Les accommodements déraisonnables

Les Québécois sont ouverts, mais ils ne sont pas indifférents à l'inacceptable

Laïcité — débat québécois


Les multiples accommodements déraisonnables dont les médias avaient fait leurs choux gras en 2007 avaient provoqué une saine réaction d'intolérance envers l'intolérable. Les Québécois sont ouverts, mais ils ne sont pas indifférents à l'inacceptable.
Accepter toutes les différences sous prétexte qu'il faut être ouvert, c'est du relativisme, de la démission, de la résignation servile. Mais affirmer que tout citoyen du Québec doit se conformer à des valeurs ou à des droits fondamentaux, tels que le droit à l'égalité entre les sexes, le droit des élèves et des travailleurs à la sécurité, le droit des Québécois de vivre en français, le droit des femmes à la dignité, etc., ce n'est pas être raciste, ce n'est pas être dogmatique, ce n'est pas être intolérant envers des cultures ou des religions qui ne respectent pas ces valeurs ou ces droits. Il est vrai que, pour un relativiste, affirmer une vérité fondée rationnellement est du dogmatisme.
Au Québec, au nom de l'ouverture à la différence, on a peur d'être intolérant, on a peur des chicanes, on a peur d'être accusé de racisme. Rappelons seulement comment la juge
Monique Dubreuil, en janvier 1998, imposa un sursis de peine à deux étudiants noirs pour un viol collectif en invoquant l'origine ethnique des accusés comme circonstance atténuante. Et que dire du jugement de la juge Raymonde Verreault, en 1994, qui avait estimé qu'un homme d'origine algérienne, coupable d'agression sexuelle sur une mineure, avait protégé sa victime en se contentant de la sodomiser, préservant ainsi sa virginité pour le futur mari.
Accepter l'inacceptable
Ce relativisme culturel est déraisonnable. L'acceptation de la différence ne commande pas d'accepter l'inacceptable. Celui qui est tolérant admet qu'il y a des limites à la tolérance alors que le relativiste considère qu'il n'y en a aucune. Le relativiste est celui qui croit que la vérité est propre à chaque individu ou à chaque être humain, qu'il n'y a pas de vérités universelles applicables à tous les êtres humains. Il refuse donc d'établir une hiérarchie entre les individus ou entre les cultures. Il faut être ouvert. Cette attitude s'en veut une de tolérance.
On peut cependant considérer qu'appliquée à la lettre et à tous les comportements sans exception, la tolérance mène à l'indifférence totale envers les autres. Le relativiste a fondamentalement peur d'être intolérant. Il confond tolérance et indifférence. Être tolérant consiste à avoir une attitude de respect pour les autres, mais c'est une attitude qui suppose que l'on ait des convictions morales dont on peut examiner et justifier par une argumentation rationnelle la justesse et l'universalité.
Nous savons que toute vérité est relative, et donc discutable, mais, au Québec, nous avons fait consensus, par une argumentation rationnelle, sur des valeurs universelles et donc applicables à tout être humain habitant notre territoire. L'égalité des hommes et des femmes est une de ces valeurs fondamentales conquises de longue lutte par des féministes: c'est une victoire de la raison sur le patriarcat qui prônait l'infériorité des femmes. [...]
***
Gaston Ducasse, Professeur de philosophie à la retraite


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->