecture financière internationale qui s'est bâtie après la Seconde Guerre mondiale est désuète. Le problème, c'est que le monde a changé, mais les visions eurocentriques et américocentriques de trop de gouvernements n'ont pas changé. (...)
Une étape importante
Je pense que nous avons franchi une étape importante lorsqu'il y a quelques semaines, les États-Unis ont annoncé, en marge de la crise financière, qu'ils accueilleraient la première rencontre du Groupe des 20 au niveau des chefs d'États le 15 novembre, c'est-à-dire demain. Les jours du statu quo tirent à leur fin.
Entre parenthèse, malgré le fait que le premier ministre du Canada a dit qu'il assisterait à la réunion de Washington, son gouvernement a dit, au moins à deux reprises, qu'il n'avait aucun intérêt dans la réforme du G8.
C'est un mauvais calcul.
Peu d'enjeux seront plus importants pour le Canada, qui accueillera le G8 dans deux ans, et c'est une occasion qu'il faut saisir, une occasion de leadership qu'il ne faut pas laisser passer.
Nous sommes un pays riche, mais une grande partie de cette richesse dépend de marchés internationaux qui fonctionnent bien et d'un système mondial viable; et un GX plus étendu et plus représentatif est la clé.
De plus, le Canada a tout intérêt à prendre les commandes d'une telle réforme, car il ne faut pas se leurrer, nous ne sommes pas une des plus grandes économies de ce monde et rien ne garantit que nous participerons au résultat final.
La réforme du G8 est inévitable. Selon moi, que ce soit par l'expansion du G8 ou la création d'un organisme parallèle comme le G20, les deux options sont valables.
Mais il y a aussi une troisième option dont certains parlent déjà.
C'est un G6, limité aux États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon, l'Europe et la Russie. C'est une option qui est inquiétante pour une raison évidente: le Canada n'est pas là, et pour cette raison je dis au premier ministre que ce n'est pas le temps de suivre et risquer de se faire oublier. Il faut prendre les devants si nous voulons être présents lorsque le successeur du G8 sera formé.
Le statu quo tire à sa fin
Paul Martin exhorte le premier ministre Stephen Haroer à prendre les commandes de la réforme du G8.
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