par Martin Pelchat - L'ex-ministre libéral de la Justice Marc Bellemare appelle à l'élection d'un gouvernement minoritaire au Québec. Un moyen pour la population de s'assurer que le prochain gouvernement ne reniera pas des engagements comme celui de Jean Charest lors du présent mandat, estime-t-il.
«Si on avait eu un gouvernement minoritaire, si Mario Dumont était rentré avec 10 ou 12 députés et avait détenu la balance du pouvoir, je vous le garantis qu'on l'aurait faite, la réingénierie de l'État, dit-il en entrevue au Soleil. C'est la survie du gouvernement qui en aurait dépendu. Nos engagements étaient clairs.» Et les fameuses baisses d'impôts reposaient sur cette réingénierie, rappelle-t-il.
«Je comprends que les électeurs soient cyniques par rapport aux politiciens. Et je partage ce cynisme plus que jamais, parce que j'ai vécu ce que c'était. Les gens pensent que les partis politiques ne respectent pas leurs engagements, qu'ils promettent n'importe quoi. Qu'ils travaillent juste pour leur réélection. C'est absolument fondé. Je l'ai vu de mes yeux vu à de multiples reprises.»
«Trois ans où on renie nos promesses et un an de candies«, lance-t-il en évoquant les milliards de dollars en annonces des libéraux ces derniers mois. «On n'en avait pas, d'argent. D'où vient l'argent ?»
Réingénierie, baisses d'impôts, réforme des tribunaux administratifs, amendement au no fault, création d'un ordre des enseignants, droit au logement dans la Charte, affichage obligatoire des OGM, réforme électorale, maintien du coût des garderies à 5 $ : autant d'engagements libéraux qui n'ont pas été respectés, souligne l'ex-ministre, qui a démissionné en avril 2004, un an après son élection, déçu de voir abandonnées les réformes qui l'avaient amené en politique. Il a tenté en vain en 2005 de se faire élire à la mairie de Québec.
Il revient au citoyen de faire comprendre aux élus qu'il est intolérant par rapport aux promesses non tenues, juge Me Bellemare. «Il faut que les Québécois envoient un message. Si tu veux vraiment changer les choses au Québec dans cette élection-ci, est-ce que tu donnes un mandat majoritaire à Charest ou à Boisclair ? J'ai l'impression qu'on répéterait encore un peu ce chèque en blanc : «Fais ce que tu veux.»«
C'est aussi un gouvernement majoritaire, celui-là péquiste, qui a imposé des fusions municipales sans en avoir obtenu le mandat pendant la campagne de 1998, remarque-t-il.
L'expérience des deux derniers gouvernements minoritaires fédéraux donne à réfléchir, poursuit l'avocat. «J'ai l'impression qu'ils marchent les fesses serrées. Il y a comme un rappel : quand on décide que tu t'en vas...»
Candidats-vedettes
Marc Bellemare observe également avec scepticisme, depuis quelques jours, les annonces de candidatures-vedettes par Jean Charest. Cette semaine, c'était au tour de poids lourds du milieu économique, Pierre Arcand et Nicole Ménard, de même que de Marguerite Blais et de la journaliste Christine St-Pierre.
«Qu'est-ce qu'il leur a promis ? Je ne le sais pas. Mais je pense que la consigne, c'est de recruter des candidats qui amènent prestige et crédibilité dans le but d'être réélu. Pour obtenir cette réélection, on est prêts à tout : sacrifier des réputations, des crédibilités, des engagements.
«Je pense qu'aujourd'hui, on a peut-être besoin d'un peu moins de compétence mais d'un peu plus de courage politique, ajoute Marc Bellemare. On peut peut-être troquer un diplôme et un beau CV de temps en temps pour quelqu'un qui va avoir le guts de livrer.»
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