Le gouvernement Charest affirme qu’il économisera plus de 500 millions $ en réalisant les deux hôpitaux universitaires de Montréal en mode PPP (partenariat public-privé). Prenons cette estimation avec prudence. Certes, les PPP peuvent limiter les dépassements de coûts fréquents dans les grands projets de construction. Il faudra toutefois attendre la fin des travaux pour connaître la facture totale.
Ce serait adopter une attitude jovialiste que de croire que le PPP retenu préservera des mauvaises surprises les futurs CHUM (Centre hospitalier de l’Université de Montréal) et CUSM (Centre universitaire de santé McGill). L’expérience de la Grande-Bretagne démontre que les PPP ne sont pas que des succès. Des dépassements de coûts de 200 % et des contrats mal ficelés existent aussi dans des projets où l’État a confié la construction et l’entretien d’une infrastructure à l’entreprise privée plutôt que de s’en charger lui-même.
À l’inverse, il serait absurde de s’opposer systématiquement à un partenariat public-privé. Ni le secteur privé ni le secteur public n’a le monopole de la perfection. Il faut donc voir l’entrée du Québec dans le monde des PPP de manière confiante et réaliste, en tentant de tirer le meilleur des deux mondes.
Le jour où Québec décide de doter la province de deux hôpitaux universitaires à la fine pointe, il doit forcément se demander quelle est la façon de réaliser ces projets au meilleur coût. Les finances publiques demeurant fragiles, aucun politicien ni aucun contribuable ne souhaite la répétition des expériences coûteuses de la Gaspésia et du métro à Laval.
Si le mode PPP peut contribuer à mieux prévoir l’investissement requis, à limiter les dépenses et les mauvaises surprises, pourquoi se priver de l’expérimenter ? D’autres pays l’ont fait avant nous. Le Québec peut tirer des leçons de leurs réussites et de leurs échecs.
La formule PPP a connu des ratés dans le domaine hospitalier anglais, notamment dans les cas où la gestion des équipements et des technologies médicales a été déléguée au secteur privé. Les médecins et le personnel se sont retrouvés avec du matériel désuet faute d’investissements. Dans le cas du CHUM et du CUSM, Québec évite cette erreur en confiant uniquement la construction et l’entretien des édifices au privé. C’est l’État qui continuera de veiller sur le personnel, sur les équipements et sur les services offerts par les deux hôpitaux.
Reste à voir maintenant si le gouvernement saura bien rédiger les contrats qui le lieront à ses partenaires. Tout doit être prévu du début jusqu’à la fin. Sinon, les imprévus et les problèmes surgiront. Et les factures supplémentaires aussi.
Le recours au PPP illustre la difficulté des gouvernements à se discipliner et à gérer de façon rigoureuse. Si des considérations politiques n’intervenaient pas dans la réalisation des grands projets, l’avantage des PPP serait moindre.
Un gouvernement peut en effet emprunter à des taux d’intérêt plus avantageux que ceux qui sont consentis aux entreprises privées. Il est aussi exempté de taxes. Contrairement au privé, l’État ne recherche pas le profit et n’a pas à satisfaire des actionnaires. Par contre, la classe politique a la fâcheuse manie de minimiser les coûts et les risques d’un projet pour mieux le vendre à la population. La planification serrée des besoins ainsi que le respect des échéanciers ne sont pas sa force. Les ajouts au plan initial sont fréquents, ce qui élève forcément la facture finale des contribuables.
Le gouvernement libéral a maintenant le fardeau de prouver qu’il a bien calculé les risques d’un partenariat public-privé pour la réalisation des nouveaux CHUM et CUSM.
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