"Le Québec mis en échec : la discrimination envers les Québécois dans la LNH"

Les joueurs québécois sont-ils discriminés dans la LNH ?

Ce chaud sujet remonte aussi loin que la suspension imposée à Maurice Richard en 1955 ce qui avait mené à une émeute à Montréal.

Sports et politique


MONTREAL - Privilégiant les chiffres et les statistiques plutôt que les opinions subjectives et les accusations à l'emporte-pièce, Bob Sirois, dans son livre à paraître mardi intitulé "Le Québec mis en échec: la discrimination envers les Québécois dans la LNH", promet de jeter un nouvel éclairage sur un débat qui n'a jamais été résolu depuis la fameuse suspension imposée à Maurice Richard.
Dans son oeuvre que les Editions de l'Homme présentent comme « le dossier le plus étoffé jamais publié sur le sort des joueurs québécois dans la LNH », l'ancien hockeyeur des Flyers de Philadelphie et des Capitals de Washington refuse d'emblée d'alimenter gratuitement un vieux débat qui s'était pratiquement toujours appuyé, jusqu'ici, sur des faits anecdotiques, qu'il s'agisse de la sanction sévère imposée par Clarence Campbell au Rocket, de l'absence de Mario Lemieux au sein de l'équipe canadienne junior ou des insultes proférées par les Shane Doan et consorts.
Bien que le livre ne recule pas devant la polémique - on retrouve une grenouille casquée qui affronte un boeuf-hockeyeur sur la page couverture -, Sirois tente plutôt de faire la démonstration mathématique que les dirigeants de la Ligue nationale ne tiennent pas les hockeyeurs québécois francophones en aussi haute estime que leurs confrères anglophones.
Ce qui amène tout de même l'auteur à tirer des conclusions à haute teneur politique. Sirois affirme que les seuls remèdes pour contrer cette discrimination systémique seraient « le retour d'un club professionnel à Québec et la mise sur pied d'une équipe Québec junior », puisqu'elle offrirait aux hockeyeurs québécois francophones une visibilité qu'on leur refuse souvent ailleurs.
Quoique le style d'écriture de Sirois soit vivant et le ton chaleureux lorsqu'il commente les données colligées, la longue série de tableaux et de statistiques qui composent la grande majorité des 269 pages du bouquin font en sorte qu'il s'agit d'une publication qui est avant tout destinée aux initiés et aux passionnés, ainsi qu'aux décideurs du hockey.
« Reconnaître la discrimination et en repérer la source sont des démarches très importantes pour nous tous, car la discrimination est toujours très présente dans la Ligue nationale de hockey des Canadiens anglais. C'est maintenant aux personnes en autorité d'agir! », écrit-il dans le dernier passage de son livre.
Un travail de moine
Sirois, qui a marqué 92 buts et 120 aides en 286 matchs en l'espace de six saisons dans la LNH de 1974 à 1980, a effectué un véritable travail de moine en dressant la liste des Québécois qui ont été repêchés par des clubs de la Ligue nationale ou ont joué dans la LNH au cours des 40 dernières années.
« En 13 saisons, un seul Québécois francophone a joué plus d'une saison (80 matchs) avec les Hurricanes de la Caroline », relève-t-il notamment.
Sirois ne s'attaque pas seulement à la LNH. Il souligne aussi que seulement « 1,8 joueur québécois par année a réussi, en moyenne, à percer l'alignement d'Equipe Canada Junior ».
« Si nos joueurs ne sont pas assez talentueux ou pas assez 'canadian' pour jouer avec Equipe Canada Junior, mais que par ailleurs ils le sont assez pour jouer dans la LNH avant certains joueurs qui ont joué pour ECJ, il est forcément temps de passer à autre chose et de demander aux autorités supérieures du Québec de former une équipe Québec junior le plus tôt possible pour participer aux championnats mondiaux de hockey junior », écrit-il.
Sirois déboulonne par ailleurs, chiffres à l'appui, les mythes à l'effet que les joueurs québécois seraient beaucoup plus petits que leurs comparses du reste du Canada et que la Ligue du hockey junior majeur du Québec offre du jeu moins rigoureux en défensive que les autres circuits juniors canadiens.
Les dirigeants de la LNH sont particulièrement malvenus d'utiliser ces prétextes-là pour ne pas repêcher des Québécois, laisse-t-il entendre, puisqu'ils ne réservent pas le même sort aux hockeyeurs québécois
anglophones. Bref, à des athlètes qui ont eu droit au même niveau de développement dans les rangs juvéniles que leurs confrères francophones.
En recensant le nombre de hockeyeurs québécois anglophones qui ont été repêchés par des clubs de la LNH ou ont joué dans la ligue, Sirois a constaté qu'on les retrouvait en nombre de deux à 2,5 fois supérieur à leur
pourcentage de représentativité au sein de la population québécoise.
Sirois note aussi le taux disproportionné d'honneurs individuels qui sont attribués aux joueurs francophones de la LNH par rapport à leurs confrères anglophones. Il relève que 42 pour cent des francophones qui ont disputé plus de 200 matchs entre les saisons 1970-71 et 2008-09 ont remporté des honneurs de la LNH.
« Ce qui prouve hors de tout doute que seuls les hockeyeurs québécois francophones de haut niveau ont réussi à faire une carrière de plus de 200 matchs dans la LNH, écrit-il. Les autres hockeyeurs québécois ont été rapidement éliminés de la LNH. »
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L’ancien attaquant de la LNH Bob Sirois lance le livre : «Le Québec mis en échec ; la discrimation des Québécois dans la LNH» afin d’examiner ce débat.
Sirois soutient que ce préjugé défavorable est vivant dans la Ligue nationale de hockey.
Ce chaud sujet remonte aussi loin que la suspension imposée à Maurice Richard en 1955 ce qui avait mené à une émeute à Montréal.
L’ancien joueur des Flyers de Philadelphie et des Capitals de Washington tente de démontrer ce problème à l’aide de statistiques.
Notre collègue Stéphane Leroux propose à partir de mardi une série de reportage sur la situation des joueurs québécois au hockey professionnel.


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