Les gros canons de Rod Stewart

Lettre à Sylvie Girard, commissaire des fêtes Célébrations Lévis 2011 et Danielle Roy-Marinelli, mairesse de Lévis

Tribune libre

Lettre à Sylvie Girard, commissaire des fêtes Célébrations Lévis 2011 et Danielle Roy-Marinelli, mairesse de Lévis
Madame Girard, contrairement à ce que vous affirmiez en conférence de presse le 5 mai dernier, ce n’est pas le fait de dévoiler la présence de Rod Stewart en même temps que les autres activités de Célébrations Lévis 2011 qui leur aurait fait ombrage. C’est plutôt l’absence criante d’un « gros canon » français pour lui faire contrepoids qui a cet effet sur le reste des activités. Une Lévisienne d’ascendance française comme vous aurait pu (et dû) envisager d’offrir au pays de ses ancêtres la primeur des festivités. Si j’étais Français, je serais un peu froissé. Pensez-vous sérieusement qu’en 2012, Ottawa va « oublier » d’inviter un artiste anglais pour fêter le bicentenaire de Bytown ? Pourriez-vous me nommer une seule ville canadienne-anglaise ayant fêté sa fondation en déroulant le tapis rouge aux artistes français ?
Mais j’ose croire que j’ai omis un élément de votre plan de match : en invitant Rod Stewart, un « gros canon » de la chanson britannique pour célébrer la fondation d’une ville dont la population est majoritairement issue d’ancêtres français, peut-être cachiez-vous une intention aussi géniale que subversive : celle de partir le bal pour que bientôt dans les pays anglo-saxons, il n’y ait rien de plus in que d'inviter des vedettes québécoises et françaises quand ils fêteront la fondation de leurs villes. Non mais, il fallait y penser ! Le génie d'une élite éclairée à son meilleur : chanter en anglais ici pour faire rayonner la chanson française ailleurs ! Après tout, quoi de mal à ce qu'un Britannique vienne fêter la fondation d'une ville qui célèbre la mémoire du Chevalier de Lévis, l'un de nos plus glorieux chefs de guerre vainqueur des forces britanniques le 28 avril 1760, lors de la célèbre bataille de Sainte-Foy ? Il faudra simplement veiller à ce que M. Stewart et ses musiciens évitent de brouiller les pistes en tournant leurs puissants haut-parleurs vers Québec pour recréer les bombardements de l’armée anglaise qui, de Pointe-Lévy, avait ruiné Québec, préparant le terrain pour sa prise en septembre 1759.
J’ajouterais que le lancement de vos festivités le 15 janvier s’est révélé une autre occasion manquée de renforcer le rayonnement du français. « Il fallait que ça danse », a affirmé l'organisatrice Nancy Bernier pour justifier son choix de chansons de Madonna. Elle a d’ailleurs avoué s’être payé (avec nos taxes) un « trip personnel qu’elle assume »... Vite comme ça, sans trop chercher et sans subvention faramineuse, j’aurais pu lui proposer les pièces Ce soir on danse, de Stromae, Le pied dansant, de Stephie Shock ou, de Nanette Workman, Danser danser et Ce soir on danse à Naziland… Mais pour ça, encore faut-il d’abord aimer la chanson en français, ensuite savoir faire des choix pertinents et, enfin, vouloir les mettre en valeur. Parce que le pouvoir, ça, vous l’aviez. Et l’argent aussi.
Jean-François Vallée
_ Saint-Philippe-de-Néri
_ Le 14 mai 2011
 

Le chanteur britannique Rod Stewart se produira le samedi 30 juillet, au Centre de congrès et d'expositions de Lévis, dans un spectacle gratuit.


 
Pierre Asselin Le Soleil (Québec) Lévis s'offre une star de la musique pop pour célébrer le 375e anniversaire de la Seigneurie de Lauzon. Le chanteur britannique Rod Stewart viendra en effet marquer l'événement par sa présence, le samedi 30 juillet, dans un spectacle gratuit.
«Nous voulions de la grande visite pour célébrer notre ville; c'est mission accomplie!» a déclaré jeudi Sylvie Girard, commissaire à Célébrations Lévis 2011. Lévis n'a peut-être pas la même culture événementielle que Québec, ajoute-t-elle, mais le lieu choisi par la ville peut accueillir jusqu'à 80 000 spectateurs.
Le chanteur, membre du Rock and Roll Hall of Fame et 16 fois nommé aux Grammy, a vendu en 40 ans de carrière plus de 250 millions d'albums. Son dernier passage à Québec remonte à 1984, au Colisée.
Ce spectacle sera le point culminant d'une fin de semaine riche en événements, à laquelle sont conviés résidants et visiteurs.
«Ce sera un rendez-vous historique», assure la commissaire. Tous ces événements se tiendront au même endroit, sur les terrains entourant le Centre de congrès et d'expositions de Lévis. «Nous serons en mesure d'accueillir les milliers de visiteurs dans un espace central accessible et favorable à la mise en place d'un service de navettes.»
Trois grands événements
Trois grands événements seront présentés dans cette seule fin de semaine. Le 28 juillet, date officielle de la journée citoyenne de Lévis, on présentera un spectacle à grand déploiement, Terre de héros. «Ce sera une véritable épopée, un hommage à une ville remarquable, et à tous les gens qui l'ont façonnée.»
Plusieurs artistes reconnus en musique, chant, danse et plus de 150 figurants y participeront. Le spectacle sera appuyé par une projection multimédia et des effets pyrotechniques. Les détails et les noms des artistes de ce spectacle à grand déploiement seront dévoilés prochainement, a indiqué Mme Girard.
Le 29 juillet, on présentera Lévis-danse, une soirée de musique, avec D.J. et V.J., à laquelle participeront des danseurs, ainsi que des manipulateurs et cracheurs de feu. Le même soir, on aura droit aux Feux pyromusicaux, offerts par Ameublements Tanguay, pour son 50e anniversaire, et Desjardins. Pendant 17 ans, Ameublements Tanguay a offert gratuitement aux Lévisiens des spectacles pyrotechniques, jusqu'en 2009.
«Ce sera un moment de pure magie, le plus grand spectacle pyrotechnique jamais présenté ici», promet encore la commissaire.
Là aussi les détails de Lévis-Danse seront dévoilés plus tard, car Célébrations Lévis 2011 voulait éviter que l'annonce du spectacle de Rod Stewart porte ombrage au reste de la programmation de cette fin de semaine.
***
Leçon d'histoire et danse hivernale à Lévis au cube

Au centre du fort, le fameux cube aura été le maître de cérémonie, l'artiste, le comédien et le narrateur.

Renaud Philippe Le Soleil (Québec) Les citoyens de Lévis ont con-vergé par milliers hier soir autour des quatre faces d'un cube multimédia pour lancer en grand leur 375e anniversaire. Dans une ambiance plus studieuse que festive, la foule captive a écouté religieusement un récit fort coloré des 375 ans de la seigneurie de Lauzon au fort Numéro-Un. Une leçon d'histoire en lumière et en son, avant que ne soient lancées en grande pompe les Célébrations Lévis 2011 sous la musique tonitruante de... Madonna.
Les fortifications de la rive sud du Saint-Laurent avaient retrouvé leur épaisse fumée et le bruit assourdissant des coups de canon, hier. C'est toutefois la pyrotechnie hivernale et un système de son habilement déployé qui ont pris le relais des régiments militaires du XVIIIe siècle.
Lévis au cube, premier événement phare des célébrations de 2011, aura réussi son pari de convier la population à prendre part au 375e anniversaire de la seigneurie de Lauzon, au 150e de Lévis et au 10e de la nouvelle entité municipale. Sans déborder, à l'image du spectacle d'ouverture du 400e de Québec le 31 décembre 2007 à la place D'Youville, le fort Numéro-Un a été rempli à belle capacité, et un important contingent de curieux se sont même massés à l'extérieur des fortifications.
En plein centre du fort, le fameux cube aura été le maître de cérémonie, l'artiste, le comédien et le narrateur. Tout se déroulait ainsi sur une des quatre faces de cube. La projection, claire et magnifique en raison de l'accalmie météorologique, aurait toutefois eu des airs de ciné-parc, n'eut été de l'arsenal pyrotechnique installé tout en haut des murs du fort.
Des éclairages plus subtils que flamboyants ont ainsi agrémenté la narration au fil des anecdotes historiques projetées sur les facettes géométriques. L'effet était particulièrement saisissant lors du tableau racontant la conquête britannique de 1759, où des lueurs rouges recréaient à merveille les maisons incendiées sur l'ancien territoire de Lévis pour faire peur aux Français de l'autre côté du fleuve.
La complexité sonore, inspirée tout droit des expériences surround des cinémas maison, a quant à elle fait vibrer bien des spectateurs lors du chapitre évoquant la catastrophe ferroviaire de Saint-Rédempteur.
Lévis au cube a présenté d'entrée de jeu un documentaire historique sur les racines de la région. Une dizaine de tableaux ont retracé les moments forts depuis la venue du colon Guillaume Couture. En dépit d'un rythme un peu lent et d'une approche plutôt pédagogique, l'expérience multimédia ne semble pas avoir déplu, les spectateurs ne bougeant pas d'un poil lors de la projection, sinon pour se réchauffer.
Après une quarantaine de minutes de capsules factuelles interprétées par des comédiens, Lévis au cube a pris une tout autre dimension. La seigneurie de Lauzon et les descendants d'Alphonse Desjardins ont cédé le pas aux feux d'artifice et à la vedette Madonna, dont le succès pop Celebration a été choisi comme toute première chanson de lancement de Lévis 2011. La discothèque à ciel ouvert promise n'a pas tardé à se mettre en branle, et Rihanna et David Guetta ont aussitôt fait fureur auprès des danseurs hivernaux. Pour la première pièce francophone du spectacle (Les Cowboys Fringants), il a fallu attendre quelque 20 minutes après la fin de la projection.

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Jean-François Vallée91 articles

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Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    18 mai 2011

    @ Mona Richard:
    «Pour Stewart, deux questions en suspens : combien ça coûte en argent public ? Quelles sont les retombées ?».
    Une chose est sûre: quand tu t'appelles Rod Stewart, tu ne te déplaces pas, avec ton équipe technique, tes décors, costumes, tes musiciens et leur équipement, etc, etc, pour aller comme on dit, chanter pour des peanuts! Le cachet ne peut qu'être en conséquence.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2011

    C'est effectivement l'argent des contribuables qui paie pour ces soi-disant «spectacles gratuits». Mais curieusement, les sommes qui sont versées aux rock stars pour les évènements publics, comme au 400e de Québec par exemple, ne sont jamais révélées. Cela rappelle les «investissements étrangers» et «investissements privés» tant prisés par Charest-Normandeau dont on révèle «les retombées» à tire larigo, mais en se gardant bien d'indiquer ce qu'il en coûte aux contribuables, comme dans les gaz de schiste, l'éolien, les ressources naturelles en général, le plan «nard», etc.
    Pour Stewart, deux questions en suspens: combien ça coûte en argent public? Quelles sont les retombées?

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    16 mai 2011

    À Lévis, on semble avoir décidé de suivre le même chemin que celui qu'a pris le festival d'été de Québec, qui cette année, nous offrira un peu plus de concerts en anglais qu'en français.
    En plus de prendre une certaine tangente kétaine, il s'agit là de l'expression d'un certain rejet de notre identité.
    «Un trip personnel», que Madame dit «assumer», hein? Pourquoi ne pas «l'assumer» à ses propres frais, comme en s'achetant des disques compacts de chansons anglaises, plutôt qu'en utilisant l'argent de contribuables francophones, la prochaine fois?
    Avec la gang à Labeaume, à Québec, et avec cette autre bande de colonisés, juste de l,autre côté du fleuve, à Lévis, notre coin du Québec est en train de se métamorphoser en une zone culturellement sinistrée! Quelle grosse gang d'Elvis Grattons, que nous faisons là!