INFRASTRUCTURES

Les ports fédéraux coûteront cher à Québec

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Le fédéral entend vendre à gros prix au gouvernement du Québec des infrastructures que les contribuables québécois déjà ont payées à même leurs taxes fédérales






Le gouvernement fédéral a l’intention de se départir de 25 infrastructures portuaires situées au Québec, dont plusieurs sont vitales pour des régions entières. Une décision qui suscite de vives inquiétudes chez les municipalités, notamment parce que le gouvernement provincial ne s’est toujours pas engagé à prendre le relais. Il faut dire qu’il risque d’hériter d’une facture de plusieurs dizaines de millions de dollars, selon les informations recueillies par Le Devoir.


 

En raison de la situation géographique particulière du Québec, c’est ici qu’on retrouve la majorité des infrastructures que le gouvernement canadien souhaite céder dans le cadre de son Programme de transfert des installations portuaires. Or, plus d’un an après le début de la « phase de cession », on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra des 25 infrastructures situées dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie et sur la Côte-Nord.


 

Le sort de plusieurs d’entre elles dépend directement d’un engagement de Québec, qui ne s’est toujours pas concrétisé. Selon ce que précise Transport Canada, le gouvernement Couillard a même demandé une nouvelle prolongation, jusqu’au 16 juin, « afin de formaliser son intention d’acquérir ou non certaines installations ». Le Devoir a tenté en vain, depuis le 20 mars, d’obtenir des précisions à ce sujet de la part du ministère des Transports. Nos nombreuses demandes sont toutes demeurées sans réponse.


 

Pour plusieurs municipalités, l’enjeu est pourtant crucial. C’est le cas de Matane, située en Gaspésie et ciblée par Québec pour le développement d’une zone industrialo-portuaire. Son maire, Jérôme Landry, affirme que Québec a manifesté son intérêt, mais sans rien confirmer. « Le provincial est intéressé, mais par des ports en bon état », résume-t-il en entrevue. Or, les infrastructures auraient besoin de travaux « urgents », qu’il évalue à plus de 35 millions de dollars.


 

« Nous avons un quai en porcelaine », illustre le maire. Le problème, ajoute M. Landry, c’est que le gouvernement fédéral refuse de s’engager à mener les travaux de restauration, en raison du processus de cession en cours. Une situation qui compromet la viabilité économique d’infrastructures qu’il juge essentielles pour l’activité économique de la région.






Silence à Ottawa


 

Matane n’est pas la seule municipalité à vivre dans l’incertitude. C’est le cas d’au moins trois autres municipalités ciblées pour le développement d’une zone industrialo-portuaire, dans le cadre de la Stratégie maritime du gouvernement Couillard. Ainsi, Québec aurait démontré de l’intérêt pour les infrastructures de Rimouski, mais sans prendre d’engagement formel. Et là aussi, des travaux seraient nécessaires, précise la Ville, sans toutefois pouvoir les chiffrer.


 

Même chose à Gaspé. Son porte-parole, Jérôme Tardif, dit que des « négociations » seraient en cours entre la province et le gouvernement fédéral, comme cela serait le cas à Cacouna. M. Tardif n’a cependant pas plus de détails sur la teneur des discussions. Qui plus est, Ottawa a refusé de répondre aux demandes de la municipalité. « Chaque fois que nous avons demandé un état de la situation infrastructurel à Transport Canada, nos demandes sont demeurées sans réponse », souligne-t-il.


 

Dans d’autres cas, la municipalité pourrait souhaiter acquérir l’infrastructure portuaire. C’est le cas de Chandler, où on précise que « des travaux de rénovation importants » seraient toutefois nécessaires. Ceux-ci sont sommairement évalués à « plusieurs millions de dollars ». Carleton-sur-Mer a pour sa part déjà signifié son intérêt pour l’acquisition du quai fédéral de la municipalité, dans le but de développer notamment un projet de quai de pêche. Selon Transport Canada, l’infrastructure est cependant « en mauvais état ». La Ville estime le coût des travaux à 23 millions.


 

Lien essentiel


 

La facture pourrait s’avérer nettement plus élevée pour la sauvegarde d’infrastructures qui constituent l’unique lien entre certaines régions et le reste du Québec. C’est le cas de six infrastructures portuaires situées sur la Basse-Côte-Nord et qui ne sont tout simplement pas reliées au réseau routier québécois : La Romaine, Harrington Harbor, Tête-à-la-Baleine, La Tabatière, Saint-Augustin et Blanc-Sablon.


 

Le préfet de la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent, Armand Joncas, dénonce d’ailleurs vivement le processus en cours. « Nous sommes un peuple oublié par le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial », affirme-t-il. « Il faut que le fédéral maintienne son engagement de Kegaska à Blanc-Sablon, jusqu’à ce qu’on puisse avoir une route. Il ne peut pas céder les quais à n’importe qui », ajoute celui qui est aussi le maire de Blanc-Sablon.


 

Selon M. Joncas, il est impensable de céder toutes ces infrastructures aux municipalités. « Nous n’avons pas les moyens de prendre nos quais en charge. On ne pourra pas les maintenir, parce que nous allons faire des déficits chaque année. C’est comme si on prenait tous les services de transport de Montréal et qu’on les fermait. Il n’y a plus rien qui peut bouger. »


 

Il souligne aussi qu’au moins quatre des infrastructures portuaires auraient besoin de travaux « de 30 à 40 millions de dollars », sans compter une facture de plus de 200 millions de dollars pour le port de Blanc-Sablon. « Mais le fédéral ne veut rien savoir », laisse-t-il tomber. « On va écrire à la Société des traversiers du Québec pour leur demander de reprendre le quai, en dernier recours. »


 

Attente aux Îles


 

Le lien maritime est en outre absolument vital pour les Îles de la Madeleine, où Transport Canada souhaite se départir des installations portuaires de Cap-aux-Meules. Une situation que dénonce le maire de la municipalité des Îles, Jonathan Lapierre. « C’est une infrastructure névralgique, la porte d’entrée pour les traversiers, pour l’approvisionnement et pour les croisières, en plus d’être un port de pêche. Le gouvernement doit demeurer propriétaire des installations. »


 
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