Présentation
Que penser du prisonnier de guerre qui, au lieu de remplir le premier de ses devoirs, qui est de se soustraire à l’autorité de ses gardiens, estime s’en acquitter en demeurant leur captif mais en leur imposant sa langue ? Vous direz sans doute que pour confondre ainsi la captivité avec la liberté, il faut être profondément ignorant de ce en quoi chacune consiste ou avoir été profondément secoué psychologiquement.
On rencontre une confusion semblable chez ceux des nôtres qui voient dans la francisation de nos maîtres canadians le moyen de s’en émanciper : que peut bien avoir de libérateur le fait d’être menés à la baguette dans notre propre langue ? D’autres croient judicieux d’adjoindre au projet souverainiste une association qui perpétuerait notre subordination au Canada-Anglais dont nous deviendrions alors le satellite : l’infériorité de voisinage ferait place à la subordination de voisinage officialisée par une entente formelle. N’est ce pas là aussi confondre l’indépendance avec son contraire ?
« La conquête… s’achève en eux », disait Guy Frégault de nous, depuis 1760. En ces associationnistes non moins qu’en leurs adversaires fédéralistes, notre défaite trouve sa consommation : on croit assurer notre indépendance en perpétuant notre servitude. « Pour un Canadien-Français, il n’y a pas d’idée plus dure que celle de l’indépendance », s’est exclamé M. Séguin une fois en classe.
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Si l’on postule la neutralité du centre et qu’on relève néanmoins un écart entre la situation du minoritaire et celle du majoritaire, on imputera cette asymétrie aux hommes plutôt qu’à la structure fédérale.
Or tout fédéralisme neutralise, réduit à l’impuissance le minoritaire ; il ne le détruit pas. Et ce n’est pas triompher du majoritaire que de survivre comme mineur perpétuel dans une union fédérale puisque c’est précisément là sa fonction. Le mineur fût-il uni comme un seul homme en une parfaite unanimité de propos, il ne peut empêcher le majeur de faire à sa guise.
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On ne peut comparer la conduite d’un peuple dans telle situation à celle qu’il aurait pu adopter si sa situation était autre, ni par conséquent conclure à la supériorité d’une situation sur l’autre. Mais l’on peut comparer les réalisations d’un peuple annexé à celles d’un peuple souverain et dégager une loi générale selon laquelle l’indépendance vaut mieux que l’annexion. Elle ne s’applique pas à chaque cas d’espèce mais se vérifie dans la plupart. Bien qu’intrinsèquement préférable, l’indépendance peut aussi, extrinsèquement, être pour tel peuple, à tel moment, moins souhaitable que son annexion en raison de circonstances et d’une conjoncture particulières.
PARFONDOR
O O O
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 354
Les normes en histoire (14/20)
Dans le fédéralisme, l’annexion peut être un état permanent, mais « si cette société est annexée, il est évident que la libération est nécessaire en soi. »
Chronique de Bruno Deshaies
Bruno Deshaies209 articles
BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pen...
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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30
REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).
Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).
Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.
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