Les surplus à Ottawa, l’austérité à Québec

Ccdbbf7989242116b402f96f7f24f16d

«Nous sommes les dindons de la farce»

C’est la semaine des rentrées parlementaires à Ottawa et à Québec. Là s’arrête cependant la ressemblance. Car le gouvernement de Harper et celui de Couillard vont opérer sur deux modes diamétralement opposés.

À Ottawa, les caisses sont pleines. On nage dans les surplus. L’assurance-emploi, un programme financé par les employeurs et les salariés, affichera un surplus au bas mot de 3,5 milliards en 2015, rapporte ce matin Le Devoir, alors que les chômeurs ont vu les règles d’éligibilité se resserrer de plus en plus. Harper revêtira, bientôt, son habit du père Noël pour nous annoncer des baisses d’impôts.

Ding, dang, dong, les élections s’en viennent au fédéral!

Dégraisser, sabrer, couper

À Québec, c’est régime minceur. Les finances publiques vont mal. On nous rabâche qu’il faut trouver 3,4 milliards de dollars pour rembourser nos dettes. « Dégraisser », « sabrer », « couper », voilà qui en dit long sur la méthode employée par le gouvernement et sur l’ampleur du trou à combler.

On songe à passer le régime des congés parentaux au tordeur, à augmenter le tarif des garderies, à couper dans le budget des universités et de la culture, à convertir le ministère des Relations internationales en un simple secrétariat d’État et j’en passe.

Les régions écopent

Dans ma région, en Mauricie, j’apprends qu’on craint pour l’avenir du conservatoire de musique de Trois-Rivières en cette année du 50e anniversaire de l’institution. Il manque trois millions pour l’ensemble du réseau à l’échelle du Québec. Ce n’est pas la mer à boire comparativement aux hausses salariales des médecins spécialistes.

Si les établissements en région ferment, qu’adviendra-t-il des étudiants? Ils vont certainement partir vers Montréal ou Québec.

Y a-t-il un moyen d’éradiquer ce déficit sans pour autant saigner les régions ?

Les fermetures d’usines sont presque devenues monnaie courante à Shawinigan. Le 2 septembre, on annonçait la fermeture de l’usine Laurentide de Produits forestiers Résolu (PFR), dans le secteur de Grand-Mère, à Shawinigan, l’ancien fief du premier ministre Jean Chrétien, prévue pour le 15 octobre. La compagnie estime que c’est l’aide financière reçue par une de ses concurrentes en Nouvelle-Écosse qui explique en grande partie la fermeture de son usine de Shawinigan, ce qui enverra 275 travailleurs au chômage.

La mondialisation des marchés frappe et l’État regarde impuissant. C’est la libre-entreprise, dit-on. Ben justement, libre de foutre en l’air la vie des travailleurs surtout!

Je ne sais quel effet ça suscite en vous ce type de mesures mais moi je trouve ça plus que déprimant.

J’ai beau chercher une embellie quelque part, il n’y en a pas.

Reformer l’État, certainement. Mais comment?

Entre temps, la facture des taxes scolaires est arrivée. Elle a augmenté de beaucoup par rapport à celle de l’année dernière. Sans mot dire (enfin si, j’ai pesté un peu), j’ai envoyé le chèque. J’imagine que je ne suis pas la seule dans cette situation. Et devinez quoi? Je suis toujours à la recherche d’un médecin de famille.

Voilà quinze ans que je cherche, je vais bien finir par trouver. Je sais bien que la patience est une vertu mais je n’ai point l’âme d’une vertueuse.

J’entends bien qu’il faille faire des efforts et réformer l’État; on vit plus vieux et on travaille moins longtemps, mais comment peut-on être sûr que c’est la bonne voie, celle empruntée par le gouvernement actuel?

Comment penser redresser les finances publiques sans même avoir complétement assaini la nébuleuse de la corruption?

Des milliers de dollars sont parti au vent. À la commission Charbonneau, un nom est revenu sans arrêt, celui de Marc Bibeau, l’argentier du Parti libéral du Québec.

Ce monsieur-là, qui aurait tant de choses à nous apprendre, n’a même pas été convoqué par la Commission Charbonneau.

Pourquoi? Qui veut-on protéger? Dans quel but?

Les compressions n’ont de sens que si l’effort est « équitablement » partagé. Or, on se rend bien compte que le système en place crée une catégorie d’ «intouchables » et une autre de « gloutons ».

Disons qu’avec un ministre de l’Éducation qui s’en est mis plein les poches en profitant des largesses d’un système taillé sur mesure pour lui, je doute que l’effort ait un sens pour Bolduc. Ce dernier a entaché la valeur du mot travail et a dévalué celle du mot mérite. Deux concepts qui sont pourtant au cœur de toute réforme, de quelque nature qu’elle soit.

Nous sommes les dindons de la farce!

La première des responsabilités pour ceux qui sont en charge des affaires publiques est d’établir la confiance en prêchant par l’exemple.

On en est loin.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé