Un journal dévoyé

Le temps des adieux

Lettre ouverte à Brian Myles, directeur du Devoir

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Tribune libre

redaction@ledevoir.com 


Source (i.e. contrefort, en quelque sorte, de la prestation qui suit) : 


https://www.ledevoir.com/opinion/idees/583052/un-exercice-delicat 


D'où je tire ce passage de SP : 


Samuel Prévert - Inscrit 26 juillet 2020 15 h 33 


Le seul qui en vaut la peine 


Christian Rioux est le seul chroniqueur digne de ce nom dans ce journal qui n'aurait jamais dû changer de devise...



Je ne comprends pas pourquoi M. Myles se croit tenu d'expliquer aux gens qu'il est nécessaire de présenter aux lecteurs une supposée diversité d'opinions alors que tout le monde, dans ce journal, défend le multiculturalisme à la Trudeau, Plante, QS et compagnie. Même les photos de fillettes et de femmes voilées reflètent cette tendance où l'on se pense ouverts d'esprit quand on combat la laïcité et qu'on traite les Québécois de racistes. 


...


Monsieur Prévert, je seconde ...!


(Les Feuilles mortes manière Yves Montand en arrière-fond musicalisé) 


 


Monsieur Brian Myles 


Directeur du Devoir 


Lectrice de longue date du Devoir, monsieur Myles, cela dit sans vouloir vous offenser, bien honnêtement, ce journal, hormis quelques journalistes et chroniqueurs de grande valeur (une vraie peau de chagrin désormais, pour ce qui concerne ces valeureux irréductibles), n'est plus que l'ombre de lui-même depuis que le "Collège" eut la curieuse idée de vous élire à la direction de cette vénérable Institution. 


L'ombre de lui-même. Avec notamment ces Émilie Nicolas et autres Francine Pelletier à votre traîne comme queue de comète. 


Lesquel(les) confondent allègrement leur petit agenda idéologique personnel, tout en ressentiment, de tous les instants, avec le progressisme ! Vocable qui à notre époque ne veut plus rien dire. Hormis son contraire. Idem pour la Gauche. 


(C'est pourtant une femme de Gauche, dans sa classique acception, et puissamment féministe au surplus, qui à l'instant vous adresse la parole)   


Pendant ce temps, vous, monsieur le Directeur, vous vous excusez, ou si peu s'en faut, d'avoir un Christian Rioux dans votre équipe ! 


C'est proprement HAL-LU-CI-NANT. 


Je ne reconnais même plus les Odile Tremblay, les Marie-Andrée Chouinard et autres Jean-François Nadeau et Josée Blanchette. "Travailleurs" des lieux qui se discréditent désormais, quant à la qualité de leur jugement sur notre temps. Il est douloureux de constater que de beaux esprits, hier, puissent aujourd'hui ainsi sacrifier aux baudruches idéologiques de pacotille du temps présent. 


Baudruches s'appuyant, le plus souvent, sur une connaissance ou étonnamment superficielle, ou extraordinairement tronquée, des multiples dimensions d'un dossier. Quand il ne s'agit pas, carrément, d'une ignorance à désespérer de tout. Ignorance historique, sociologique, thématique. Ainsi qu'à l'échelle nationale. En clair : Perspective intellectuelle d'une faiblesse désarmante. 


Bref (si on fait court), la Liberté pour tous, et sur-le-champ, y compris les plus infimes groupuscules du jour. Tous. Sauf le peuple québécois... cette nation saloparde, obtuse, raciste et arriérée qui entrave l'anglo-américanisation tout azimut, et tous sens confondus, de tourner tranquillement (...?) en rond. 


À croire, monsieur Myles, que vous versez quelques gouttelettes aérosolées de vous-même, subrepticement, chaque matin, dans le café de... vos "sujets". 


Y compris les plus récents "journalistes", depuis une bonne douzaine d'années. Sinon plus. Qui font plus aisément référence à la dernière "toune" commerciale américaine qu'à des événements ou des personnages-clés de notre Histoire. À donner l'impression qu'un de Gaulle n'est pour eux, ou elles, que le nom d'un aéroport, ou Lionel Groulx la désignation d'une station de métropolitain. Appellation qu'il faudrait au surplus éradiquer de la place publique sous un argumentaire d'une inculture, et d'un aveuglement mental, à s'arracher les cheveux. Et les dents. 


Pour lui substituer, une fois de plus, quelque personnage de la... minorité anglaise. Ou anglophile. Ou anglotrope. Et surtout pas des légendes de notre propre Culture. Telles Claude Léveillée, Andrée Lachapelle, Marcel Dubé, Gilles Pelletier, Jacques Parizeau, Paul Gérin-Lajoie, Bernard Landry, Réjean Ducharme, Michel Brault, Pierre Falardeau, Jean-Claude Labrecque, Lise Payette, Lucille Dumont, Paul Buissonneau, Janine Sutto, Paul Hébert, Huguette Oligny, Hélène Loiselle, André Melançon, Jean Beaudin, Monique Leyrac, Jean-Paul L'Allier, Marjolaine Hébert, Muriel Millard, Rita Lafontaine, Albert Millaire, Gilles Carle, Jacques Languirand, Monique Mercure, Frédéric Back, Nicole Leblanc, Hervé Brousseau, Luc Cousineau, Jovette Marchessault, Alys Robi, Pierre Nadeau ou Renée Claude. Et combien d'autres, que l'on ne saurait nommer. Autant des nôtres décédés dans les dernières années. 


Monsieur le Directeur, j'aurais tant à dire. Tellement ce journal me déçoit, me déçoit profondément, depuis qu'il préfère les ados halluciné(e)s style Emilie Nicolas (prénom systématiquement dépouillé - la haine jusque dans le plus infime détail orthographique ? - de son accent, par trop français, à l'initiale), détestant viscéralement le Québec du haut de son glorieux Bac en littératures comparées. 


Mais "que" comparer, demanderons-nous, pour le coup, si on n'a pas plongé au préalable dans la/les littérature(s) dont on discute, dès lors, en aveugle...? Juger avant de Connaître ! Pose intellectuelle très précisément reconduite, ça en est remarquable, dans l'ensemble de l''oeuvre' d'icelle : étudier/comparer un passé depuis une "analyse" tout entière enfouie dans le présentisme. L'Humanité, que dis-je, le Monde est né le jour de ma naissance... Et l'abominable société blanche et française québécoise est à comprendre par le pertuis de mes petites frustrations égoïsantes d'adolescente. Vivement la supériorité intellectuelle et morale de la très Canadian [University of] Toronto ! D'où, hélas, je ne ressortirai jamais avec le Ph.D. que je convoitais... Comme quoi il faut croire que nos voisins d'outre-Outaouais ne sont pas toujours aussi distraits, ou naïfs, pour dire le moins, que certaines de nos directions locales de médias. Pour qui, selon toute vraisemblance, la pigmentation marquée de la peau est un gage d'expertise, de sagesse, de bonne foi et de conscience universelle... 


Depuis qu'il préfère, dis-je, les "E"milie aux Josée Boileau... 


Bonjour la débarque, comme on dit chez-nous ! Comme si savoir écrire sans fautes d'orthographe constituait le pré-requis exclusif pour se voir offrir une tribune rue Berri. Intelligence, connaissance, compétence et honnêteté intellectuelle sont des qualités qui pourront être considérées. Si nécessaire... 


Oui. Tant à dire. Mais je suis épuisée. Épuisée devant ce Québec qui ne va plus nulle part. Sinon à sa propre perte. La détestation de Soi présentée comme le summum de l'Évolution phylogénique. Ouverture, Ouverture, Ouverture ! À tout et à tous. 


Sauf à Soi-Même. 


Monsieur Myles, Le Devoir que vous avez façonné à votre image, depuis quatre ans et demi, est un ado. 


Qui s'imagine être dans le vrai parce qu'il porte un anneau dans le nez, des tatouages partout sur le corps, largement dévêtu de préférence (sinon, n'est-ce pas, à quoi bon se peinturlurer de bas en haut ?) et des jeans soigneusement déchirés. Sans compter, bien sûr, la casquette, inversée, sur le crâne, et les verres fumés. Sur la boite crânienne également (et pas ailleurs). Des ados, toutefois, qui ont souvent trente, quarante, cinquante, voire soixante ans. C'est tout le drame... 


Tout entier dans l'extériorité. À l'intérieur ? Des viscères (sans doute, on le présumera). Et des rêves de possession de grosses cylindrées. Et de paradis fiscaux. Pour le reste, eh bien il faut chercher. Obstinément. 


On manifestera au claquement de doigts. Aussi. Pour une pluie tombée, une présumée... appropriation culturelle, ou le port d'un couvre-visage. Enveloppés d'affiches et de panneaux. Dans la langue de Trump, de préférence. C'est in de se montrer bien colonisés. À l'os. Ou de dévoiler au grand jour son refus féroce d'appartenir à cette nation française. Dont on prétendra, ensuite, qu'elle nous exclut par xénophobie... Isn't it, miss Nicolas et autres Fabrice Vil ou Jack Jedwab ??? 


Ce qui s'appelle, communément, inverser l'effet par la cause. 


Mais qui est encore dupe de pareils sophismes, hormis les bonnes âmes du Devoir ? 


Manifester. Certes. Au nom de la saveur idéologique du mois. 


Mais pour le pays de Félix Leclerc ou la langue de Gilles Vigneault, jamais ! 


La Dignité et la Liberté, c'est pour les autres. 


Bref, que l'on me pardonne ma franchise, mais voilà un Devoir devenu risible. Et ce, jusque dans le choix "réfléchi" (par Paul Cauchon, pour ne pas le nommer) de textes, pour la page Idées, ou des lecteurs, d'une culture et d'une profondeur intellectuelle qui, si souvent, trop souvent, ne dépassent pas le niveau d'un cégépien. Des textes qui, en d'autres temps, auraient été mis aux rebuts par quelque Lise Bissonnette des lieux - sourire attendri aux lèvres. Non par idéologie, comme à La Presse. Point du tout ! Mais par respect élémentaire. Et des faits et de l'intelligence. Des lecteurs. 


Le Devoir désormais ? Une vague copie de La Presse des Alain Dubuc et des André Pratte d'hier, solidement encouragée alors, et financée, par les Paul Desmarais et familia de ce monde. Et cette Presse des François Cardinal d'aujourd'hui... fier (!) continuateur de la Tradition. 


Tradition d'un Québec petit, soumis, insipide et massivement anglodéfrancisé. 


Par ouverture d'esprit... 


Bien entendu. 


Monsieur Myles, j'ai toujours pensé que la disparition du Devoir constituerait une tragédie. Une véritable tragédie. Nationale (vous et vos gens diriez plutôt, avec Radio-Canada, avec Cardinal aussi, fils du respectable ministre Jean-Guy, qui, lui, aura servi la nation avec élégance dans les soixantines : provinciale...). 


Or, pour la première fois de ma vie, et je n'ai plus vingt ans, je n'en suis plus certaine du tout. 


Bien franchement, monsieur le Directeur, nonobstant le respect que je vous porte, car je crois sincèrement que vous êtes un honnête homme, qui n'est certainement à la solde de personne, hormis une conscience bien molle, je ne sais plus si un Devoir conduit par Brian Myles ne constitue pas une tragédie plus terrible encore. 


Que sa disparition en bonne et due forme. 


 


Marie-Louise Morgane 


Capitale nationale, 27 Juillet 2020 




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3 commentaires

  • Marie-Louise Morgane Répondre

    30 juillet 2020


    Des oublis regrettables  


    Quand on décline une liste de grands disparus (ici des "légendes de notre propre culture"), on s'expose à oublier des personnes. Dans cette douloureuse énumération. Et c'est toujours une forme de maladresse que l'on préfère éviter. 


    Aussi me revient-il un nom, soudain, dont le décès tout récent (en juin, il y a à peine quelques semaines) m'avait pourtant ébranlée. Fût-ce là une forme de déni de ma part ? Peut-être bien... 


    Car l'insignifiance que nous incarnons actuellement, complaisamment, en pays de Gilles Vigneault, me fait ressentir chaque perte de l'un de nos grands talents (pas au sens entendu en Saguenay...) comme une terrible gifle. De trop. 


    Il est vrai, Nous, Québécois, que nous avons été "quelque chose comme un grand Peuple". Mais nom de nom ! Qu'attendons-Nous pour le redevenir...? Plutôt que de regarder passivement disparaître, une à une, chaque pierre de cette Maison de l'Excellence. 


    Et je nomme cette fois le comédien Jean Brousseau


    Incidemment, le frère d'Hervé, décédé il y a trois ans. Chansonnier de talent des soixantines, hélas largement oublié aujourd'hui. Jean était également le père de François, chroniqueur aux affaires internationales au... Devoir


    L'une des plumes (il n'y en a pas des masses...) qui échappent à ma présente critique de ce journal. 


    MLM  


    PS : Une tendre pensée toute spéciale aussi pour Michelle Rossignol, disparue en mai. Qui entre autres rôles aura joué l'une des héroïnes des Dames de coeur, téléroman emblématique des octantines écrit par feue la formidable Lise Payette. Dont Brian Myles - qui ne s'en souvient ? - s'était "débarrassé" (elle y était une chroniqueure appréciée) aussitôt qu'il fut nommé directeur dudit Devoir. En Février 2016. 



  • Marie-Louise Morgane Répondre

    28 juillet 2020

    Bonjour, 


    Dans la même veine, et pour aller dans le même sens que vous, monsieur Huber, je recommanderais le mot pertinent de monsieur Gill (Charles-Étienne Gill - Abonné 26 juillet 2020 16 h 16), consécutivement à l'intervention, également avisée, de monsieur Jérôme Faivre en : 


    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/583036/une-image-toxique-et-fausse-de-l-essence-meme-de-notre-identite 


    MLM  



  • Marc Huber Répondre

    27 juillet 2020

    Votre critique est partagée par de nombreuses personnes, dont moi, un ancien abonné du Devoir qui s'offre une copie de ce journal le vendredi, pour lire Christian Rioux. Et sachez qu'il m'arrire parfois de découvrir des perles ailleurs que sous la plume de Rioux. C'est généralement dans les opinions des lecteurs.